Bulgarie : l'ambassadeur à Moscou convoqué après l'expulsion de prêtres russes
Ce 25 septembre, le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur bulgare suite à l'expulsion de prêtres russes d'une église de Sofia. Trois jours plus tôt, des dizaines de fidèles avaient organisé un rassemblement de soutien.
L'ambassadeur de Bulgarie à Moscou, Atanas Krystin, a été convoqué ce 25 septembre au ministère russe des Affaires étrangères pour lui signifier la «vive protestation» de Moscou suite à l'expulsion, «sous un prétexte inventé, de manière vexatoire et à l'encontre de tout respect dû au sacré», de trois prêtres de l'Eglise russe orthodoxe de Sofia, un prieur et ses deux assistants. Ils étaient accusés d'espionnage.
Le 23 septembre, quelques dizaines de fidèles bulgares s'étaient rassemblés en signe de soutien devant l'église Saint-Nicolas, desservie par ces trois prêtres et appelée l'«église russe». Elle avait été fermée à la suite de leur départ. Les manifestants ont dansé près de l'église fermée, déposé des fleurs et allumé des bougies.
Une «tentative d'imposer aux Bulgares une image extrêmement négative de la Russie»
Le communiqué du ministère souligne que «cette énième provocation des autorités bulgares s'inscrit parfaitement dans la politique euro-atlantique de "lutte contre l'influence russe"». Elle «sera nécessairement suivie de conséquences regrettables, avant tout pour ses instigateurs», poursuit-il.
Un diagnostic qui suit les propos tenus par l'ambassadrice russe à Sofia, Eleonora Mitrofanova, dans un entretien daté du 29 août au micro de l'agence TASS. Celle-ci expliquait que les relations russo-bulgares étaient «au plus bas depuis la période post-soviétique». «La Russie est accusée de tous les maux qui touchent le pays», déplorait-elle, malgré toute «l'influence positive de nos concitoyens sur ce pays, à commencer par le patrimoine immobilier qu'ils possèdent ou les importations de gaz».
Le ministère russe des Affaires étrangères s'est toutefois dit confiant dans «l'échec programmé des desseins [des autorités] visant à compromettre les liens spirituels multiséculaires et les traditionnels liens d'amitié existant entre la Russie et la Bulgarie».
La Bulgarie traverse une crise politique profonde, divisée entre l'Occident et le monde russe. A l'issue d'un scrutin législatif tenu début avril – le cinquième en deux ans –, un gouvernement de coalition pro-occidental a été élu. Plusieurs manifestations ont été organisées depuis le printemps pour réclamer la neutralité du pays. De surcroît, début juillet, le président Roumen Radev a fermement rappelé à son homologue ukrainien le refus de la Bulgarie de fournir des armes à Kiev. Le chef d’Etat bulgare a plaidé pour une résolution politique du conflit.