«Pas de fachos à Bordeaux !» : Bardella privé de débat par des étudiants à Sciences Po
Invité pour un débat à l'IEP de Bordeaux, le président du Rassemblement national a été bloqué par des étudiants et militants scandant des slogans antiracistes. Il a dû rebrousser chemin tout en évoquant «une poignée d'antifas hirsutes».
Comme le rapporte Sud Ouest, la participation de Jordan Bardella à un débat à Sciences Po Bordeaux (Gironde) le 10 février a dû être annulée face à la mobilisation d'étudiants et de militants se revendiquant de gauche, qui ont bloqué l'accès à l’amphithéâtre Montesquieu, dans un climat de tension. Au nombre d'environ 150, les opposants au président du Rassemblement national (RN) ont scandé plusieurs slogans antiracistes, dont «la haine n’est pas une opinion». Face au blocage et après des discussions sans effet, l’administration de l’école a demandé à Jordan Bardella de se rétracter, estimant que les conditions de sécurité n'étaient «pas garanties», relate le quotidien. La vidéo de l'action des opposants a été relayée par SOS Racisme Gironde, ainsi que par l'Union Populaire de Bordeaux sur Twitter. «Bravo à eux ! Pas de fachos à Bordeaux !», a tweeté cette «plateforme de soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon».
Ce matin les étudiants de Sciences Po #Bordeaux ont protesté contre la venue de @J_Bardella qui a finalement renoncé. Bravo à eux ! Pas de fachos à Bordeaux ! ✊✊1/2 pic.twitter.com/EnKZEAMYqh
— L'Union Populaire Bordeaux 🐢🔻 (@BdxUnionPop) February 11, 2022
Le candidat et syndicaliste Anasse Kazib, qui avait tenu un meeting le 24 novembre 2021 dans le même amphithéâtre Montesquieu sans difficultés particulières, a raillé les ennuis du président du RN en comparant les images des deux événements.
Science Po Bordeaux :
— Anasse Kazib (@AnasseKazib) February 11, 2022
J.Bardella A.Kazib pic.twitter.com/JbkJj89153
Sud Ouest précise que la venue de Jordan Bardella était bien prévue pour un débat, organisé par une association étudiante, le «Bureau des médias», et non d'une réunion politique. L'association avait d'ailleurs tenté de désamorcer la tension en amont en prévoyant «une équipe de fact-checking» [vérification des faits] pendant la réunion et prévenu que «tout signe ostentatoire, cris ou perturbations de l'événement [seraient] sanctionnés». Le quotidien régional note que plusieurs étudiants étaient «perplexes face à la stratégie du blocage», la jugeant contre-productive.
Bardella dénonce l'action d'«une poignée d'antifas hirsutes»
«Le blocage et les menaces d'une poignée d'antifas hirsutes empêchent la tenue de ce rendez-vous», a regretté Jordan Bardella sur Twitter. «Que l'extrême-gauche profite : dans 60 jours, nous sifflerons la fin de la récré !», a-t-il ajouté, convaincu de la victoire à venir de son parti. «Il ne s’agissait pas seulement d’étudiants mais aussi de militants professionnels : antifas, black blocs et tout ça au nom de la liberté d’expression», a-t-il ajouté auprès de Sud Ouest.
J'étais invité par les étudiants de Sciences-Po Bordeaux à débattre avec eux cet après-midi. Mais le blocage et les menaces d'une poignée d'antifas hirsutes empêchent la tenue de ce rendez-vous. Que l'extrême-gauche profite : dans 60 jours, nous sifflerons la fin de la récré ! pic.twitter.com/ldUxVYdwYu
— Jordan Bardella (@J_Bardella) February 10, 2022
Grégoire de Fournas, délégué départemental adjoint du RN en Gironde, a quant à lui évoqué un «blocage scandaleux» de l'IEP de Bordeaux, affirmant que «tous les autres partis peuvent s'y exprimer mais pas le premier parti de France !». «Quand Yannick Jadot est venu [le 5 janvier], il n’a pas eu de problème. Cela montre l’impunité dont les antifas bénéficient…», a estimé Jordan Bardella.
Les déplacements de responsables du RN donnent régulièrement lieu à des manifestations hostiles : en déplacement à Brest le 1er février, Marine Le Pen avait été prise à partie par des antifas ; à Marseille, un bus du parti avait été caillassé «par la racaille antifa», selon les termes alors employés par le sénateur Stéphane Ravier.