Etats-Unis : les démocrates gardent le contrôle du Sénat
- Avec AFP
Le parti démocrate a remporté le siège qui lui manquait pour conserver le contrôle du Sénat des Etats-Unis. Une victoire décisive pour la suite de la présidence de Joe Biden et un échec notable pour son prédécesseur, Donald Trump.
«Je me sens bien et j'attends avec impatience les deux prochaines années» : en marge du sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) depuis Phnom Penh ce 13 novembre, le président américain Joe Biden s'est félicité du fait que son parti conserve le contrôle du Sénat, après la victoire de la sénatrice Catherine Cortez Masto dans l'Etat clé du Nevada.
La sénatrice démocrate sortante a battu de justesse Adam Laxalt, un candidat soutenu par l'ex-président Donald Trump ainsi que par l'influent gouverneur de Floride Ron DeSantis, selon des chaînes de télévision américaines. Sa réélection porte à 50 sur 100 le nombre d'élus démocrates au Sénat, ce qui permet au parti de Joe Biden de garder la main sur la chambre haute du Congrès. En vertu de la Constitution, la vice-présidente Kamala Harris a en effet le pouvoir de départager les sénateurs. Les démocrates pourraient encore gagner un siège dans l'Etat de Géorgie, où un second tour sera organisé le 6 décembre.
Le chef de la majorité démocrate sortante au Sénat, Chuck Schumer, a réagi quelques minutes seulement après l'annonce des résultats, en affirmant qu'ils étaient une «manifestation» des choses accomplies par les démocrates. Selon lui, cela signifie que les Américains ont «judicieusement rejeté la direction antidémocratique, autoritaire, méchante et source de division que les républicains MAGA voulaient donner à [leur] pays», en référence au mouvement «Make America Great Again» de Donald Trump.
Ce dernier a été omniprésent pendant la campagne, des primaires républicaines aux meetings de la dernière ligne droite un peu partout dans le pays. Plus de 100 candidats républicains ayant contesté les résultats de l'élection présidentielle de 2020 se sont fait élire, selon les projections des médias américains, mais certains des poulains de Donald Trump ont échoué.
Portés par une forte inflation, les républicains ont pourtant longtemps cru avoir un boulevard devant eux pour reprendre les deux chambres lors de ce scrutin traditionnellement difficile pour le parti au pouvoir. Les républicains semblent toutefois en mesure de redevenir majoritaires à la Chambre des représentants. Ils devraient s'en servir pour lancer de nombreuses enquêtes parlementaires sur l'administration de Joe Biden, ou ses proches.
Leur victoire s'annonce toutefois nettement plus courte que prévu. La chaîne NBC News projetait le 12 novembre une courte majorité de cinq sièges pour les républicains, avec 220 élus contre 215 pour les démocrates. Près de 20 scrutins n'ont cependant toujours pas donné leur verdict, principalement en Californie.
Mais sans le Sénat, ils ne pourront pas adopter de lois contraires aux objectifs de l'administration démocrate, ni bloquer ses nominations de juges, ambassadeurs et responsables gouvernementaux.
Revers pour Trump
Les résultats décevants des républicains font monter l'agitation parmi leurs élus au Congrès, augurant de possibles règlements de compte. Dans une lettre révélée par Politico, plusieurs sénateurs trumpistes demandent de reporter le vote pour élire leur chef au Sénat prévu la semaine prochaine, semblant défier le ténor Mitch McConnell, qui souhaite être reconduit à ce poste. «Nous sommes tous déçus qu'une "vague rouge" ne se soit pas concrétisée, et il existe plusieurs raisons à cela», écrivent-ils en souhaitant ouvrir un débat à ce sujet.
La fin des illusions républicaines pour le Sénat représente un revers pour Donald Trump, qui pourrait annoncer le 15 novembre qu'il sera candidat à l'élection présidentielle. Piqué par le revers de Blake Masters dans l'Arizona – qui avait reçu son soutien appuyé –, qui s'ajoute à d'autres échecs de ses poulains, le milliardaire républicain a de nouveau dénoncé une «fraude électorale», comme il l'avait fait lors de sa défaite à la présidentielle de 2020.
Même si son influence sur le parti républicain reste indéniable, il sort de fait fragilisé des élections de mi-mandat et semble vouloir agir vite pour couper l'herbe sous le pied de ses rivaux, principalement du gouverneur de Floride Ron DeSantis, réélu triomphalement et nouvelle star du parti.
Son succès n'a pas échappé à Donald Trump, qui a enchaîné cette semaine piques et moqueries contre celui qu'il surnomme «Ron-la-Morale». Et, hasard du calendrier ou non, le 15 novembre sera aussi le jour de la sortie des mémoires d'un autre concurrent possible de Donald Trump, son ancien vice-président Mike Pence.