Un candidat à l'élection présidentielle équatorienne assassiné par balles à la fin d'un meeting
- Avec AFP
Le candidat à la présidentielle en Equateur Fernando Villavicencio, deuxième dans les sondages, a été assassiné par balles à la fin d'un meeting électoral le 9 août au soir à Quito, a annoncé le président équatorien Guillermo Lasso.
En Equateur, les proches et les partisans du candidat à la présidentielle Fernando Villavicencio, fauché le 9 août par une rafale de balles, sont atterrés mais aussi en colère. «Nous vivons un film d'horreur, avec des fusils-mitrailleurs qui ont tiré 30 ou 40 balles, nous avons vu tomber les blessés, je sais qu'il y a plusieurs morts et malheureusement l'assassinat de Fernando», a déclaré à la presse Galo Valencia, l'oncle du candidat.
Dans la salle du nord de Quito où Fernando Villavicencio, 59 ans, venait de tenir un meeting, ses partisans se sont couchés par terre pour se protéger des balles ou se sont enfuis en courant. Au sol, des traces de sang demeurent.
Un policier blessé a été secouru dans la rue par plusieurs personnes et un des assaillants a été abattu par la sécurité.
«Fernando, le brave. Fernando vivra pour toujours», scandent, consternés, les partisans du candidat, l'un des favoris pour la présidentielle, journaliste connu pour sa dénonciation de la corruption et en particulier de celle du gouvernement de l'ex-président de gauche Rafael Correa (2007-2017).
«Correa, criminel !», crient-ils encore au passage d'un véhicule de la médecine légale devant la clinique, fortement gardée par la police, où arrivent des proches du candidat assassiné. Ses partisans ont réclamé «justice», avec des affiches à son effigie pour la présidentielle, jusque dans la province de Chimborazo (sud) d'où il était originaire.
«Où était la police ?»
Journaliste, le centriste Fernando Villavicencio avait contribué dans une enquête à mettre au jour un vaste réseau de corruption impliquant Rafael Correa, condamné par contumace à huit ans de prison et réfugié en Belgique.
Celui que ses partisans avaient surnommé «Don Villa» briguait la présidence de son pays pour la première fois. Il faisait partie des huit candidats en lice pour le premier tour le 20 août de cette élection provoquée par la dissolution de l'Assemblée en mai à l'initiative du président Guillermo Lasso.
Il se classait deuxième en intentions de vote avec environ 13%, selon les derniers sondages de l'institut Cedatos, derrière l'avocate Luisa Gonzalez (26,6%), proche de Correa.
La semaine précédant sa mort, le candidat avait fait état par deux fois de menaces contre lui et son équipe de campagne, prétendument adressées par le chef d'une bande criminelle liée au narcotrafic actuellement en prison. Il était sous protection policière.
«Malgré les nouvelles menaces, nous continuerons de lutter pour les braves gens de notre Equateur», avait alors écrit l'ex-député sur X (e-Twitter), précisant avoir reçu une «menace gravissime» d'«Alias Fito», leader de la bande «Los Choneros». «Nous avons organisé les meetings en général dans des sites fermés, précisément en raison du danger que courait» le candidat, a confié à la presse son ami Carlos Figueroa, qui avait passé un bon moment avec lui terré dans la forêt amazonienne après une condamnation à 18 mois de prison pour injure envers Rafael Correa.
L'attaque, qui a fait neuf blessés, dont une candidate à l'Assemblée et deux policiers, est survenue alors que Fernando Villavicencio se dirigeait vers sa voiture. «Dans les 30 secondes après qu'il a passé la porte, les tirs ont commencé, il y a eu beaucoup de tirs», a raconté Carlos Figueroa, évoquant une «embuscade».
Galo Valencia, lui, s'en prend à l'organisation de la sécurité pour son neveu. «Nous ne comprenons pas où était la police, où se trouvait la protection policière», s'indigne-t-il. Il redoute d'autres victimes car la police a fait sauter un engin explosif posé dans la zone de l'attentat.
Après la mort de Fernando Villavicencio, Luisa Gonzalez, le leader indigène de gauche Yaku Perez (troisième dans les sondages avec 12,5% des intentions de vote), l'ancien vice-président de droite Otto Sonnenholzner (4e à 7,5%) et Jan Topic (droite, 6e à 4,4%), ont annoncé la suspension de leur campagne.
Le décès de Fernando Villavicencio ne devrait pas entraîner le report de l'élection, a affirmé le constitutionnaliste Ismael Quintana sur X, expliquant qu'il appartenait à l'organisation politique de le remplacer par un autre candidat.