Fausses informations, complotisme, algorithmes, GAFAM : retour sur les vœux à la presse de Macron

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Quelques heures après avoir reçu le rapport de la Commission Bronner sur la lutte contre la désinformation, le président de la République Emmanuel Macron s'est exprimé sur le sujet à l'occasion de ses vœux à la presse.

Emmanuel Macron a présenté ce 11 janvier ses vœux à la presse, en présence notamment du bureau de l'Association de la presse présidentielle (APP) et d'autres représentants de la profession. L'occasion pour le chef de l'Etat d'évoquer notamment la lutte contre les fake news, alors qu'il a reçu ce jour-même le rapport de la Commission Bronner sur le sujet. Le président de l'APP, Olivier Bost, devrait évoquer les défis de la profession de journaliste et de ses relations avec le pouvoir.

Macron veut avoir des «anticorps» contre «des acteurs de propagande»

Au cours de ses vœux à la presse, Emmanuel Macron a dévoilé plusieurs orientations pour lutter contre les fausses informations et «répondre au complotisme». Tout d'abord, le chef de l'Etat souhaite «développer l'esprit de responsabilité».

«Je le dis ici avec beaucoup de gravité, nous sommes aujourd'hui une démocratie [...] parfois naïfs, ou en tout cas avec des anticorps qui ne sont pas tout à fait au bon niveau [...] quand nous laissons des acteurs de propagande financés par des régimes autoritaires étrangers – qui ne répondent en aucun cas à un régime de responsabilités ou de déontologie journalistiques – informer, participer au débat comme des journalistes» , déplore le président.

Il rappelle ainsi que «les journalistes et directeurs de publication, par formation, par éthique dans le cadre de la loi [...] parce qu'ils inscrivent leurs actions dans un cadre établi sont responsables». «[Ils] croisent les sources et peuvent répondre d'ailleurs de ce qu'ils écrivent devant le juge», explique-t-il, ajoutant par voie de conséquence qu'«il doit en être de même pour toutes celles et et ceux qui produisent et diffusent l'information : les plateformes numériques, celles et ceux qu'on appelle les influenceurs, les citoyens aussi qui parfois prennent une place considérable dans le débat public».

«Sinon en quelque sorte vous [journalistes] seriez placés, ce qui est le cas aujourd'hui, dans une situation asymétrique, responsables d'une information que vous avez à diffuser, et parfois contrant, débattant avec des acteurs qui eux n'ont aucun cadre de responsabilités», argumente Emmanuel Macron. Celui-ci estime d'ailleurs qu'«il doit en être de même pour les médias étrangers, autorisés à diffuser sur le sol français».

Il ne revient pas aux pouvoirs publics de faire ce travail de qualification

Dans la continuité, en deuxième orientation, Emmanuel Macron entend «donner des outils collectivement pour protéger l'espace informationnel qui exige professionnalisme et éthique» : «Nous ne sommes pas naïfs, il ne s'agit pas que de qualité de l'information [...] mais aussi de nous protéger contre des ingérences de puissances étrangères dont les intentions sont très claires et qui profitent de la pleine liberté que nous leur laissons. Alors même que ces puissances vous empêchent de diffuser ou d'exercer votre profession sur leur territoire.»

En ce sens, Emmanuel Macron promeut «les processus d'auto-régulation, de certifications» portés par la profession journalistique. Avec «prudence», le président assure qu'il ne «revient pas aux pouvoirs publics de faire ce travail de qualification». «Le cadre est bien posé par la loi de 1881 mais il y a un travail que vous avez commencé collectivement [...] qui est un travail de reconnaissance entre pairs», déclare Emmanuel Macron, affirmant croire «à la vertu de celui-ci».

«Chacun doit être mis à sa juste place, j'en suis le garant de là où je suis mais je veillerai à ce qu'il n'y ait pas d'intrusions, ni du politique, ni de l'administratif, ni des pouvoirs publics dans cette identification», insiste-t-il avec une légère nuance : «Mais nous devons simplement vous aider partout où on le peut, à construire ces mécanismes entre pairs, consistant à fiabiliser, à identifier les acteurs et la nature de ces informations.»

Dans cette veine, Emmanuel Macron souligne «l'importance de nos régulateurs qui doivent permettre en particulier d'exercer leur contrôle sur l'indépendance éditoriale de médias étrangers avant d'autoriser leur diffusion». Emmanuel Macron a ensuite réclamé vouloir «faire preuve de grande vigilance un fois l'autorisation d'émettre donnée, dans les contenus diffusés».

«L'émotion négative la plupart du temps qui est privilégiée sur l'émotion positive»

Concernant la propagation des fausses informations, Emmanuel Macron note que «chacun, smartphone à la main ou clavier au bout des doigts, peut s'improviser [...] journaliste». Constatant que «la diffusion des nouvelles s'est totalement métamorphosée», le président remarque que dans l'espace numérique, «organisé par des algorithmes opaques, en flux continu, c'est l'émotion qu'on privilégie bien souvent sur l'information». «C'est l'émotion négative la plupart du temps qui est privilégiée sur l'émotion positive», regrette-t-il. «C'est aussi la possibilité offerte d'orienter l'accès à l'information par le biais de ces algorithmes pour des raisons financières ou idéologiques», analyse-t-il, considérant que c'est «l'espace offert à des puissances étrangères qui n'ont d'autre but que fragiliser la nation, la vie démocratique».

Le chef de l'Etat a en outre promis son soutien à la presse face aux géants du numérique sur le dossier des droits voisins, une rémunération pour la reprise de certains contenus de presse qui tarde à se mettre en place.

Il va falloir aller «au bout de l'application» du principe des droits voisins, «dans sa substance», a prévenu Emmanuel Macron. «Nous compléterons, si besoin était, nos textes français et européens pour aller au bout de la volonté qui fut la nôtre et demeure la nôtre, la juste rémunération des droits d'auteur et des droits voisins» a-t-il averti.

Concernant les Gafam, Emmanuel Macron s'est d'ailleurs dit «heureux qu'après avoir obtenu la contribution de ces grandes plateformes au financement de la production française» avoir obtenu «dans le cadre élargi de l'OCDE – et dans quelques semaines avec une déclinaison européenne très forte – un accord pour les taxer et donc contribuer au financement du bien commun». Pour le chef d'Etat c'est important afin que les Gafam «exercent bien leurs responsabilités».

Régis Le Sommier, grand reporter, est l'invité de RT France pour commenter l'allocution du président. 

Hélène Laporte, députée européenne et porte-parole de Marine Le Pen, revient également pour notre chaînt sur les vœux à la presse d’Emmanuel Macron.

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