Bridgestone ferme le site de Béthune et suscite l'indignation à droite comme à gauche
L'industriel japonais, Bridgestone a annoncé la fermeture de son usine du Pas-de-Calais, plongeant ses 863 employés dans l'inconnu. Une décision décriée par de nombreux politiques de droite comme de gauche.
La décision est définitive : le site de production de Béthune (Pas-de-Calais) va fermer dans le cadre du plan «sauvegarde de la compétitivité» de Bridgestone. Le groupe l'a annoncé dans un communiqué de presse, le 12 novembre.
Le géant japonais avait brutalement annoncé mi-septembre la fermeture, prévue courant 2021, de ce site qui emploie 863 personnes. Pour sauver une partie de l'activité, le gouvernement avait ensuite proposé un plan prévoyant une continuation de l'activité avec le maintien de «525 à 555 emplois». Cette tentative vient donc d'être rejetée par la direction du groupe. Après une réunion avec les salariés et la ministre de l'Industrie, le fabricant japonais a indiqué que ce plan ne permettait pas «d'aboutir à un scénario industriel réaliste pour le groupe comme pour les salariés de Béthune». La direction a ajouté qu'il ne règle pas «le problème de surcapacité de production de Bridgestone en Europe, qui continue de s’aggraver avec la crise de la Covid-19».
Le manufacturier a affirmé toutefois avoir identifié «10 opportunités dont quatre projets déjà bien définis» dans la recherche d'un repreneur, se disant prêt à «céder le cas échéant le site à un concurrent». Pour l'avocat de l'intersyndicale, Stéphane Ducrocq, ces quatre projets restent cependant «flous et lointains, et préservant peu d'emplois».
Le fabricant de pneus assure qu'il existe également plusieurs possibilités de reclassements pour les employés. «Plus de 100 offres de postes ont déjà été diffusées» dans différentes sociétés du groupe. «Des mesures sociales d'accompagnement telles que les départs en préretraite, l'aide à la création d'entreprises ou l'aide à la recherche d’emploi» ont également été mises en place et «200 salariés» se sont déjà manifestés, précise l'équipementier.
Une décision dénoncées par la gauche et les souverainistes
Une décision qui a fait réagir de nombreuses personnalités à gauche. Le député insoumis du Nord, Adrien Quatennens a jugé que «les discours de Macron sur la souveraineté industrielle [était] du flan !», avant d'estimer que «Bridgestone [devait] rembourser» les aides d'Etat perçues.
#Bridgestone ferme #Béthune après avoir touché des aides de l’Etat et investi en Pologne et Hongrie avec celles de l’UE ! 863 salariés touchés ! Les discours de #Macron sur la souveraineté industrielle, c’est du flan ! On arrête quand l’hémorragie ? Bridgestone doit rembourser !
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) November 12, 2020
Une «décision scandaleuse» pour la députée européenne insoumise, Manon Aubry, qui a dénoncé sur Twitter le groupe qui a «touché 24 millions d'euros de fonds pour développer sa production en Pologne».
#Bridgestone acte sa décision scandaleuse de fermer le site de Béthune après avoir touché 24 millions d'euros de fonds 🇪🇺 pour développer sa production en Pologne.
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) November 12, 2020
Ce dumping social subventionné est intolérable : nous avons demandé des comptes à la Commission ! pic.twitter.com/yJA93vfE6U
Le député européen de la Gauche Républicaine et Socialiste, apparenté à La France insoumise, Emmanuel Maurel, a estimé que «Ce drame ne doit rien à la fatalité». Il attribue cette fermeture à «L’absence d’une politique industrielle, pilotée par l’Etat, qui nuit au pays, aux territoires, aux salariés».
Combien de temps encore laisserons-nous ainsi la France se faire dépouiller de ses sites industriels, de ses savoir-faire? Ce drame ne doit rien à la fatalité. L’absence d’une politique industrielle, pilotée par l’Etat, nuit au pays, aux territoires, aux salariés. #Bridgestonehttps://t.co/KPgC2vhdll
— Emmanuel Maurel (@emmanuelmaurel) November 12, 2020
Une déclaration retwittée par Arnaud Montebourg. Le chantre du Made in France s'est, quant à lui, interrogé sur ce plan social : «Combien de temps encore ?».
Combien de temps encore ? https://t.co/gEunMStGnV
— ☰ Arnaud Montebourg (@montebourg) November 12, 2020
Un constat partagé aussi du côté du Rassemblement national. Sa présidente, Marine Le Pen, a estimé que «sans volonté politique d’inverser la tendance, la désindustrialisation continuera».
La fermeture de l’usine #Bridgestone de #Béthune, c’est l’échec d’un État sans vision stratégique, et c’est un drame pour toute notre région #HautsDeFrance.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 12, 2020
Sans volonté politique d’inverser la tendance, la désindustrialisation continuera.... MLP https://t.co/N96mvQZsAm
Pour le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, «l’avenir du site de Béthune s’écrira sans eux, mais [Bridgestone doit] maintenant mettre le maximum pour les salariés et pour retrouver de l’activité sur le site».
Le bras de fer continue avec #Bridgestone. L’avenir du site de #Béthune s’écrira sans eux, mais ils doivent maintenant mettre le maximum pour les salariés et pour retrouver de l’activité sur le site. - (1/2) pic.twitter.com/yfZ6ErlIAO
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) November 12, 2020
Une responsabilité du gouvernement pointée par le député des Yvelines, Nicolas Dupont-Aignan qui s'est demandé «pourquoi refuser de conditionner les milliards d'euros d’aides pour changer de véhicule à ceux produits en France, et ne pas mettre fin à la concurrence déloyale d'Europe de l'Est et de Chine».
Le Gouvernement n'a rien fait de sérieux pour sauver Bridgestone. Pourquoi refuser de conditionner les milliards€ d’aides pour changer de véhicule à ceux produits en France, et ne pas mettre fin à la concurrence déloyale d'Europe de l'Est et de Chine !? https://t.co/K6gVTWBHDj
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) November 12, 2020
Enfin, le souverainiste Florian Philippot, a pointé «les pleurnicheries des politiques et syndicalistes qui, par ailleurs, soutiennent le maintien de la France dans l’UE et l’euro».
#Bridgestone : je ne supporte plus d’entendre les pleurnicheries des politiques et syndicalistes qui, par ailleurs, soutiennent le maintien de la France dans l’UE et l’euro !
— Florian Philippot (@f_philippot) November 12, 2020
En quelle langue faut-il leur expliquer qu’il n’y a aucune politique possible dans ce carcan de fous ?