Notes de frais et accusations de harcèlement : une députée macroniste au cœur d'une polémique

Notes de frais et accusations de harcèlement : une députée macroniste au cœur d'une polémique© Eric FEFERBERG, pool photo Source: AP
La République en marche a investi une députée qui a possiblement plusieurs couacs à son actif (image d'illustration)
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La députée LREM Claire Pitollat est épinglée par une enquête de Marsactu. Elle aurait abusé de son enveloppe d'avance de frais de mandat pour des dépenses personnelles. Son management est aussi dénoncé par plusieurs ex-collaborateurs.

Candidate à sa propre réélection dans les Bouches-du-Rhône, la députée de La République en marche, Claire Pitollat, est au centre de plusieurs controverses, après une enquête de Marsactu publiée chez Mediapart le 20 mai.

Sur le volet financier, ces deux médias affirment que la macroniste a fait l’objet pour l'année 2018 d’un redressement par la déontologue de l’Assemblée nationale. En cause, la multiplication de dépenses irrégulières avec l’argent public. Elle a ainsi dû rembourser des frais à hauteur de 1 494 euros sur l'année 2018. La déontologue de l’Assemblée nationale, Agnès Roblot-Troizier, lui a rappelé dans un courrier «confidentiel», daté du 11 mai 2020, qu’elle «ne pouvait disposer à sa guise de la somme mensuelle de 5 373 euros dédiée à l’avance de frais de mandat (AFM)».

Parmi les paiements épinglés : des dépenses en parfumerie, maquillage, pharmacie ou chez une esthéticienne qui ne relèvent pas de l’AFM. En sus, la déontologue l'aurait sermonnée pour des frais de taxis à hauteur de 9 000 euros sur la seule année 2018 alors que Claire Pitollat exerce principalement son mandat à Paris et Marseille, deux villes disposant d'un réseau de transports publics. La déontologue a noté des courses en taxis «en direction et en provenance d’un lieu de vacances».

«Je n’ai pas de vacances, c’était pour amener mes enfants en vacances puis je suis allée à l’Assemblée. Ces dépenses de taxi sont éligibles et respectent le caractère raisonnable» s'est défendue Pitollat auprès de Marsactu.

Malgré ces remontrances, Mediapart et Marsactu ont noté «de nombreuses lignes de dépense [qui] ne trouvent pas de justificatif adéquat, là où l’Assemblée n’accepte guère qu’elles dépassent les 150 euros par semaine». «Régulièrement, Claire Pitollat accuse des retards de paiement [...] elle admet ainsi "un retard de loyer" pour sa permanence de 15 jours, qui dépasse les 2 000 euros», poursuivent les médias en ligne qui ajoutent : «Des dépenses incompatibles avec l’avance de frais de mandat se sont poursuivies après le contrôle de la déontologue. C’est ainsi que Claire Pitollat a continué d’imputer à l’AFM des frais chez le pharmacien pourtant explicitement exclus par la déontologue.»

19 collaborateurs en cinq ans

Sur le plan humain, Claire Pitollat aurait en cinq ans de mandat procédé à un turnover important dans ses équipes avec 19 collaborateurs. «Sept sont partis volontairement pour poursuivre leur carrière : le poste de collaborateur est un tremplin. Et quatre sont encore avec moi. Si on fait le compte, c’est assez classique», répond-elle à Marsactu. Un représentant syndical des attachés parlementaires n'est pas de son avis : «C’est énorme ! En général, les députés ont trois collaborateurs. Ça veut dire qu’elle a au moins changé d’équipe chaque année. C’est démesuré.»

Une dizaine d'entretiens menés par les journalistes de Marsactu ont abouti à la conclusion que Claire Pitollat aurait fait «subir un management anxiogène à ses attachés parlementaires, dont elle est l’employeur direct». Fait notable, la députée faisait partie des huit membres d’un groupe de travail consacré aux «conditions de travail à l’Assemblée nationale et aux collaborateurs parlementaires». Un groupe qui pointait du doigt les risques psychosociaux liés au métier d'assistant parlementaire.

Une de ses anciennes collaboratrices témoigne : «J'ai été arrêtée pour stress. Elle a fait pleurer plus d’une collaboratrice. On était ses machines, ses esclaves.» Certains évoquent en outre un «harcèlement» et trois d'entre eux auraient été placés en arrêt maladie à cause de la pression mise en place par Claire Pitollat.

Certains de ses collaborateurs prennent sa défense

Un témoignage souligne l'absence de frontière entre la vie politique et privée de la députée : selon Marsactu, certains de ses collaborateurs devaient en effet parfois travailler en compagnie des enfants et des chats de l'élue. Des ex-collaborateurs évoquent leur obligation de garder ses enfants pendant plusieurs heures, d'aller les chercher à l'école, les faire manger ou aller au pressing. Le manque de reconnaissance et l'absence de travail de la députée sont aussi des reproches formulés par les interviewés. L'enquête rappelle que Claire Pitollat fait d'ailleurs partie des 150 députés les moins actifs à l'Assemblée.

Toutefois, Marsactu concède que quelques anciens ou actuels attachés parlementaires, dont des stagiaires, qui ont contacté d'eux-mêmes les journalistes ou ont été joints sur recommandation de la députée, assurent que celle-ci serait «"quelqu’un de très compréhensif", "qui a un engagement sincère", bref, "la best députée ever"». 

Entre le problème financier et de management, une ancienne collaboratrice conclut : «[Claire Pitollat] vient de la société civile et elle reproduit tous les schémas de la vieille politique, c’est terrible.» Elle ajoute que «le parti savait» pour ces mises en cause. Qui n'ont n'a pas empêché La République en marche de valider son investiture pour les législatives de 2022.

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