La Chine finalise l'assemblage de sa station spatiale : un projet qui remonte au début des années 90
La Chine a finalisé l'assemblage en orbite de sa station spatiale qui, selon son appellation chinoise ou anglophone, répond au nom de Tiangong 3 ou Chinese space station (CSS). Enième prouesse qui témoigne de son ascension dans le domaine spatial.
Le 1er novembre, la Chine a procédé avec succès à l'amarrage du laboratoire Mengtian (qu'on peut traduire en français par «Rêve des cieux») à sa station spatiale Tiangong 3 – Chinese space station (CSS) pour sa version anglophone –, finalisant ainsi l'assemblage de son «palais céleste», 18 mois après le placement en orbite de son premier module.
Mesurant quasiment 18 mètres de long pour un diamètre légèrement supérieur à 4 mètres, ce cylindre de 23 tonnes avait quitté le sol terrestre le 31 octobre à bord d'une fusée Longue Marche 5B, depuis la base de lancement de Wenchang, dans le sud-est de la Chine. «Le module du laboratoire Mengtian s'est amarré avec succès à la station spatiale chinoise Tiangong», a fait savoir la presse chinoise, vidéo à l'appui, sur les réseaux sociaux.
The Mengtian lab module on Tuesday successfully docked with China's Tiangong space station combination. It will enable more experiments, especially those that only can be done in a microgravity environment. #GLOBALinkpic.twitter.com/t3UQvyuSxO
— China Xinhua News (@XHNews) November 1, 2022
Le module Mengtian est l'un des deux laboratoires scientifiques de la station spatiale chinoise. Il est conçu pour accueillir des expériences liées à la microgravité, la physique des fluides, les sciences des matériaux et de la combustion ou encore la physique fondamentale.
Cool promo video of Mengtian laboratory cabin module, explaining docking details and inner space. Full HD: https://t.co/Uusj1cwG1qpic.twitter.com/VGxkRMZI18
— CNSA Watcher (@CNSAWatcher) November 2, 2022
L'autre laboratoire, qui propose un espace permettant de réaliser des activités similaires, est baptisé Wentian (pour «explorateur céleste») et a été amarré à la station au mois de juillet 2022.
Un projet qui remonte à trois décennies
L'idée même d'une station indépendante appartenant à la Chine remonte aux prémices de la création de l'agence responsable du programme spatial du pays, l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA), qui a vu le jour le 11 avril 1993.
Cette volonté chinoise d'émancipation spatiale a toujours inquiété l'administration américaine, particulièrement préoccupée par le fait de conserver son hégémonie dans ce domaine.
Ainsi, alors que la demande de participation chinoise à l'ISS a été refusée à la fin des années 90, Washington a, en 2011, interdit à la NASA toute collaboration avec la Chine ou une quelconque société chinoise, une telle décision excluant définitivement Pékin des programmes de l'ISS.
Une aventure spatiale qui devrait durer au moins une décennie
La CSS a donc désormais acquis sa forme finale de T, semblable en taille à l'ancienne station russo-soviétique Mir. Sa durée de vie devrait être d'au moins 10 ans. Dans le futur, la station chinoise pourrait également accueillir un module optique Xuntian, «un télescope spatial de classe Hubble qui sera capable de s'amarrer à la station pour l'entretien et les réparations», comme l'explique le site spécialisé spacenews.
D'ici là, Tiangong 3 devrait donner lieu à de multiples coopérations entre la Chine et les pays intéressés par son utilisation.
Pékin a invité dès 2016, via le Bureau des affaires spatiales de l'ONU, les pays membres des Nations unies à utiliser sa future station en respectant les principes suivants : «Utilisation pacifique de l'espace ; égalité dans le partage des résultats obtenus ; développement conjoint.» L'agence spatiale chinoise avait déjà reçu, fin 2018, une quarantaine de propositions émanant de 27 pays.
De façon globale, cette aventure spatiale n'est pas sans rappeler la stratégie du pays en matière de partenariats et d'alliances.
«La Chine exerce clairement sa puissance dans une perspective d'expansion mais en respectant le principe gagnant-gagnant. Il n'est pas question de philanthropie, ce sont les intérêts communs qui prévalent», analysait en mars 2021 pour RT France Bruno Guigue, chercheur en philosophie politique.