Lunel ne parvient pas à se débarasser du spectre du djihadisme

Lunel ne parvient pas à se débarasser du spectre du djihadisme© Wikipédia
L'hôtel de ville de Lunel (Hérault)
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Un an après le départ d'une vingtaine de jeunes tous originaires de la petite ville de l'Hérault en Syrie, où 8 d'entre eux sont morts, l'imam modéré de la mosquée de Lunel reçoit des menaces d'un groupe de jeunes salafistes fascinés par le djihad.

La petite ville de Lunel (25 000 habitants) dans l'Hérault, tristement célèbre pour le départ en 2014 d'une vingtaine de jeunes Lunellois en Syrie, où au moins huit d'entre eux ont été tués selon la préfecture de l'Hérault, semble ne pas réussir à en finir avec les démons du djihadisme. 

Les luttes de pouvoir autour de la mosquée de la ville,dont la direction a été contrainte de démissionner, illustrent ce malaise durable engendré dans la région depuis un an.

A la mosquée El Baraka, fréquentée par plusieurs milliers de fidèles, le parcours des «enfants perdus», comme ils sont appelés, est à l'origine de désaccords houleux entre une quinzaine de jeunes et la direction, incarnée par l'imam Benasseur et Rachid Belhaj, président de l'Union des musulmans de Lunel (environ 800 membres) depuis janvier 2015. 

Des fidèles sous couvert d'anonymat ont en effet expliqué à l'AFP que ces jeunes, âgés de 18 à 30 ans, s'en sont pris à l'imam de Lunel parce qu'il a condamné les départs en Syrie en disant que «ça ne faisait pas partie des préceptes de l'islam». Selon eux, l'imam «salit la mémoire de ces jeunes et méprise la douleur des familles», a-t-il raconté, ajoutant que les mécontents voulaient «prendre le contrôle de la mosquée». 

Aussi, les interruptions de prêche, les violences verbales et les échauffourées seraient devenues monnaie courante au sein de la mosquée, obligeant de nombreux fidèles qui se disent pris en otage, de rester prier chez eux pour ne pas avoir à se confronter à ces jeunes radicalisés et fascinés par le djihad.  

En juillet dernier, l'imam a même porté plainte contre plusieurs jeunes pour «menaces de mort» contre lui et sa famille. Deux d'entre eux ont été condamnés en septembre à respectivement 18 mois et 16 mois de prison avec sursis et l'interdiction formelle de fréquenter la mosquée pendant deux ans. mais, toujours selon des témoins, ils auraient fait appel et seraient dans la foulée revenus dans la mosquée pour perturber les prêches et prôner l'héroïsme des jeunes lunellois morts en Syrie, contraignant l'imam à démissionner.

Le vote visant à élire un nouveau président de l'association gestionnaire de la mosquée «a été perturbé le 25 octobre dernier et reporté à dimanche 1er novembre vers 16H00» a souligné un porte-parole de l'association, tout en ajoutant qu'il ne «savait pas s'il pourra avoir lieu», 

Un climat de peur dans la région 

Mais dans un département comptant 41 mosquées et lieux de culte musulmans, le phénomène ne se limite pas à Lunel. En effet, le même scénario s'est déroulé à la mosquée de la Paillade, le plus important quartier d'immigration de Montpellier, où l'imam progressiste Farid Darrouf a démissionné en septembre dernier après avoir dénoncé de violentes menaces de la part d'un groupe de jeunes salafistes. 

A Lunel, les opposants au maire Claude Arnaud (DVD), resté très silencieux sur les tensions à la mosquée, l'accusent d'inaction. Particulièrement en ce qui concerne la «prévention de la radicalisation alors que des mineurs sont en danger» selon le conseiller PS Philippe Moissonnier, qui ajoute qu'à Lunel comme à Montpellier, de nombreux musulmans avouent avoir «peur» pour leurs enfants.

De jeunes musulmans lunellois s'insurgent quant à eux contre les difficultés grandissantes auxquelles ils sont confrontés pour trouver une formation, un travail ou un logement. Ainsi, un jeune Français d'origine marocaine de 24 ans, a expliqué être vu «direct comme un djihadiste» lorsqu'il donnait son adresse à Lunel.

Pour le sociologue Olivier Noël, spécialiste des discriminations, «on ne peut comprendre la radicalisation de ces jeunes», ceux qui partent en Syrie ou en Irak ou ceux qui prônent un islam radical, «si l'on n'aborde pas la question de la radicalisation d'une société majoritaire dirigée par des notables blancs, qui ne leur laisse plus aucun espace politique».

En 2014, entre 700 et 900 djihadistes Français combattaient en Syrie aux côtés de l'organisation terroriste de l'Etat islamique.

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