Une polémique enfle, en France, sur les réseaux sociaux, après que des footballeurs français ont «liké» une publication controversée de la star russe des arts martiaux mixtes (MMA) fraîchement retraitée, Khabib Nurmagomedov.
L'AFP, s'appuyant sur des captures d'écran diffusées sur les réseaux, rapporte que le défenseur du PSG Presnel Kimpembe, ainsi que ses compatriotes français Karim Benzema, Mamadou Sakho et Tiémoué Bakayoko, ont «liké», c'est-à-dire aimé, un long message publié par Nurmagomedov sur Instagram le 31 octobre. Dans cette publication en langue russe, le champion de MMA regrette qu'«aujourd'hui, sous prétexte de lutter pour la liberté d'expression, les ennemis de l'islam [...] tentent d'offenser les sentiments de centaines de millions de croyants à travers le monde en dessinant des caricatures».
«Qu'Allah lâche Son châtiment sur quiconque empiète sur l'honneur du meilleur des hommes, son prophète Mahomet», conclut le sportif originaire du Daghestan, une république de la Fédération de Russie à majorité musulmane.
Presnel Kimpembe a retiré son like, relève l'AFP, et s'est défendu : «Je fais du sport, pas de la politique. Je ne parle pas russe non plus. Je condamne fermement le terrorisme, toutes formes de violence sans aucune réserve, et toutes les tentatives de manipulation nauséabondes», a-t-il twitté le 30 octobre en fin d'après-midi.
Au-delà du cas des internationaux français, le footballeur algérien Youcef Atal, qui avait liké le post du champion de MMA, a écrit dans une story Instagram, selon une capture d'écran relayée sur Internet : «J'ai liké un post de Khabib car je suis fan du sportif. Je n'ai voulu blesser personne. Je suis profondément touché par le dernier attentat à Nice. Je suis musulman et je suis contre le terrorisme.»
Indignation du côté du RN
Pour autant, des personnalités de droite et du Rassemblement national sont montées au créneau. Le vice-président du RN et eurodéputé Jordan Bardella a twitté : «Pas d'Equipe de France pour [Kimpembe], celui qui like le djihadisme sur Instagram, qui n'assume pas et nous prend en plus pour des imbéciles».
Le membre du bureau national du même parti, Jean Messiha, a de son côté épinglé sur Twitter le «poste islamo-haineux et anti-français de [Khabib Nourmagomedov] [....] "liké" par 5 joueurs qui jouent (#Kimpembr) ou ont joué (#Benzema, #Sakho, #Bakayoko, #Faty) en Equipe de France», captures d'écran à l'appui.
«"QU’ALLAH ÉCRASE DE SON CHÂTIMENT..." Voici ce que Youcef Attal, joueur star de l’OGC Nice et international algérien a liké HIER − le lendemain de l’attentat de [Nice] pour lequel il n’a pas eu un mot. Il ne peut plus porter les couleurs de notre ville», a également twitté l'ancien militant identitaire niçois et désormais élu local et membre du bureau national du RN, Philippe Vardon, appelant le club de football de Nice à «réagir».
Réactions diverses des internautes
De nombreux internautes lambda se sont également indignés du «like» des stars du football...
... tandis que d'autres, à l'inverse, ont jugé cette polémique déplacée et dénoncé des intentions politiques derrière celle-ci.
La veille déjà, le 30 octobre, Nurmagomedov avait publié sur Instagram un message dénonçant la liberté de réaliser certaines caricatures, accompagné d'une photographie du président français Emmanuel Macron avec une empreinte de chaussure dessinée sur le visage. «Que le Tout Puissant défigure cette ordure et tous ses disciples qui, au nom de la liberté d'expression, insultent la foi de plus d'un milliard et demi de musulmans», avait-il écrit dans un message en russe et en arabe, ainsi que : «Croyez-moi, ces provocations auront pour eux de graves conséquences car les pieux ont toujours le dernier mot».
En cause, visiblement, dans ces publications de la star de MMA : la défense par le président français Emmanuel Macron du droit à la caricature au nom de la liberté d'expression, après la décapitation le 16 octobre par un islamiste de Samuel Paty, professeur de collège français qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète de l'islam Mahomet. Ce parti-pris du chef d'Etat français a soulevé une vague de colère dans le monde musulman (manifestations, appels au boycott de produits français...), à laquelle le locataire de l'Elysée a souhaité répondre dans un récent entretien à la chaîne Al Jazeerah.