Les combats font rage au Soudan malgré une énième trêve et la menace de sanctions américaines
Les affrontements entre l'armée et les paramilitaires reprennent malgré une nouvelle tentative de trêve. L'ONU s'inquiète de la propagation du conflit. Des combats ont également eu lieu dans plusieurs villes du pays, au Darfour et à Port-Soudan.
Malgré la trêve, les combats ont repris ce 5 mai au Soudan entre l'armée et les paramilitaires. Pour tenter d'apaiser la situation, Washington a agité la menace de sanctions.
Depuis maintenant trois semaines, la capitale soudanaise est le théâtre d'affrontements militaires entre l'armée, sous le commandement du général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti». Depuis le 15 avril, les combats ont fait plus de 700 morts, rapporte l'ONG ACLED.
Washington menace de sanctionner
Joe Biden, qui appelle au calme depuis le début du conflit, a laissé sous-entendre que Washington pourrait prendre des mesures coercitives contre «les individus qui menacent la paix», sans toutefois nommer personne.
Les correspondants de RT ont pu se rendre dans la région. La ville de Geneina, dans l’État du Darfour-Occidental, se délabre à la suite d'affrontements entre tribus rivales qui ont débuté le mois dernier. Selon les médias locaux, les militants ont pillé et incendié des abris humanitaires, des marchés, des bâtiments gouvernementaux et le siège du Croissant-Rouge soudanais. Des hommes armés, qui appartiendraient au groupe ethnique masalit, ont saisi plus de 5 000 armes dans l'arsenal du chef de police de Geneina.
Depuis l'évincement des civils du pouvoir après le putsch de 2021, les militaires se partageaient le pouvoir. Mais le divorce entre les deux hommes forts du pays a été consommé au sujet de l'intégration des FSR au sein de l'armée.
Depuis, chaque belligérant campe sur ses positions. D'ailleurs, selon Avril Haines, directrice du renseignement américain, «les deux camps pensent pouvoir l'emporter militairement et ont peu de raisons de venir à la table des négociations».
Pour l'heure, les combats ont fait plus de 5 000 blessés, déplacé au moins 335 000 personnes et poussé 115 000 autres à l'exil, selon l'ONU, qui réclame 402 millions d'euros pour aider le pays, l'un des plus pauvres au monde.
«Plus de 50 000 personnes» s'étaient enfuies le 3 mai vers l'Egypte, selon l'ONU, «plus de 11 000» vers l'Ethiopie et «30 000 vers le Tchad».
Le patron de l'ONU Antonio Guterres a jugé «absolument essentiel» que la crise ne déborde pas des frontières.
Vers une médiation arabe ?
Au Darfour, région limitrophe du Tchad ravagée par un conflit sanglant dans les années 2000, l'ONU rapporte que des civils ont été armés pour participer aux affrontements.
Des sources locales indiquent également que des combats ont eu lieu à El-Obeid, à 300 km au sud de la capitale. Le conflit ne serait donc pas uniquement localisé à Khartoum. De surcroît, la ville côtière de Port-Soudan, où transite l'aide humanitaire, a été pillée par des groupes armés.
Les ministres des Affaires étrangères des pays arabes vont se rassembler le 7 mai prochain pour tenter de trouver une solution pacifique au conflit.
L'armée s'est engagée à «nommer un émissaire pour négocier une trêve» avec le camp rival, sous l'égide «des présidents sud-soudanais, kényan et djiboutien», dans un pays qui doit encore être déterminé. Les FSR, eux, disent avoir seulement accepté trois jours de trêve – et non une semaine – et parler avec une longue liste de pays et d'organisations.