Ebranlé par l'affaire Duhamel, le directeur de Sciences Po Paris démissionne
- Avec AFP
Frédéric Mion, a qui il a été reproché d'avoir nié être informé des accusations pesant sur Olivier Duhamel, a quitté son poste de directeur de Sciences-Po Paris après plusieurs semaines de manifestations exigeant son départ.
Le directeur de Sciences Po, Frédéric Mion, a finalement été entraîné par la chute d'Olivier Duhamel. Il a présenté le 9 février sa démission dans une lettre adressée à la communauté éducative et aux étudiants, dans la foulée de l'affaire Duhamel qui a donné lieu au lancement d'une inspection pour établir les «responsabilités» et d'«éventuelles failles» au sein de l'école.
Cette démission intervient alors que les étudiants de la prestigieuse école ont reproché à leur directeur d'avoir nié être au courant des agissements supposés d'Olivier Duhamel, président démissionnaire de la Fondation nationale des Sciences politique qui chapeaute Sciences Po. Ce dernier est accusé par sa belle-fille Camille Kouchner d'avoir violé son frère jumeau quand il était adolescent.
Le ministère de l'Enseignement supérieur avait annoncé mi-janvier le lancement d'une inspection pour établir les «responsabilités» et d'«éventuelles failles» au sein de l'école sur l'affaire.
Notre maison traverse, depuis la révélation des graves accusations portées contre Olivier Duhamel, une période très douloureuse
Si le rapport provisoire «confirme qu’aucun système de silence concerté ou de complaisance n’a existé au sein de notre établissement», il «pointe toutefois de ma part des erreurs de jugement dans le traitement des allégations dont j’avais eu communication en 2018, ainsi que des incohérences dans la manière dont je me suis exprimé sur le déroulement de cette affaire après qu’elle a éclaté», écrit Frédéric Mion dans son message.
«Notre maison traverse, depuis la révélation des graves accusations portées contre Olivier Duhamel, une période très douloureuse», poursuit-il. «Depuis ce jour, toutes mes décisions ont été guidées par la volonté de préserver notre établissement, ses salariés, ses enseignants, ses chercheurs et sa communauté étudiante de cette affaire à laquelle ils n’avaient aucune part».
Informé en 2018 par l'ancienne ministre Aurélie Filippetti
Au moment des révélations, Frédéric Mion avait fait part de sa stupeur avant d'admettre, auprès du quotidien Le Monde, avoir été alerté en 2018 par l'ex-ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, des accusations d'inceste visant Olivier Duhamel, provoquant de premiers appels à démission.
Il a ensuite expliqué avoir contacté un proche d'Olivier Duhamel qui lui aurait certifié que les rumeurs étaient sans fondement.
Le 9 février, des articles de presse ont fait état de nouvelles révélations dans cette affaire : le préfet d'Ile-de-France Marc Guillaume, qui avait démissionné mi-janvier des fonctions occupées dans «des établissements» où il avait «travaillé avec Olivier Duhamel», dont Sciences Po, aurait bien été alerté des accusations d'inceste à l'encontre d'Olivier Duhamel par Frédéric Mion, ce que celui-ci niait jusqu'alors.