Vacciner les adolescents est «un impératif arithmétique», estime le chargé de la stratégie vaccinale
- Avec AFP
Le responsable de la stratégie vaccinale du gouvernement juge qu’il faut «vacciner 90% des 12 à 100 ans» pour parvenir à l’immunité de groupe, expliquant aussi que «la vaccination va réduire le risque de fermeture d’établissements à la rentrée».
La vaccination des mineurs de plus de 12 ans – qui doit débuter le 15 juin – est un «impératif arithmétique» pour se rapprocher de l'immunité de groupe contre le Covid-19, a assuré le professeur Alain Fischer, en charge de la stratégie vaccinale du gouvernement, dans une interview au Journal du Dimanche.
Bénéfice individuel au sens social et psychologique
«L’idée de vacciner les ados à la place des adultes réticents est éthiquement inacceptable» mais «l’ouverture mardi aux ados se justifie» car «c’est un impératif arithmétique : pour parvenir à l'immunité de groupe, il faut vacciner 90% des 12 à 100 ans ; si bien qu’elle restera hors d’atteinte même en vaccinant la quasi-totalité des adultes», avance le spécialiste d'immunologie pédiatrique dans un entretien publié ce 13 juin.
Alain Fischer évoque aussi pour les adolescents – qui auraient un risque sanitaire faible face au Covid-19 – un «bénéfice individuel au sens social et psychologique» car «ils paient un trop lourd tribut à la pandémie» avec des décrochages scolaires et des impacts psychologiques très lourds pour les jeunes privés de collège ou de lycée.
«Il y a une immunité de groupe à l'horizon», estime Alain Fischer
«La vaccination va réduire le risque de fermeture d’établissements à la rentrée, on sait que les ados participent autant que les adultes à la circulation du virus, donc il faut y aller», poursuit le responsable de la vaccination en France. Le Premier ministre Jean Castex a annoncé le 12 juin que la barre symbolique des 30 millions de Français ayant reçu une première dose était franchie, un «beau symbole», selon le professeur Fischer, mais qui trouve «plus parlant de raisonner à partir du nombre de Français protégés».
«Faisons une addition toute simple : si on ajoute les personnes complètement vaccinées, celles qui ont reçu une dose depuis au moins 15 jours et donc sont déjà partiellement immunisées, celles qui ont une immunité naturelle après avoir eu le Covid, on arrive à environ 32 millions», calcule le médecin. «Donc près de la moitié de la population est protégée. Il y a une immunité de groupe à l'horizon», relève encore Alain Fischer. «Mais c’est comme un marathon dont on aurait déjà couru les deux tiers. Et dont on sait que le dernier sera le plus difficile», prévient-il.
Le Comité national d'éthique avait pour sa part regretté le 9 juin «que les décisions» concernant la vaccination des adolescents contre le Covid-19 «aient été prises si rapidement», dans un contexte de décrue de l'épidémie. «Y a-t-il une urgence absolue à commencer la vaccination dès maintenant, alors que plusieurs indicateurs sont au vert et que la rentrée scolaire de septembre pourrait signer le début de la campagne ?», s'interrogeait l'organe consultatif dans le communiqué de presse accompagnant son avis sur la question.
Alain Fischer défend aussi la vaccination au sein des établissements scolaires afin de «toucher un grand nombre d'enfants», ajoutant qu'«au Royaume-Uni ou en Suède, c'est de cette manière que les campagnes anti-HPV ont été des succès.»
Le 13 juin au soir, Santé publique France a fait savoir que 2 110 patients se trouvaient en soins critiques dans le pays, au plus bas depuis le 19 octobre 2020. Le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes est repassé sous les 5 000 au cours de la semaine écoulée.