Six Palestiniens tués lors d'un raid israélien contre le groupe «La fosse aux lions» à Naplouse
L'armée israélienne a mené une opération armée dans la ville de Naplouse, tuant six Palestiniens et en blessant une vingtaine. Tsahal, qui multiplie les raids en Cisjordanie, doit affronter de nouvelles milices, à l'instar de La fosse aux lions.
La situation reste explosive dans les territoires occupés. Six Palestiniens ont été tués et près d'une vingtaine d'autres blessés dans la matinée du 25 octobre dans des raids des forces israéliennes en Cisjordanie occupée, principalement dans la ville de Naplouse, d'après le ministère palestinien de la Santé. Cette action de grande envergure s'inscrit dans des opérations que Tsahal présente comme «anti-terroristes» et vise différents groupes qui se présentent comme luttant contre l'occupation israélienne.
Le ministère palestinien a fait état dans un premier temps de «trois morts et 19 blessés, dont trois grièvement» à Naplouse. Plus tard, il a ajouté qu'un quatrième Palestinien avait été tué lui aussi par des tirs israéliens à Naplouse et que deux autres Palestiniens avaient été tués à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas dans le centre de la Cisjordanie, et dans le village de Nabi Saleh.
[ 🇮🇱 ISRAEL | 🇵🇸 PALESTINE ]
— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) October 24, 2022
🔸Important échange de coups de feu ce soir à Naplouse alors que l'Armée israélienne annonce conduire une opération dans la ville. pic.twitter.com/YFU2rJzzSd
L'armée israélienne n'a pas commenté ce bilan mais a confirmé avoir mené une vaste opération avec la police contre le «quartier général et un atelier de confection d'armes», du nouveau regroupement de combattants palestiniens nommé La fosse aux lions, à Naplouse. Ce nouveau groupe milicien, non inféodé à des partis traditionnels et donc plus imprévisible, est né ces dernières semaines d'un regroupement de jeunes combattants palestiniens, pour certains affiliés à des groupes connus comme le Fatah, le Hamas ou le Djihad islamique, et pour d'autres apartisans. Ce groupe est en tout cas fédéré autour de la lutte armée contre l'occupation israélienne.
Selon les informations du média libanais Al Mayadeen, l'opération conjointe de Tsahal, du Shin Bet et de l'Unité spéciale de la police de ce 25 octobre aurait consisté en une descente dans un appartement de la vieille ville qui servait de laboratoire pour la fabrication d'engins explosifs.
Dans la matinée du 25 octobre, le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, a déclaré à la radio publique israélienne Kan qu'un des dirigeants de La fosse aux lions, Wadih Al Houh, avait été tué.
الشهيد وديع الحوح محمولاً على الأكتاف بعد ارتقائه متأثراً بإصابته برصاص الاحــتلال خلال اشتباك #نابلس
— رضا ياسين 🇵🇸 (@RedaYasen2021) October 25, 2022
الشهيد حبيب لربه وحبيب لشعبه
وورا الشهيد الف الف مقاوم
وظاهرة #عرين_الأسود ومقاومة الضفة
لن توأد...
هو جهاد.. نصر أو شهادة.. وهما والله حسنيين pic.twitter.com/vrBg9a3vlV
«Ils doivent savoir que nous les atteindront où qu'ils se trouvent, Israël n’arrêtera jamais d'agir pour sa sécurité et nous ferons ce qui doit être fait, le but est de réduire le terrorisme et de s'assurer qu'il ne touche pas les citoyens israéliens», a-t-il commenté.
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, établit de son côté «des contacts urgents afin de mettre fin à cette agression contre [le] peuple [palestinien]», comme l'a déclaré dans un communiqué son porte-parole, Nabil Abou Rudeinah.
Des Palestiniens unis derrière La fosse aux lions
Le nouveau groupe baptisé en arabe Areen al-Oussoud (La fosse aux lions en français), en hommage à Ibrahim al-Nabulsi, un jeune combattant surnommé le «Lion de Naplouse» et abattu début août par les forces israéliennes, avait notamment revendiqué une attaque mortelle contre un soldat israélien il y a deux semaines en Cisjordanie occupée. Le mouvement est particulièrement populaire au sein de la jeunesse, notamment grâce à son usage des réseaux sociaux : les combattants se filment et se mettent en scène pour attirer de nouvelles recrues.
Dans la foulée de l'opération israélienne dans la ville du nord de la Cisjordanie, le nouveau groupe palestinien a appelé au «djihad» contre les «forces d'occupation». «Vous êtes la force, vous êtes l'avenir et vous êtes la vie de la nation. Il est temps que les lions quittent leur tanière... Vivez du djihad» ont-ils lancé dans un communiqué.
Mais ce groupe n'est pas le seul à être actif, puisque le 25 octobre, le Djihad islamique palestinien, milice alliée de l'Iran, a affirmé dans un communiqué que ses «combattants étaient impliqués dans de violents affrontements» avec les forces israéliennes à Naplouse et a menacé Israël de représailles «contre ses crimes» sur place.
Le chef du Bureau politique du Hamas Ismail Haniyeh a quant à lui déclaré : «Les sacrifices de notre peuple ne feront qu'augmenter la révolution en Cisjordanie, et l'occupation regrettera ses crimes.»
Les violences se sont accrues ces derniers mois dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l'Etat hébreu, notamment dans les secteurs de Naplouse et Jénine, bastions de groupes armés où des soldats israéliens ont multiplié les opérations dans la foulée d'attaques anti-israéliennes meurtrières depuis mars.
Ces raids, souvent émaillés de heurts avec la population palestinienne, ont fait plus d'une centaine de morts côté palestinien, soit le bilan le plus lourd en Cisjordanie depuis près de sept ans, selon l'ONU. Depuis le début du mois, 29 Palestiniens et deux soldats israéliens ont été tués, selon un bilan établi par l'AFP.
Dans la foulée, l'armée israélienne a resserré l'étau sur Naplouse, en mettant en place des contrôles pour identifier les personnes qui quittaient cette ville et en surveillant en permanence son ciel avec des drones d'observation.
De surcroît, le Comité de coordination des factions du gouvernorat de Naplouse a décrété une mobilisation générale pour répondre aux raids israéliens.
Par ailleurs, l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a appelé le 25 octobre à une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur de possibles «crimes de guerre» commis par Israël et des combattants palestiniens lors de l'escalade dans la bande de Gaza en août.
Au moins 49 Palestiniens parmi lesquels des combattants mais aussi des civils et des enfants ont péri du 5 au 7 août dans une confrontation entre l'armée israélienne et le groupe Djihad islamique à Gaza, enclave sous blocus israélien depuis 2007 et séparée politiquement et géographiquement de la Cisjordanie.