Covid-19 : la deuxième vague ne sera pas la dernière, craint le conseil scientifique
Le conseil scientifique, instance chargée de conseiller le gouvernement durant la crise sanitaire, estime que la France pourrait subir «plusieurs vagues successives» de Covid-19 et envisage des solutions pour y faire face.
La deuxième vague de l'épidémie de Covid-19 n'est sans doute pas la dernière. Nous pouvons craindre «plusieurs vagues successives durant la fin de l’hiver» et au printemps prochain, anticipe le conseil scientifique dans son dernier avis rendu public le 30 octobre. Le document est daté du 26 octobre, soit deux jours avant l'annonce par Emmanuel Macron d'un reconfinement.
«Il y a donc devant nous de nombreux mois avec une situation extrêmement difficile», prévoit l'instance chargée de conseiller le gouvernement français.
Le conseil reconnaît toutefois ne pas disposer de suffisamment d'éléments pour établir la durée de la deuxième vague. Sa perpétuation dépendra «du virus lui-même, de son environnement climatique, des mesures qui vont être prises pour limiter la circulation du virus, de leur acceptation et donc de leur impact», stipule le rapport.
Il poursuit : «On peut faire une hypothèse d'une sortie de deuxième vague en fin d'année ou début d'année 2021. Cette sortie devrait s'accompagner d'un retour de la circulation du virus à un niveau très contrôlé (5 000 à 8 000 nouvelles contaminations par jour maximum)».
En annonçant le reconfinement au moins jusqu'au 1er décembre, Emmanuel Macron a indiqué que l'objectif était de parvenir «à environ 5 000» cas de contaminations par jour, contre 40 000 à 50 000 actuellement.
Différentes stratégies envisageables
Quel que soit le succès des mesures mises en œuvre, elles ne suffiront probablement pas à «éviter d'autres vagues, après la deuxième», avertit le conseil scientifique.
Plusieurs vagues pourraient donc arriver durant la fin de l'hiver-printemps 2021, en fonction de différents éléments selon le conseil scientifique tel que l'état climatique, ou encore le niveau et l'efficacité opérationnelle de la stratégie «tester/tracer/isoler».
Les gouvernements seront donc confrontés à «la gestion de vagues successives de recrudescence [...] jusqu'à l'arrivée des premiers vaccins et/ou traitements» juge l'organisme.
La gestion de la crise sanitaire pourra se faire de différentes manières. D'abord, il est possible d'envisager «une stratégie de type on/off», c'est-à-dire une alternance de périodes de restrictions (pour limiter la circulation du virus) et de périodes de relâchement, fait valoir l'instance. Le conseil scientifique s'interroge toutefois : «Est-ce possible sur le long terme ? Les Français accepteront-ils une telle stratégie, est-ce viable économiquement ? Les questions sont posées et n'ont pas de réponses à ce jour.»
Autre stratégie, maintenir le virus à un taux inférieur au seuil de 5 000 contaminations par jour, avec une politique de suppression de la circulation virale comme l'ont fait «plusieurs pays d'Asie, le Danemark, la Finlande et l’Allemagne». Le conseil scientifique précise que cette stratégie implique «des mesures fortes et précoces à chaque reprise épidémique», estimant qu'elle est «la meilleure garante du maintien de l'activité économique».
Un conseil pas exempt de critiques
L'organisme qui murmure à l'oreille du gouvernement n'est pas exempt de critiques depuis le début la crise sanitaire, loin s'en faut. Présidé par le professeur Jean-François Delfraissy, le conseil scientifique était constitué à sa création de 10 autres experts venant «de champs disciplinaires complémentaires», selon le ministère de la Santé. En effet, outre des spécialistes des maladies infectieuses tels que l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, le virologue Bruno Lina ou encore l’infectiologue Denis Malvy, le conseil compte également... une anthropologue, en la personne de Laëtitia Atlani Duault, un sociologue, Daniel Benamouzig et un modélisateur, Simon Cauchemez.
Voilà peut-être ce qui a poussé le plus médiatique de ses membres, le professeur Didier Raoult, à en claquer la porte avec fracas en mars dernier. Depuis, il a évoqué son départ à plusieurs reprises. Et c'est peu de dire que l'épidémiologiste ne porte pas dans son cœur l'organisme, lui reprochant son manque de rigueur scientifique et sous-entendant par ailleurs l'existence possible de conflits d'intérêts en son sein. Dans un courrier adressé à l’Assemblée, des membres du conseil avaient alors dénoncé des propos «infamants et dépourvus de fondements» et qui relevaient, selon eux, de la «calomnie».