Le site de la centrale nucléaire de Zaporojié – la plus grande d'Europe – a de nouveau été visée par des frappes le 11 août. Un membre de l'administration installée par la Russie dans cette région, Vladimir Rogov, a expliqué sur Telegram que «les hommes [du président ukrainien] Zelensky [avaient] à nouveau tiré sur la centrale nucléaire de Zaporojié».
«Cinq frappes ont été enregistrées dans les environs du bureau du directeur de la centrale, à côté du site de soudage et de stockage des sources de radiation. Cinq obus sont également tombés dans le secteur de la caserne des pompiers située non loin de la centrale nucléaire de Zaporojié», a-t-il ajouté.
Il a également précisé : «Les attaques contre la centrale nucléaire sont menées au moyen d’un système de lance-roquettes multiples et d’artillerie lourde depuis la rive droite du Dniepr, depuis le territoire de la région de Dniepropetrovsk, et depuis les localités de Nikopol, Marganets et Tomakovka, contrôlées par le régime de Zelensky.»
Un niveau de radioactivité «normal», selon le chef de l’administration militaire et civile de la région
Le chef de l’administration militaire et civile de la région de Zaporojié, Evguéni Balitsky, a, lui, expliqué, toujours sur Telegram, que «des groupes armés ukrainiens poursuiv[ai]ent leurs bombardements de la centrale nucléaire de Zaporojié». «Pour l’instant aucune contamination n’est enregistrée à la centrale, le niveau de radioactivité est normal», a-t-il également fait savoir.
Sur les réseaux sociaux, des images, que RT France n'a pour le moment pas pu authentifier, circulent montrant un panache de fumée se dégager à proximité de la centrale. A ce sujet, Evguéni Balitsky a mis en cause «une rupture de lignes électriques qui a provoqué un incendie dans un champ», ajoutant que les pompiers étaient présents sur place.
De son côté, l'entreprise publique ukrainienne Energoatom a accusé les forces russes. «Cinq nouvelles frappes ont été signalées à proximité directe d'un dépôt de substances radioactives», a-t-elle fait valoir.
Quelques heures plus tard, sur Telegram, l'opérateur ukrainien a ajouté : «La situation s'aggrave, des substances radioactives sont situées à proximité et plusieurs capteurs de radiation ont été endommagés.» Selon la même source, les frappes ont «endommagé la station de pompage des eaux usées. Une fumée importante se dégage à proximité».
Dans son message vidéo quotidien, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant a lui estimé qu'il fallait «chasser les occupants de la centrale de Zaporojié» et que «seuls le retrait total des Russes et la reprise du contrôle total de l'Ukraine sur la centrale garantiraient la sécurité nucléaire pour toute l'Europe».
La semaine dernière, à de multiples reprises, la centrale de Zaporojié avait déjà été visée par des frappes dont Moscou et Kiev s'étaient alors renvoyés la responsabilité. L'armée russe a pris le contrôle d'une partie de la région de Zaporojié dans le cadre de son opération militaire en Ukraine, lancée le 24 février dernier et dénoncée par Kiev et ses alliés occidentaux comme une guerre d'invasion.
L'ONU appelle à cesser les activités militaires dans la zone
Le 4 août, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait prévenu contre un risque de «catastrophe» et avait insisté sur le fait que le site ne devait «pas être utilisé dans le cadre d'opérations militaires». Il avait alors proposé la création d'un «périmètre démilitarisé pour assurer la sécurité de la zone».
Il a réitéré cet appel aux deux parties à s'abstenir d'activités militaires dans la zone, au cours d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU ce 11 août qui a eu lieu sur demande de la Russie.
«Il faut être clair, tout dommage subi par Zaporijjia ou tout autre site nucléaire en Ukraine, ou n'importe où ailleurs, pourrait avoir des conséquences catastrophiques non seulement aux alentours mais pour la région et au-delà. C'est totalement inacceptable», a insisté le secrétaire général de l'ONU.
«L'heure est grave et l'AIEA doit être autorisée à mener sa mission à Zaporijjia aussi vite que possible», a pour sa part déclaré devant cette instance Rafael Grossi, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, pour qui le «temps presse».
Dans sa prise de parole, le représentant russe Vassili Nebenzia a dit espérer que les experts de l'AIEA pourraient visiter la centrale avant la fin du mois d'août. «Les actions criminelles de Kiev contre la centrale nucléaire de Zaporojié poussent le monde au bord d'une catastrophe nucléaire», a-t-il par ailleurs accusé, soulignant que la Russie n'avait «aucune raison» de procéder à de telles frappes.