France

Que sait-on sur la décapitation du professeur de Conflans-Sainte-Honorine ?

Le meurtrier serait un homme de 18 ans d'origine tchétchène. Il aurait décapité un professeur d'histoire-géographie suite à un cours sur la liberté d'expression pendant lequel ce dernier avait présenté des caricatures de Mahomet.

Alors qu'Emmanuel Macron, en déplacement sur les lieux du crime, a qualifié la décapitation d'un professeur de collège, le 16 octobre 2020, d'«attentat terroriste islamiste caractérisé», des précisions sur l'auteur et les circonstances du drame continuent à parvenir au compte-gouttes.

Que s'est-il passé ?

Selon une source policière, les faits se sont déroulés vers 17h. Des effectifs de la brigade anticriminalité (BAC) de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) ont été appelés pour un individu suspect rôdant près du collège du Bois d'Aulne, situé dans un quartier pavillonnaire et décrit comme calme et sans histoire par les riverains. 

Sur place, les agents de la BAC ont découvert la victime et, 200 mètres plus loin à Eragny-sur-Oise (Val-d'Oise), ont tenté d'interpeller un homme armé d'un couteau qui les menaçait et qu’ils ont abattu. Un fusil aurait également été retrouvé à ses côtés, mais l’équipe de déminage n'a pas trouvé d'explosifs sur son corps.

Qui est l'assaillant ?

Selon Le Parisien et BFM TV, le suspect s'appellerait Aboulakh A., serait âgé de 18 ans et d'origine tchétchène. Né à Moscou, il serait domicilié dans les Yvelines. L'ambassade de Russie à Paris a demandé le 16 octobre aux autorités françaises des informations sur l'assaillant présumé. «Pour le moment, nous n'avons aucune information sur la citoyenneté du suspect», a déclaré, selon l’agence TASS, Sergueï Parinov, un porte-parole de l'ambassade russe. Les enquêteurs attendent une identification formelle.

Ceux-ci cherchent également à savoir si l'agresseur est l'auteur d'un message posté sur Twitter par un compte désormais fermé et qui montre une photo de la tête de la victime. Sous cette photo, un message menace Emmanuel Macron, «le dirigeant des infidèles», et son auteur assure vouloir venger celui «qui a osé rabaisser Muhammad».

Neuf personnes ont été placées en garde à vue, a appris l'AFP de source judiciaire. Ces personnes sont issues de l'entourage familial de l'assaillant, qui aurait crié «Allah akbar» avant d'être abattu, selon une source proche de l’enquête. Figurent également deux parents d'élève du collège où travaillait la victime, d'après la même source.

Qui est la victime ?

Il s'agit de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie du collège du Bois d'Aulne, un quartier pavillonnaire calme de Conflans-Sainte-Honorine. Cet enseignant avait récemment montré des caricatures de Mahomet à ses élèves dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression. Certains parents s'en étaient émus, notamment sur les réseaux sociaux.

Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, la première association de parents d'élèves, a expliqué avoir reçu un signalement qui faisait état «d'un père extrêmement énervé» après la présentation en classe d'une caricature de Mahomet.

Selon Rodrigo Arenas, la victime aurait «invité les élèves musulmans à sortir de la classe» avant de montrer une caricature du prophète – accroupi avec une étoile dessinée sur ses fesses et l'inscription «une étoile est née» – dans le cadre d'un cours visant à expliquer la liberté d'expression.

Une bienveillance du professeur d'histoire-géographie confirmée par le père d’un élève ayant assisté au cours. Selon lui, le professeur ne cherchait pas à faire de discrimination et a proposé aux jeunes musulmans de sortir de la salle de classe «par pure gentillesse», souhaitant «préserver les élèves».

Le parquet national antiterroriste (Pnat) s'est aussitôt saisi de l'enquête, ouverte pour «assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle». L'enquête a été confiée à la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard doit tenir une conférence de presse le 17 octobre dans l’après-midi.

Ce drame s'inscrit dans une vague d'attentats djihadistes sans précédent, amorcée en 2015 en France et qui a fait 259 morts, ce professeur compris. Plusieurs attaques ont été perpétrées à l'arme blanche, notamment à la préfecture de police de Paris en octobre 2019, à Romans-sur-Isère en avril 2020, ou près des anciens locaux de Charlie Hebdo, le 25 septembre dernier.