Eurovision : polémique en Angleterre après le refus d'une allocution de Volodymyr Zelensky
- Avec AFP
Avant de laisser la place à l'extravagance et aux paillettes, l'Eurovision s'est retrouvée prise dans une polémique en raison du refus opposé à Volodymyr Zelensky, qui voulait s'exprimer lors de la finale du 13 mai.
«La requête de M. Zelensky de s'adresser au public du concours Eurovision de la chanson, bien que faite avec des intentions louables, ne peut à regret être acceptée car cela briserait les règles de l'événement», a déclaré l'European Broadcasting Union (EBU).
Faute de pouvoir organiser le concours, règne de la pop et du kitsch, malgré sa victoire l'an dernier, l'Ukraine avait délégué l'organisation à son dauphin, le Royaume-Uni. Le show est donc attendu à Liverpool (nord-ouest de l'Angleterre).
L'EBU, organisation des diffuseurs qui propose le concours, a expliqué avoir rejeté sa demande au nom de «la nature non politique de l'événement» : «Ce principe interdit les déclarations politiques ou assimilées durant le concours», a déclaré l'EBU dans un communiqué.
Paradoxalement, l'EBU a fait valoir que même sans message de Volodymyr Zelensky, le concours prévoit un hommage appuyé à l'Ukraine durant la finale du 13 mai, avec la présence de 11 artistes ukrainiens sur scène, dont Kalush Orchestra, le gagnant de l'an dernier.
Des clips vidéo diffusés durant la soirée donneront à voir différents endroits du pays et les couleurs bleu et jaune du drapeau ukrainien devraient flotter en masse dans la salle.
«Ce n'est assurément pas un spectacle britannique. Il a lieu au Royaume-Uni, mais nous nous tenons aux côtés de l'Ukraine», a aussi défendu Tim Routledge, responsable des lumières du concours dans le journal Metro.
Le Premier ministre britannique se dit «déçu»
«Les valeurs et libertés pour lesquelles le président Zelensky et le peuple ukrainien se battent en Ukraine ne sont pas politiques, mais fondamentales», a argué un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak, affirmant que le gouvernement était «déçu» par cette décision. Downing Street a noté que les organisateurs de l'Eurovision avaient décidé eux-mêmes l'an dernier d'exclure la Russie du concours.
Des parlementaires britanniques ont par ailleurs fait part de leur inquiétude sur d'éventuelles cyberattaques de pirates prorusses durant l'événement, comme celles qui leur ont été attribuées l'an dernier.
L'ex-Premier ministre Boris Johnson, qui s'est rendu souvent en Ukraine, y compris depuis son départ de Downing Street, a également critiqué la décision de l'EBU : «La seule raison pour laquelle le concours n'est pas organisé en Ukraine, c'est la guerre illégale de Poutine.»
Dans un entretien à la BBC cette semaine, Volodymyr Zelensky avait affirmé que malgré le «grand respect» qu'il avait pour le Royaume-Uni, il aurait préféré que le concours soit organisé cette année par un pays partageant une frontière avec l'Ukraine.
La finale de cette 67e édition du concours verra s'affronter 26 pays, dont l'Ukraine et les cinq principaux Etats contributeurs financiers au concours (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni), qualifiés d'office. Le 11 mai, lors de la deuxième demi-finale, dix derniers pays ont décroché leur ticket pour la finale, dont la Belgique, la Pologne et l'Australie. La France, qui n'a plus remporté le concours depuis Marie Myriam en 1977, est représentée par la Québécoise La Zarra avec la chanson Evidemment. Les bookmakers la classent dans le top 5 des favoris derrière la Suède, la Finlande et l'Ukraine. La Belgique, Israël et l'Espagne sont aussi cités parmi les favoris.