Alençon : Darmanin accuse Marine Le Pen de «mentir» sur les violences urbaines
- Avec AFP
Le ton montre entre Marine Le Pen et Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur a accusé la candidate du RN d'avoir tenus des propos mensongers, au sujet des violences urbaines qui ont embrasé un quartier d'Alençon en début de semaine.
La campagne électorale pour la présidentielle 2022 s'intensifie et le gouvernement semble bien décidé à répondre aux coups qui lui sont portés. Le ministre de l'Intérieur a ainsi évoqué des propos «irresponsables» tenus par Marine Le Pen lors d'un déplacement dans la ville d'Alençon (Orne), victime de violences urbaines en début de semaine. Gérald Darmanin l'accuse également de «mentir» quand elle affirme – selon le ministre – qu'il n'y a pas eu d'arrestations.
La présidente du Rassemblement nationale (RN), Marine Le Pen était ainsi montée au front ce 28 octobre, en échangeant notamment avec un jeune âgé de 16 ans selon l'AFP et se présentant comme venant du quartier de Perseigne, où se sont produites les violences le 26 octobre au soir.
L'adolescent ayant attribué en partie les attaques contre la police par des «bavures», la candidate pour la présidentielle de 2022 a alors dénoncé son discours, affirmant que des pompiers étaient aussi les victimes des projectiles. En tweetant la vidéo de la discussion, Marine Le Pen a assuré sa détermination sur cette question : «Je serai intraitable avec les comportements délinquants et avec les attaques contre nos pompiers et nos policiers», a-t-elle ajouté.
Treize véhicules ont en effet été incendiés et des policiers furent la cible de tirs de mortiers d'artifice dans la nuit du 26 au 27 octobre dans un quartier d'Alençon.
🎥 Comme je l’ai dit à cet habitant d’une cité d’#Alençon, la culture de l’excuse c’est fini ! Je serai intraitable avec les comportements délinquants et avec les attaques contre nos pompiers et nos policiers. pic.twitter.com/OVbZ6N4tjA
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) October 28, 2021
«Le problème n'est pas policier mais politique», a en outre affirmé la députée du Pas-de-Calais devant le commissariat de la ville, en dénonçant «le laxisme des politiques».
Marine Le Pen venait de passer un quart d'heure dans le commissariat, sans la presse, afin selon le RN de «soutenir les policiers».
Au commissariat d'#Alençon, @MLP_officiel est venue apporter son soutien aux forces de l'ordre qui sont trop souvent agressées et trop peu soutenues.
— Rassemblement National (@RNational_off) October 28, 2021
Il est temps de remettre la France en ordre !
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«Nous avons fait assez rapidement le tour de la situation. Elle est hélas traditionnelle. Dans tous les commissariats où j'ai l'occasion de me rendre j'entends le même discours», a déclaré la candidate, interrogée par une journaliste sur la brièveté de sa visite.
Par ailleurs, elle a assuré que «95% de la délinquance de rue [était] le fait de l'immigration, soit d'immigrés, d'étrangers, soit de gens issus de l'immigration».
Il faut «tenir compte de cette situation, ne pas aggraver la situation en arrêtant l'immigration plutôt que de continuer à faire venir des gens qui se retrouvent dans les culs-de-sac criminogènes», a argumenté Marine Le Pen, concurrencée sur le sujet par le polémiste Eric Zemmour qui, vraisemblablement, bénéficie actuellement d'une dynamique politique.
Punir les parents responsables de leurs enfants délinquants
Marine Le Pen a aussi plaidé pour «pouvoir poursuivre les parents qui ne respectent pas leurs obligations», notamment au regard de l'article 227-17 du code pénal prévoyant un délit «passible de deux ans de prison».
Elle a également proposé des «mesures visant à supprimer les allocations des familles de délinquants», ou à «les expulser des logements sociaux [car] il n'y a plus aucune raison de faire preuve de mansuétude vis-à-vis de ceux qui pourrissent la vie de citoyens honnêtes».
Selon l'AFP, elle s'était précédemment entretenue au téléphone avec le maire socialiste (PS) de la ville, Joaquim Pueyo, avec qui elle a évoqué «le manque de personnel», les «caméras de surveillance» ou «le déficit de renseignement territorial».
Elle a également soutenu l'idée de «réarmer moralement» les forces de l'ordre qui devraient selon elle bénéficier d'une «présomption de légitime défense».
«Il y a un problème d'effectifs» de policiers à Alençon, d'autant qu'ils sont chargés de la prison pour détenus difficiles de Condé-sur-Sarthe, a-t-elle poursuivi.
Le ministre de l'Intérieur fustige les propos de Marine Le Pen
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a accusé peu après Marine Le Pen de «mentir» en avançant selon lui qu'il n'y avait pas eu d'interpellation à Alençon, où les forces de l'ordre ont essuyé des tirs de mortier d'artifice en début de semaine.
«Dire qu'il n'y a pas eu d'interpellation, c'est d'abord mentir sur ce dossier», a-t-il ainsi déclaré devant la presse, en marge d'une visite à Sarre-Union (Bas-Rhin). Estimant que la candidate du RN voulait «manifestement gêner le travail des policiers», Gérald Darmanin, l'a appelée à ne pas prendre «en otage les policiers et les opérations de police».
«En faisant ce genre de déplacement et de déclarations, c'est non seulement une insulte aux policiers et aux gendarmes qui risquent leurs vies tous les jours mais c'est, en plus, empêcher les opérations de police», a-t-il insisté, jugeant l'attitude de Marine Le Pen «particulièrement irresponsable».
«Madame Le Pen ne connaît pas ses dossiers», a ajouté Gérald Darmanin, estimant «qu'elle est dans une course à l’échalote à l'extrême droite avec monsieur Zemmour» et «peut se permettre de dire encore une fois, n'importe quoi».
«Dans l'exemple précis d'Alençon, [...] c'est parce que la police nationale a fait un travail particulièrement minutieux et courageux, qu'elle a interpellé des trafiquants [...] qu'il y a eu des réactions de violences urbaines», lui a-t-il opposé, lors d'une visite à Sarre-Union où il venait de célébrer la réhabilitation du cimetière juif profané en 2015.