Originaire du Daghestan, une république de Russie à majorité musulmane, la star d'arts martiaux mixtes (MMA) fraîchement retraitée Khabib Nourmagomedov a publié sur son compte Instagram, suivi par 25 millions de personnes, une photographie du président français d'Emmanuel Macron avec une empreinte de chaussure dessinée sur le visage accompagnée d'un message insultant. En cause : la déclaration du chef d'Etat sur la liberté de caricaturer le prophète de l'islam Mahomet, des propos qui ont provoqué de vives réactions au sein du monde musulman ces derniers jours.
«Que le Tout-Puissant défigure cette ordure et ses partisans qui, sous couvert de liberté d’expression, insultent les sentiments de plus d’un milliard et demi de fidèles musulmans. Que le Tout-Puissant les humilie dans cette vie et dans la suivante», a écrit le sportif, dans un message en russe et en arabe.
«Croyez-moi, ces provocations auront pour eux de graves conséquences car ceux qui craignent Dieu ont toujours le dernier mot», a poursuivi Khabib Nourmagomedov, 32 ans, qui a annoncé dimanche 25 octobre sa retraite sportive pour tenir une promesse faite à sa mère.
Ces propos ont provoqué notamment la réaction de Ksenia Sobtchak, star de la télévision russe et candidate à la dernière présidentielle, qui a répondu au message sur Instagram du champion de MMA : «Khabib ! Vous êtes un héros pour de nombreux adolescents en Russie, beaucoup suivent votre exemple ! [...] Je respecte votre religiosité et vous avez le droit de croire et d'aimer qui vous voulez mais ne pensez-vous pas que vos paroles peuvent être interprétées par des millions de musulmans comme un appel à la violence contre Macron ?» Et de faire valoir : «[Emmanuel Macron] ne s'est jamais prononcé contre les musulmans, il s'est prononcé contre le radicalisme islamique et les terroristes qui ont commis des meurtres, et c'est un péché terrible dans le Coran, n'est-ce pas?»
Le président français a défendu les caricatures du prophète Mahomet après l'assassinat mi-octobre par un islamiste d'un professeur de collège français, Samuel Paty, qui avait montré l'un de ces dessins lors d'un cours sur la liberté d'expression.
Depuis, des manifestations contre Emmanuel Macron et des appels au boycott de produits français ont eu lieu dans des pays à majorité musulmane. Le 27 octobre, le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, avait déjà violemment critiqué Emmanuel Macron, le traitant de «terroriste» qui «appelle de manière cachée les musulmans à commettre des crimes».