Pérou : six soldats morts noyés en tentant de fuir des manifestants
- Avec AFP
Six soldats se sont noyés, emportés par une rivière, alors qu'ils tentaient de fuir des manifestants antigouvernementaux qui les menaçaient dans la région de Puno, dans le sud du Pérou, a annoncé le ministère de la Défense.
Les corps de six soldats ont été découverts dans les eaux glacées de la rivière Ilave, un affluent du lac Titicaca, à la frontière avec la Bolivie, a indiqué le 6 mars le ministère de la Défense péruvien. Selon l'armée, les soldats tentaient de fuir des manifestants demandant la démission de la présidente Dina Boluarte, qui a remplacé Pedro Castillo après sa destitution en décembre par le Parlement.
La patrouille de militaires se rendait dans la ville de Juli, également située dans la région de Puno, où des affrontements ont éclaté le 4 mars, faisant au moins 16 blessés parmi les civils et les militaires.
Le général Jhony Leon, chef de la région militaire du Sud, a affirmé que ces soldats avaient été attaqués par «la population». «Nous avons traversé la rivière [...] parce que nous n'avions pas d'autre moyen de fuir. Entre 800 et 900 personnes nous ont entourés et ont commencé à nous jeter des pierres [...] Les gens nous traitaient de corrompus et d'assassins», rapporte un soldat emmitouflé dans une couverture dans une vidéo diffusée par le ministère.
Selon son récit, les soldats ont essayé de faire une chaîne humaine mais «le courant [les] a emportés et certains ont commencé à se noyer». Une vidéo du ministère de la Défense montre 15 soldats assis en arc de cercle et enveloppés dans des couvertures en train de faire un rapport à un supérieur.
«Avec la découverte du corps du caporal Carlos Quispe Montalico, les recherches qui ont débuté après ces événements malheureux se concluent, honneur et gloire à notre courageux soldat et à ses cinq camarades», a écrit le ministère de la Défense sur Twitter.
Le Pérou est empêtré dans une grave crise politique et sociale qui a éclaté le 7 décembre avec l'éviction et l'incarcération de l'ancien président de gauche, remplacé par sa vice-présidente. Pedro Castillo, 53 ans, est accusé d'avoir tenté un coup d'Etat en voulant dissoudre l'Assemblée qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.
Sa chute après 17 mois à la tête du pays a déclenché de violentes manifestations qui ont fait 54 morts, en incluant les six soldats, et plus de 1 300 blessés, dont près de la moitié sont des hommes en uniforme, selon le bureau du médiateur. Outre la démission de Dina Boluarte, les protestataires exigent la dissolution du Parlement et la tenue d'élections anticipées en 2023.