Maïdan, dix ans après : «Jamais un coup d'Etat n'a été considéré comme une fête», estime Peskov
A l'occasion du dixième anniversaire du Maïdan, le porte-parole du Kremlin a condamné les propos de ceux qui en Europe célèbrent un «coup d'Etat». Dmitri Peskov a également fustigé l'hostilité de Kiev à l'égard de ses citoyens russes.
«Il y a eu un coup d'Etat, le pouvoir légitime a été renversé, et ce malgré les garanties auxquelles s'étaient engagés les Etats européens», a déclaré dans une interview publiée le 26 novembre Dmitri Peskov, à l'occasion du dixième anniversaire de la révolution du Maïdan en Ukraine. Il s'exprimait au micro de Pavel Zaroubine, de la chaîne Rossia 1.
Pour mémoire, le 21 novembre 2013, Kiev annonçait ajourner la signature de l’accord d’association entre l'Ukraine et l'Union européenne, pour se tourner de nouveau vers la Russie. Le soir même, des milliers de manifestants et d'activistes pro-occidentaux envahissaient la place de l’Indépendance à Kiev, menant en février à la chute du gouvernement. Un dixième anniversaire que les dirigeants européens et ukrainiens ont célébré.
«La première contre-offensive», selon Zelensky
«Dix ans de dignité. Dix ans de fierté. Dix ans d'efforts pour gagner sa liberté», se réjouissait, dans un message vidéo posté le 21 novembre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. «Une nation entière avait investi les rues, scandant d'une seule voix : l'Ukraine appartient à l'Europe», ajoutait la haute fonctionnaire bruxelloise.
S'adressant au «peuple ukrainien, peuple européen», le président ukrainien a quant à lui donné dans la même veine pour célébrer l'événement. Il a souligné que cette fête, instituée en l'honneur de «deux révolutions, 2004 et 2014», marquait le jour de la «Dignité» et de la «Liberté». «Il y a dix ans, nous avons ouvert une nouvelle page de lutte. Il y a dix ans, les Ukrainiens ont lancé leur première contre-offensive contre l'arbitraire et la volonté de nous priver d'un avenir européen», a-t-il ajouté.
Pour Stefantchouk, «il n'y a pas de minorité russe»
«En Ukraine, cela a provoqué un renouveau tout d'abord ultra-nationaliste puis de sensibilité ouvertement nazie qui a permis à ce régime de s'implanter à Kiev», a déploré Dmitri Peskov, précisant que «ce dernier s'est avéré dangereux pour nous et pour une partie de son peuple, c'est-à-dire les Russes, et les tragédies auxquelles nous assistons chaque jour en Ukraine se poursuivent».
Interrogé par la suite sur la réaction des dirigeants occidentaux si un semblable coup d'Etat se produisait dans leur pays, le porte-parole du Kremlin a estimé qu'«ils ne s'en réjouiraient pas», considérant qu'«un populisme inconséquent était aujourd'hui à la mode en Europe» et que cela ne mènerait à «rien de bon».
Enfin, il a réagi aux propos du président de la Rada ukrainienne, Rouslane Stefantchouk, qui affirmait le 20 novembre qu'«il n'y a pas de minorité russe en Ukraine à l'heure actuelle et il ne peut y en avoir». Dmitri Peskov a jugé ces propos révélateurs de l'«essence» du gouvernement ukrainien actuel, justifiant selon lui l'emploi du vocable «régime» de Kiev par les dirigeants russes.