Espagne : les indépendantistes catalans essuient leur première défaite en 12 ans
Les indépendantistes catalans ont perdu les élections régionales pour la première fois en plus de dix ans. Dimanche 12 mai 2024, ce sont les socialistes qui sont arrivés en tête. Le Parti Populaire est, lui, en forte progression.
«Les Catalans ont décidé d'ouvrir une nouvelle étape en Catalogne» : à la tribune, le chef de file de la gauche socialiste catalane, Salvador Illa n’a pas caché sa satisfaction après la victoire de son parti lors du scrutin régional, le 12 mai au soir.
Les forces indépendantistes catalanes connaissent de leur côté un large reflux dans ce qui s’apparente à une reconfiguration politique de la région. La participation au scrutin s’élève seulement à 55%.
El #12M, els catalans i les catalanes hem decidit obrir una nova etapa a Catalunya per a tots i totes. Pensin el que pensin, parlin la llengua que parlin, visquin on visquin i vinguin d’on vinguin. Cap català quedarà fora d'aquesta nova etapa que avui obrim. pic.twitter.com/YRc0xuXhRY
— Salvador Illa Roca/❤️ (@salvadorilla) May 12, 2024
Les indépendantistes perdent la majorité
Avec seulement 59 élus pour 135 sièges, l’ensemble des partis indépendantistes catalans connaît sa première mise en minorité depuis le scrutin de 2012. Le parti indépendantiste de Carles Puigdemont, Junts, a néanmoins progressé remportant 3 sièges supplémentaires pour un total de 35 élus, mais ses partenaires de la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC) se sont effondrés en perdant 13 sièges, ne disposant plus que de 20 élus. Le président de cette formation Pere Aragones a reconnu avoir «obtenu quelques mauvais résultats» mais s’est montré plutôt optimiste affirmant vouloir continuer le «projet de la Gauche Républicaine de Catalogne».
Le parti autonomiste de gauche «Candidature d’unité populaire» a quant à lui perdu quatre sièges portant son total à cinq, et sa candidate Laïa Estrada s’est montrée beaucoup plus inquiète sur l’issue du scrutin évoquant des «perspectives qui sont plus qu’inquiétantes, avec un Parlement plus à droite et pro-espagnol que jamais». «De notre côté, nous continuerons à lutter pour les droits sociaux et nationaux de notre peuple !», a-t-elle prévenu.
Acabo de posar una reclamació a @salutcat després que m'hagi atès una de les millors ginecòlogues que m'ha visitat mai. Per què?
— Laia Estrada (@EstradaLaia) March 18, 2024
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Quelle alliance pour diriger la Catalogne ?
Arrivé en tête, le Parti socialiste de Catalogne devra trouver des partenaires pour former une majorité. Une coalition pour laquelle il devra se tourner vers les indépendantistes. En effet, le scrutin proportionnel à un tour ne permet pas, en pratique, à un parti seul de disposer de la majorité absolue.
Or, la première force indépendantiste lui a déjà tourné le dos. En effet le parti Junts de Carles Puigdemont n’envisage pas d'alliance avec un parti non-indépendantiste. En exil depuis sa déclaration visant à entraîner l'indépendance de la Catalogne en 2017, le chef de file de cette formation a affirmé pendant la soirée électorale : «nous sommes disposés à en former une nouvelle, nettement catalane». Des propos confirmés le lendemain depuis Argelès-sur-Mer, dans le sud de la France, lors d’une conférence de presse durant laquelle il a annoncé qu'il présenterait sa candidature pour former un gouvernement minoritaire regroupant les partis séparatistes. Une démarche qui sera compliquée puisque son parti avait rompu en 2022 son alliance avec la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC).
Pour former un gouvernement, les socialistes devront donc se tourner vers les indépendantistes d’ERC et du parti Comuns, perspective à laquelle le chef de file de ce dernier parti, Jéssica Albiach, a déjà ouvert la voie dimanche soir en affirmant : « nous travaillerons pour rendre possible le gouvernement progressiste que la Catalogne mérite ». Avec ces deux formations, Salvador Illa pourrait disposer d’une majorité.