France

Des élus de gauche demandent la dissolution du mouvement Génération identitaire

Estimant que Génération identitaire jouit d'une impunité judicaire, malgré ses «actions violentes, racistes et xénophobes», une vingtaine d'élus, syndicalistes et personnalités de gauche demandent dans une tribune la dissolution de l'organisation.

Dans une tribune publiée ce 21 décembre dans le semestriel Regards, plus d'une vingtaine d'élus de gauche, militants et syndicalistes demandent la dissolution du mouvement Génération identitaire (GI). Selon les signataires de la pétition, cette organisation «mène des actions violentes, racistes et xénophobes» tout en demeurant impunie. Le texte, initié par Joséphine Delpeyrat et Thomas Portes de l’Observatoire national de l’extrême droite, était accompagné d'une pétition en ligne ayant recueilli un millier de signatures à l'heure où ces lignes sont écrites. 

La publication de cette tribune survient quelques jours après la relaxe par la cour d'appel de Grenoble de trois membres du mouvement pour leur opération coup de poing en avril 2018 dans les Alpes visant à stopper l'arrivée de migrants en France. Il leur était reproché d'avoir «exercé une activité dans des conditions créant la confusion avec une fonction publique».

Les co-signataires de la tribune, dont entre autres les eurodéputés Manon Aubry (LFI) et David Cormand (EELV), les députés Sébastien Jumel (PCF), Caroline Fiat (LFI) et Eric Coquerel (LFI) l'adjoint EELV à la mairie de Paris David Belliard ou la sénatrice Sophie Taillé-Polian (Génération.s) se disent «extrêmement préoccupés» par la décision de la cour d'appel de Grenoble et, plus tôt, par celle de la cour d'appel de Lyon.

C'est pourquoi ils appellent les pouvoirs publics à prendre leurs «responsabilités au plus vite» pour mettre fin «aux actes de ce groupuscule fanatique dont les agissements violents sont une menace pour l'ordre public, la sécurité des personnes et la cohésion républicaine». 

La menace terroriste avancée 

Dans leur texte, la vingtaine d'élus et de syndicalistes estiment par ailleurs que «Génération Identitaire est une organisation violente qui menace l'existence même et les droits des minorités (migrant·es, musulman·es, Roms, etc.), mais aussi le militantisme antiraciste, féministe, syndical, de gauche». Et les signataires de rappeler que le terroriste d'extrême droite de Christchurch (Nouvelle-Zélande) Brenton Tarrant avait fait un don à la branche autrichienne de l'organisation. 

Enfin, ils mettent en exergue une note publiée en 2020 par la direction exécutive du Comité contre le terrorisme (CTED) des Nations Unies, qui «démontre qu'il y a eu une augmentation de 320 % des attaques menées par des individus affiliés à des mouvements et idéologies d'extrême droite au cours des cinq dernières années».

Plutôt que des sourires dans les fourgons de polices, comme ce fut le cas Place de la République à Paris cet été, nous exigeons que Génération Identitaire soit immédiatement dissous

«Plutôt que des sourires dans les fourgons de polices, comme ce fut le cas Place de la République à Paris cet été, nous exigeons que Génération Identitaire soit immédiatement dissous», concluent la vingtaine d'élus et de syndicalistes ayant co-signé cette tribune. «Ne rien faire, c’est cautionner», ont-ils estimé par ailleurs. 

Génération identitaire et trois de ses cadres relaxés

Le 16 décembre, la cour d'appel de Grenoble a relaxé le mouvement Génération identitaire ainsi que trois de ses membres, après leur action coup de poing en avril 2018 dans les Alpes.

En première instance, Clément Gandelin (dit «Galant»), Romain Espino et Damien Lefèvre (dit «Rieu») avaient été en effet condamnés en août 2019 à six mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Gap. En audience d'appel en octobre 2020, de la prison avec sursis avait été requise.

Dans son arrêt de relaxe, que l'AFP a pu consulter, la cour d'appel estime que cette chaîne humaine était une action «purement de propagande politique», «à visée médiatique» et «annoncée comme telle». Elle n'était donc pas «de nature à créer une confusion dans l'esprit du public avec l'exercice des forces de l'ordre».

Quant aux patrouilles nocturnes, «quel que puisse être le regard porté sur de tels agissements, ceux-ci ne sont pas pour autant constitutifs d'actes répréhensibles», fait valoir la cour. Elle relève en effet qu'«aucun membre des forces de l'ordre n'a indiqué que ces patrouilles avaient contrôlé, retenu ou empêché de passer les migrants repérés».