Didier Raoult a-t-il recommandé la pommade Vicks pour lutter contre le Covid ?
Plusieurs médias ont affirmé que le professeur marseillais recommandait contre le Covid, l'utilisation de la pommade. La remarque de Didier Raoult s'inscrivait dans un propos plus large, consistant à promouvoir les tests sur des molécules «anodines».
Dans une vidéo publiée le 3 août sur YouTube par l'IHU Méditerranée Infection, le professeur Didier Raoult traite de nombreux sujets tels que la gravité du variant Delta et la problématique des conflits d'intérêts. A la fin de son intervention de 17 minutes, il évoque la nécessité, selon lui, de tester davantage diverses molécules «anodines» afin de déterminer si elles peuvent être utiles comme traitements contre le Covid. En particulier, une remarque du professeur sur le Vicks VapoRub visant à illustrer son propos, a retenu l'attention sur les réseaux sociaux et dans plusieurs grands médias...
Dans sa dernière vidéo, Didier Raoult commence par aborder les sujets du variant Delta et des Covid longs, avant d'aborder la question des conflits d'intérêts en ces termes : «Je pense que les conflits d'intérêts et les rapports avec l'industrie ont atteint un niveau de toxicité qu'il faudra bien résoudre. J'espère bien que ça sera un des éléments de la prochaine campagne présidentielle. Vous ne pouvez pas laisser à des gens qui manient des milliards une liberté totale dans leurs relations avec des gens qui décident de la santé [...] Quand la corruption concerne directement des décisions médicales, alors là ça devient un problème dont la nation doit s'emparer. Il faut arrêter ce niveau de corruption que tout le monde connaît [...] Personne ne veut faire le lien entre le degré de tricherie qui a atteint les pays occidentaux dans le rapport des données.»
Est-ce que, je ne sais pas, la paraffine dans le nez ou la vaseline dans le nez qu'on a dans certains produits, dans [...] le Vicks [...] est-ce que ça évite, ça, la contamination par les virus dans le nez, ou non ? Qui le sait, ça ?
«Les politiques, les industriels, c'est pas Dieu. Ils ne vont pas nous sauver de cette épidémie. Ce qui va faire qu'elle fasse plus ou moins de dégâts, c'est que chacun fasse son métier», affirme ensuite Didier Raoult à la fin de son intervention. «Actuellement, le nombre de molécules qui s'accumulent, qui ont une activité contre ce virus, qui ne coûtent rien et qui sont anodines est considérable. Qu'est-ce que l'on attend pour les tester ? Si vous n'aimez pas l'hydroxychloroquine je m'en fiche ! Mais testez donc l'ivermectine, la ciclosporine...», interpelle le professeur de microbiologie, avant de poursuivre : «Il y a un réservoir de molécules... Est-ce que, je ne sais pas, la paraffine dans le nez ou la vaseline dans le nez qu'on a dans certains produits, dans je ne sais pas quoi, le Vicks – ils me payent pas le Vicks, j'ai pas de conflit d'intérêts avec eux – est-ce que ça évite, ça, la contamination par les virus dans le nez, ou non ? Qui le sait, ça ?»
«La pratique médicale, elle est faite d'une quantité de petites choses», précise-t-il, en affirmant qu'elle ne consiste pas à «jouer aux jeux vidéos en disant : "regardez tout le monde a un masque, tout le monde reste à la maison, tout le monde est vacciné"». «Tout ça ce sont des moyens complémentaires. Il y a de la science à faire derrière, pas des oukases ou pas des opinions tranchées par des gens qui n'ont pas la compétence pour [les] avoir», conclut Didier Raoult.
Vicks réagit sur Twitter, des médias mettent en garde contre l'utilisation de la pommade
Pourtant ce ne sont pas les réflexions du professeur marseillais sur les conflits d'intérêt ou encore sur les recherches scientifiques qui ont marqué les esprits des internautes, mais bien son incitation à tester davantage les molécules anodines.
En réponse à un tweet interpellant VapoRub en anglais et demandant à la marque si elle avait «des essais cliniques en cours pour cet usage» évoqué par Didier Raoult et quelle était «sa position sur l'utilisation d'une pommade topique dans le nez», l'entreprise américaine a répondu en ces termes : «Comme mentionné sur l'étiquette, VapoRub ne doit être appliqué que sur la poitrine et la gorge pour soulager la toux, et sur les muscles et les articulations pour les courbatures. Il ne doit pas être utilisé sous ou dans le nez, dans la bouche ou ingéré. Un produit à base d'huile peut pénétrer dans les poumons s'il est mal utilisé».
As mentioned on the label, VapoRub should only be applied to the chest and throat to relieve a cough, and on muscles and joints for aches and pains. It shouldn't be used under or in the nose, in the mouth, or ingested. An oil base product can get into the lungs if used improperly
— VapoRub (@VapoRub) August 3, 2021
Le lendemain, des médias tels que les Dernières Nouvelles d'Alsace, Ouest France, Nice Matin ou Yahoo Actualités ont publié des articles allant dans le sens d'un questionnement de la crédibilité scientifique du professeur Raoult, voire d'un «debunkage» (démythifier un concept, une théorie), en rappelant que l'usage de produits gras dans le nez était déconseillé, voire dangereux. «L'application de Vicks Vapurub peut entraîner de graves risques neurotoxiques et notamment des atteintes neurologiques. Des cas de pneumopathies lipidiques, l'obstruction des alvéoles des poumons par des composés gras, ont été relevés par le magazine médical Prescrire en 2018», précise ainsi le quotidien local de PACA.