La chaîne Arte accusée d'avoir censuré un docu-fiction sur l'impact d'une catastrophe nucléaire

La chaîne Arte accusée d'avoir censuré un docu-fiction sur l'impact d'une catastrophe nucléaire© Eric Gaillard Source: Reuters
Arte va diffuser un documentaire controversé sur le nucléaire (image d'illustration).
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La chaîne franco-allemande prévoit de diffuser un docu-fiction pour les dix ans de l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima. Sa coréalisatrice désavoue la version finale, jugée «catastrophiste». Arte nie toute volonté de «censure».

Le nucléaire, est-il un sujet de crispation à la télévision ? Myriam Tonelotto, la co-réalisatrice d'un docu-fiction intitulé An Zéro – qui tente de rendre compte de l'impact qu'aurait une catastrophe nucléaire sur un pays de la taille du Luxembourg – a souhaité ne pas être créditée comme telle, après avoir découvert une version de son œuvre qu'elle estime détournée de son objectif. Commentant dans les colonnes de L'Express le montage final, qui doit être diffusé le 21 avril, elle déplore «un film anti-nucléaire, catastrophiste, bête et larmoyant de plus». Une version contestée par la chaine franco-allemande Arte qui réfute toute «censure».

Après deux ans de travail, Myriam Tonelotto assure pourtant qu'elle n'avait pas pris parti pour le nucléaire dans ce film : «Le documentaire interrogeait l'effet réel des radiations, mais aussi celui des évacuations et d'une certaine mythologie entretenue sur la radioactivité. Car les conséquences sociétales d'un accident peuvent, comme aujourd'hui à Tchernobyl et à Fukushima, s'avérer bien plus délétères que les radiations elles-mêmes.»

Pourtant, selon sa version des faits, le docu-fiction n'aurait pas plu à la direction d'Arte. Pas assez sensationnaliste ? La réalisatrice affirme en tout cas ne «jamais avoir vu cela» en «30 ans carrière» et dénonce, auprès du Point le 14 avril, une «mascarade».

Le Point, qui a pu voir les séquences coupées, rapporte que le résultat final présenterait «l'exact opposé du projet initial [avec des] témoignages censurés, [des] propos déformés, [des] extraits tronqués pour faire dire aux intervenants l'inverse de ce qu'ils pensent». «Tous les aspects scientifiquement fondés ont [...] été coupés au montage», écrit l'hebdomadaire qui juge d'ailleurs que «la propagande est à peine voilée : la France fait courir un risque majeur aux frontaliers allemands et luxembourgeois, alors que ces deux pays ont fait le choix de se passer du nucléaire». En revanche, comme l'a constaté L'Express, «le physicien Jean-Marie Brom, militant antinucléaire et candidat de la France insoumise» est quant à lui bien présent dans la version finale.

Du côté de l'autre co-réalisateur du docu-fiction Julien Becker, autre son de cloche. Récusant «tout reproche de censure», il assure : «Le sujet de l’impact réel des radiations sur la santé et l’environnement est devenu le cheval de bataille de Myriam Tonelotto, alors que la question centrale du projet a toujours été la disparition d’un Etat et ses conséquences. Il est donc malhonnête de parler de censure, alors que cette thématique n’était même pas abordée dans la note d’intention de Myriam Tonelotto.»

Un docu-fiction amendé pour coller à l'idéologie antinucléaire ?

Pourtant, selon la co-réalisatrice, auraient été censurées «toutes les interviews expliquant les niveaux réels de radiations auxquels les populations de Tchernobyl et Fukushima ont été exposées», ainsi que les véritables chiffres du nombre de morts directement liés aux catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, sur la base d'études scientifiques. Par exemple, pour Fukushima, le docu-fiction ambitionnait de rapporter que l'accident nucléaire qui a eu lieu le 11 mars 2011, n'avait «causé aucune mort par radiation ni aucun cancer».

Parmi les interventions qui auraient été écartées du docu-fiction, une déclaration du radiothérapeute et oncologue Pierre Bey, ancien directeur de l'hôpital de l'Institut Curie, qui affirmait : «On est tout à fait capable de mesurer ce que l'on reçoit si on vit dans ces zones irradiées. […] Il y a effectivement des gens qui ne veulent pas aller vivre dans une zone parce qu'on s'imagine des choses extraordinaires, alors qu'il faut se rappeler que la radioactivité naturelle est d'à peu près trois millisieverts par an avec des endroits dans le monde où c'est parfois 10 ou 20 fois ou 100 fois plus. […] Quand vous passez un scanner, vous recevez 5 à 10 millisieverts.»

Contactée par RT France, Arte dément être à l'origine de la suppression de ce passage, affirmant que c'est la réalisatrice Myriam Tonelotto «elle-même qui l’a retiré». «Nous en avons la preuve écrite. Quant à Pierre Bey, il n’apparaît pas moins de sept fois dans le film», déclare la chaîne, qui «récuse formellement ces accusations de censure et de manipulation». 

Le Point note pour sa part que «tel qu'il est monté, le documentaire final suggère que les populations vivent aujourd'hui encore à Tchernobyl et à Fukushima sur des terres épouvantablement contaminées, ruinant leur vie pour toujours, alors que l'ensemble des spécialistes interrogés expliquent [dans leurs interventions censurées] exactement l'inverse».

La version finale a, selon Le Point, été corrigée plus de cinq fois par la direction allemande d'Arte. Et d'après les informations du magazine, «plusieurs intervenants, s'estimant trompés et manipulés, ont exigé que leur témoignage soit retiré du film, sans succès». Auprès de RT France, la direction de la chaîne tempère : «"Plusieurs" est inexact. Sur les 35 intervenants, un seul a contacté Arte. Un autre s’est adressé à la société de production.»

Myriam Tonelotto a prévu de diffuser sur son propre blog, dès le 21 avril, les extraits censurés. 

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