Un ministre critiqué après avoir proposé la légion d'honneur aux présidents d'aéroclubs de Poitiers
Le ministre Jean-Baptiste Djebbari a proposé de décorer de la légion d'honneur les présidents des aéroclubs de Poitiers qui ont vu leurs subventions supprimées par la maire Europe Écologie Les Verts de la ville. Une proposition vertement critiquée.
En proposant de décorer deux présidents d'aéroclubs de Poitiers, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari s'est attiré le 8 avril les foudres de différentes personnalités politiques. Selon son cabinet, le ministre des Transports a souhaité, à «travers ce geste», marquer son soutien à ces deux dirigeants après la suppression des subventions de leurs aéroclubs votée par le conseil municipal de Poitiers le 29 mars.
Le député et premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a pour sa part proposé ironiquement une autre action : «Je propose d’accorder la légion d’honneur à tous les présidents d’associations qui ont vu disparaître leurs emplois aidés et la réserve parlementaire du fait des décisions gouvernementales.»
Je propose d’accorder la légion d’honneur à toutes les pdts d’associations qui ont vu disparaître leurs emplois aidés et la réserve parlementaire du fait des décisions gouvernementales. https://t.co/uoa2trdNY9
— Olivier Faure (@faureolivier) April 7, 2021
De nombreux écologistes ont réagi, à l'instar du patron d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), Julien Bayou, qui a estimé ne pas connaître «les mérites» des présidents d'aéroclubs. «Si c'est juste pour faire durer la polémique alors c'est lamentable et peu respectueux», a critiqué Julien Bayou, pour qui «LREM casse tout, même la légion d'honneur».
#Legiondhonneur pour les présidents d'aéroclubs de #Poitiers: je ne connais pas les mérites de ces personnes.
— Julien Bayou (@julienbayou) April 7, 2021
Si c'est juste pour faire durer la polémique alors c'est lamentable et peu respectueux.
Et je le dis en tant que petit-fils d'un officier de ladite Légion, Raoul Bayou
Pour la députée et présidente de Génération écologie Delphine Batho, «utiliser une distinction de la République pour de la propagande politique est une faute. Le ministre doit être rappelé à l’ordre et au sens des responsabilités de l’Etat».
Utiliser une distinction de la République pour de la propagande politique est une faute. Le ministre doit être rappelé à l’ordre et au sens des responsabilités de l’Etat. https://t.co/fMKtfZ3ACY
— Delphine Batho (@delphinebatho) April 7, 2021
L'eurodéputé de La France insoumise Manuel Bompard a également fustigé la proposition : «Et voici maintenant l'usage de la légion d'honneur à des fins politiciennes. Le macronisme est la négation des règles les plus élémentaires de la République.»
Et voici maintenant l'usage de la légion d'honneur à des fins politiciennes. Le macronisme est la négation des règles les plus élémentaires de la République. https://t.co/5f8qB1T8kR
— Manuel Bompard (@mbompard) April 8, 2021
Le conseiller de Paris Aurélien Véron (Liste «Changer Paris – Républicains, centristes et indépendants») juge que si «EELV est un fléau [...] subir leurs sévices ne justifie pas de rabaisser ainsi la légion d’honneur, juste pour le buzz...»
Pardon ? EELV est un fléau, certes.
— Aurélien Véron (@aurelien_veron) April 7, 2021
👉🏻mais subir leurs sévices ne justifie pas de rabaisser ainsi la Légion d’Honneur, juste pour le buzz... https://t.co/nCNPwtbL9V
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui a la tutelle sur les Transports, à elle-même recadré son ministre délégué Jean-Baptiste Djebbari. «La ministre ne préjuge pas des mérites des personnes évoquées et prendra connaissance de leurs dossiers si le ministre délégué aux Transports concrétise sa proposition. Elle considère néanmoins que les décorations républicaines n'ont pas vocation à être attribuées dans le cadre de polémiques politiques», a affirmé le ministère à l'AFP.
«Evidemment la légion d'honneur n'est pas un outil qui a vocation à répondre ou à clore des polémiques», a de son côté réagi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à la sortie du conseil des ministres.