Comment la crise en Ukraine bouscule la présidentielle française
Emmanuel Macron songerait à repousser son annonce de candidature au tout dernier moment, tandis que sa rivale Marine Le Pen l'a accusé d'avoir «fait de la communication» dans ses pourparlers avec Vladimir Poutine sur l'Ukraine.
La crise en Ukraine vient percuter la campagne présidentielle, alors qu'Emmanuel Macron, pris dans les négociations diplomatiques, n'a toujours pas déclaré sa candidature à un second mandat.
Le président, qui a lui-même conditionné son entrée en campagne à la fin de la crise diplomatique, pourrait repousser l'annonce «au plus près de la date limite fixée par le Conseil constitutionnel le 4 mars 2022», rapporte Ouest-France. Le quotidien local cite l'entourage du chef d'Etat français, qui voudrait montrer qu'il préside «jusqu'au dernier quart d'heure».
Emmanuel Macron avait encore tenté le 20 février au soir de désamorcer la crise, espérant arracher un sommet de désescalade entre le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine. Mais le Kremlin a douché ses espoirs le 21 février au matin.
Du côté de l'opposition, les tentatives de conciliation menées depuis plusieurs jours par Emmanuel Macron pour apaiser les tensions entre Moscou et Kiev ont suscité des réactions contrastées. La candidate du RN Marine Le Pen a accusé le président d'avoir «fait de la communication» dans ses pourparlers avec Vladimir Poutine sur l'Ukraine, et d'avoir «voulu se servir d'un succès diplomatique pour entrer en campagne».
Le bilan navrant de Macron dans cet épisode
«J'ai vu passer des photos d'Emmanuel Macron pas rasé, la tête entre les mains, tout ça est très artistique, mais ce n'est pas sérieux de faire de la communication sur ces sujets-là», a-t-elle déploré sur RTL ce 22 février. «C'est la raison pour laquelle, en raison de cet échec, qu'il repousse son entrée en campagne [...] On s'est même posé la question de savoir s'il était vraiment président de la République dans cette séquence où s'il cherchait à être prix Nobel de la paix», a-t-elle ajouté.
Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a insisté sur «le bilan navrant de Macron dans cet épisode», tout en jugeant la Russie «responsable» de la crise actuelle. Pour sa part, le candidat de droite Eric Zemmour a estimé qu'Emmanuel Macron n'était «pas crédible et pas respecté par Vladimir Poutine», car il représente selon l'ancien journaliste «deux organisations, l'Union européenne et l'OTAN, dont il n'est pas le patron».
#DesCandidatsEtDesJeunes Après son échange avec les jeunes, le candidat @ZemmourEric revient sur la crise Russie-Ukraine : "Le problème c’est qu’Emmanuel Macron n’est pas crédible et pas respecté par Vladimir Poutine". pic.twitter.com/NBk4D6SxRl
— France Inter (@franceinter) February 22, 2022
Le soutien inattendu de Ménard à Macron
Autre son de cloche du côté de l'écologiste Yannick Jadot, qui a demandé à ce qu'Emmanuel Macron «reçoive toutes les candidates et les candidats et les partis représentés pour discuter de la situation en Ukraine».
A l'inverse, la candidate LR Valérie Pécresse a souligné les efforts déployés par le président Macron, tout critiquant son bilan. Selon elle, «on ne peut pas reprocher au président de la République d'avoir tenté de dialoguer avec Poutine mais ce dialogue a été trop tardif et solitaire». Valérie Pécresse estime que le président russe a «manipulé l'Europe» et «instrumentalisé son dialogue avec Macron».
Réduire cela à Emmanuel Macron c'est avoir des visées très nationales
«Macron a fait son job. Simplement, il a été manipulé, instrumentalisé» par Vladimir Poutine, a abondé Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat. Emmanuel Macron a aussi reçu le soutien inattendu de Robert Ménard, proche de Marine Le Pen, qui a dénoncé dans un tweet le «patriotisme de bazar» de ceux qui «passent leur temps» à critiquer le président.
La majorité présidentielle s'est empressée d'aller à la rescousse du président après les critiques de Marine Le Pen, Eric Zemmour et de Jean-Luc Mélenchon. «Réduire cela à Emmanuel Macron c'est avoir des visées très nationales», a rétorqué le président du groupe LREM à l'Assemblée Christophe Castaner, tandis que pour l'ancien ministre François Bayrou, «en réalité, il n'y a que le président de la République française qui ait apporté une résistance» à Poutine.