Ukraine et livraisons d’armes : le président suisse dénonce une «frénésie guerrière»
- Avec AFP
Dans une interview à la presse germanophone, le président suisse Alain Berset a réitéré l’opposition de Berne à l’envoi d’armes helvètes en Ukraine. La Suisse avait jusque-là adopté l’ensemble des sanctions européennes prises contre Moscou.
«Je ressens une frénésie guerrière dans certains milieux», s'est alarmé Alain Berset, président de la Confédération suisse, dans une interview accordée à la NZZ am Sontag et publiée le 11 mars. «Et je suis très inquiet à ce sujet, car ce sentiment repose sur une vision à court terme», a poursuivi le responsable politique helvète.
«Les armes suisses ne doivent pas être utilisées dans des guerres», réaffirme le socialiste fribourgeois, soulignant que la position du Conseil fédéral était très claire en la matière. «Je comprends et je respecte le fait que d'autres pays aient une autre position», dit le président de la Confédération. «Mais la position suisse doit également être respectée».
«Dire simplement, maintenant, que la situation est différente, que la Suisse doit tout changer sans tenir compte de la base légale, ce n'est pas possible», a-t-il tranché. Le débat sur la neutralité agite la Suisse depuis l'intervention russe en Ukraine fin février 2022.
Neutralité suisse : «Nous ne pouvons pas faire d'exception»
Le pays alpin – qui ne fait pas partie de l'Union européenne – a adopté toutes les sanctions prises par Bruxelles contre Moscou, estimant que ces sanctions étaient compatibles avec sa neutralité. En revanche, son gouvernement reste inflexible sur la neutralité historique du pays.
Bien que pressé par Kiev et ses alliés occidentaux d'autoriser la réexportation d'armes et de munitions suisses vers Kiev, Berne a jusqu'à présent balayé les demandes de l'Allemagne, de l'Espagne et du Danemark. Diverses initiatives sont en cours au Parlement suisse en vue d'assouplir ces règles, mais aucune décision n'est attendue avant plusieurs mois.
En visite le 7 mars à l'ONU, à New York, Alain Berset avait réaffirmé que ce n'était «pas le moment de changer» et que la Suisse ne pouvait «pas faire d'exception», défendant la position traditionnelle «très prudente et modérée» de son pays.