L'Education nationale confrontée à une hausse des démissions d'enseignants
Le ministère de l'Education nationale confesse que de plus en plus de professeurs, pourtant protégés par leur statut, quittent le monde de l'enseignement. Pour un syndicaliste du SNE, «les conditions d'exercice se sont énormément dégradées».
L'Education nationale est-elle un mauvais employeur ? Selon les statistiques officielles, 1 648 enseignants ont lâché leur poste en 2021, soit quatre fois plus en près de dix ans. Par ailleurs, même si les chiffres ne sont pas connus, les stagiaires sont «de plus en plus nombreux» à ne pas aller au bout de leur cursus, selon le ministère, contacté par Le Monde le 22 novembre.
Invité sur RT France, le secrétaire général du Syndicat national des écoles (SNE), Philippe Ratinet, explique que cela «révèle la profondeur d'un malaise qui existe au niveau d'une profession». «Les conditions d'exercice se sont énormément dégradées», ajoute-t-il. Il constate d'ailleurs que l'Education nationale place de «jeunes collègues» dès leur deuxième année sur des «zones difficiles voire très difficiles». Philippe Ratinet note également que les collègues recrutés aujourd'hui le sont à «Bac +5» et que «la rémunération qui leur est proposée n'est pas à la hauteur de leurs espérances».
S'il ne nie pas des avancées «conséquentes» avec une revalorisation des enseignants en début de carrière, Philippe Ratinet martèle que la rémunération reste faible pour des enseignants qui ont perdu «en pouvoir d'achat».
L'Education nationale voit en outre une augmentation des contractuels (contrats précaires pouvant être renouvelés), avec une part de 22% parmi les enseignants en 2020/2021 contre 14,5 % en 2015/2016. Pour Philippe Ratinet, cette hausse traduit le fait «qu'il y ait moins de personnes qui veulent s'engager dans la profession» en passant le concours pour devenir titulaire.