Le RN et LFI n'appliqueront pas de jauges dans leurs meetings
- Avec AFP
Les deux formations politiques ont confirmé qu'elles ne limiteraient pas le nombre de participants à leurs meetings électoraux, s'accordant sur le fait que les restrictions annoncées par Jean Castex ne sauraient concerner ces grands rendez-vous.
Malgré leurs divergences idéologiques, les deux partis se retrouvent sur un point pratique de la campagne présidentielle. Le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI) ont ainsi annoncé le 29 décembre qu'ils n'appliqueraient pas les jauges annoncées par le Premier ministre Jean Castex, à savoir 2 000 personnes maximum en intérieur et 5 000 en extérieur.
«La question ne se pose pas», a déclaré le député et porte-parole du RN Sébastien Chenu sur Europe 1, rappelant que la Constitution permettait, «jusqu'à preuve du contraire», la tenue des «meetings et réunions politiques sans limitation». Il a cependant précisé que cette absence de jauges «[n'empêchait] pas de prendre un certain nombre de dispositions» pour veiller au respect des gestes barrières ou de la distanciation sociale. Sébastien Chenu a également déclaré craindre «que le gouvernement, sous prétexte du sanitaire, tue tout débat [...] dans le pays», ce qui arrangerait le président sortant, Emmanuel Macron, dont «le bilan est affligeant». La candidate RN à la présidentielle, Marine Le Pen, doit lancer officiellement sa campagne les 15 et 16 janvier 2022 en tenant une «convention présidentielle» à Reims (Marne).
Même son de cloche chez les Insoumis, par la voix du député de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel. «Il serait problématique d'instaurer une jauge» pour les meetings de Jean-Luc Mélenchon, a-t-il estimé sur RMC le 29 décembre. En annonçant un meeting du candidat le 16 janvier au Parc des expositions de la Beaujoire à Nantes, il a confirmé que le mouvement n'appliquerait pas de jauge, même s'il «prend des précautions depuis le début», préconisant le port du masque en milieu fermé. Tout en n'excluant pas de «réfléchir à des questions de densité», il a évoqué les «problèmes de financement des salles» que la limitation du nombre de participants pourrait poser. Il s'est enfin dit inquiet des «mesures liberticides» que pourrait généraliser le gouvernement au cours de la campagne, évoquant lui aussi un avantage pour le président sortant, «qui n'est pas encore en campagne».
Alors que la Constitution ne permet pas de fixer des jauges lors des réunions politiques, la majorité présidentielle a annoncé le 28 décembre qu'elle appliquerait les jauges dans ses futurs meetings électoraux. «On va s'adapter à des modalités de campagne différentes», a confirmé sur France 2 la député LREM Aurore Bergé, reprochant au passage à Marine Le Pen de ne s'être jamais prononcée en faveur de la vaccination.
Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche et soutien d'une éventuelle candidature de Christiane Taubira, a de son côté appelé sur France Info à «la responsabilité» des candidats et des partis politiques, afin que «les réunions publiques ne soient pas des clusters». «Je n'imagine pas un instant que quelqu'un joue avec le feu sur cette crise», a-t-il ajouté, car «la question de la pandémie ne s'arrête pas avec la démocratie».
Pour freiner la propagation de l'épidémie et du variant Omicron, Jean Castex a annoncé le 27 décembre le retour des jauges pour les rassemblements, tout rappelant que le droit constitutionnel assurait «une protection plus forte» aux meetings politiques et aux lieux de culte, qui ne sont donc pas concernés par ces mesures. Plusieurs artistes touchés par le retour des jauges et l'interdiction des concerts debout, dont Julien Doré, Eddy de Pretto ou Grand Corps Malade, ont ironisé sur ce «deux poids deux mesures» et proposé de rebaptiser leurs concerts «meetings».