Les livraisons d’armes à l’Ukraine insuffisantes ? Les États européens visés par un audit de Bruxelles
Bruxelles a lancé un audit sur les quantités d’armements que les États membres ont fourni à Kiev depuis le début de l’offensive russe, révèle ce 16 janvier le Financial Times. Un contrôle qui fait suite aux récriminations de Berlin, estimant que certains États auraient les moyens d’en faire plus. Seraient notamment ciblés Paris et Rome.
Les capitales européennes ont-elles vraiment aidé militairement Kiev à la mesure de leurs moyens ? Telle est la question à laquelle tenterait de répondre la Commission Von der Leyen, à en croire le Financial Times (FT). Ce 16 janvier, le quotidien économique révèle que Bruxelles a lancé un audit de ses États membres.
Selon le FT, qui cite trois diplomates de l'UE, c’est le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) qui serait à la manœuvre. «L'audit s'appuiera sur les soumissions des États membres en réponse aux demandes du SEAE, qui s'est déjà heurté à la résistance de certains pays réticents à fournir des données complètes, selon l'un des diplomates», précise le média britannique.
Ce contrôle, lancé à l’échelle des 27, intervient en «réponse aux allégations selon lesquelles certaines capitales n'auraient pas réussi à en envoyer autant qu'elles le pouvaient», précise le média britannique.
La France et l'Italie ciblées, selon le Financial Times
Allégations venues tout droit de Berlin. «La décision de réaliser cet audit fait suite à une demande formulée la semaine dernière par le chancelier allemand Olaf Scholz», ce dernier souhaitant que «les livraisons militaires des pays à Kiev soient comptabilisées et comparées», relate le FT, citant des propos du chancelier allemand.
«Les livraisons d’armes à l’Ukraine prévues jusqu’à présent par la majorité des États membres de l’UE sont trop faibles», a regretté Olaf Scholz, le 8 janvier, à l’issue d’une rencontre à Berlin avec le Premier ministre luxembourgeois Luc Frieden. «Nous avons besoin d'un aperçu aussi précis que possible de la contribution concrète que nos partenaires européens apporteront cette année pour soutenir l'Ukraine», a-t-il ajouté.
Des remarques qui «ont été interprétées comme une réprimande à l'égard d'autres grands États de l'UE, tels que la France et l'Italie, dont les engagements militaires sont bien moindres», développe le FT. Néanmoins, poursuit le média britannique, cet «appel public à une plus grande transparence a été soutenu en privé par de hauts responsables à Bruxelles qui estiment que certains États pourraient fournir davantage d'armes à Kiev à un moment critique du conflit».
L’aide à Kiev en chute de 90% sur un an, souligne Bloomberg
Pour l'heure, l’Allemagne caracole en tête des contributeurs européens à l’effort de guerre ukrainien, rappelle le Financial Times, qui cite les chiffres du Kiel Institute. Selon le décompte tenu par ce think tank allemand, Berlin a fourni plus de 17,1 milliards d’euros d’aide militaire à Kiev au 31 octobre 2023. Début décembre, toujours selon les données du Kiel Institute, l’agence américaine Bloomberg avait souligné que l’aide occidentale au régime de Kiev avait chuté de 90% entre août et octobre 2023, par rapport à la même période un an plus tôt.
L’audit lancé par les services de Josep Borrell, dont les résultats doivent être présentés aux différents États membres avant un sommet prévu le 1er février, intervient également à l’heure où le soutien de Washington s’amenuise. Le 11 janvier, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche avait confirmé que la présidence américaine avait épuisé ses fonds propres. Fonds dans lesquels elle avait puisé afin de maintenir une aide à Kiev, en l’absence d’enveloppe votée par le Congrès.
Fin décembre, les parlementaires américains avaient rejeté une enveloppe d’aide militaire de plus de 106 milliards de dollars réclamée avec insistance par le président Biden, comprenant 61 milliards pour l'Ukraine. Quelques jours plus tôt, en Europe, les 27 n’étaient pas parvenus à s’entendre sur une aide de 50 milliards d’euros à Kiev. Une aide à laquelle le Premier ministre hongrois a mis son veto.