Valeurs actuelles : le parquet ouvre une enquête pour «injure à caractère raciste»
Après la polémique concernant une saga fiction publiée dans Valeurs actuelles où la députée Danièle Obono était imaginée et caricaturée en esclave au temps de la traite orientale, le parquet ouvre une enquête pour «injure à caractère raciste».
Une enquête préliminaire a été ouverte pour «injures à caractère raciste» après la publication dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles d'une «politique fiction» dépeignant la députée LFI Danièle Obono en esclave, a annoncé le 31 août le procureur de Paris Rémy Heitz. L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), souligne le procureur de Paris dans un communiqué.
Dénonçant «une insulte à [ses] ancêtres, sa famille» et «à la République», Danièle Obono avait annoncé le 29 août «réfléchir» à porter plainte sur BFMTV. La députée avait dénoncé «une souillure qui ne s'effacera pas» et «l'aboutissement d'un acharnement médiatique» contre elle.
Une vague de condamnations unanimes dans la classe politique
Le 27 août, le magazine Valeurs actuelles avait dépeint la députée LFI en esclave avec une chaîne autour du cou dans une série «roman de l'été» dans laquelle «chaque semaine, un personnage emprunte les couloirs du temps» et est imaginé à une autre époque que la sienne.
La publication avait provoqué une vague de condamnations unanimes dans la classe politique. L'élue avait réagi le 28 août sur Twitter. «Il paraît 'Qu'on-Peut-Pu-Rien-Dire'», avait-elle dans un premier temps ironisé avant de poursuivre : «Heureusement on peut encore écrire de la merde raciste dans un torchon illustrée par les images d'une députée française noire africaine repeinte en esclave... L'extrême droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même».
Il paraît 'Qu'on-Peut-Pu-Rien-Dire' #BienPensance. Heureusement on peut encore écrire de la merde raciste dans un torchon illustrée par les images d'une députée française noire africaine repeinte en esclave...
— Députée Obono (@Deputee_Obono) August 28, 2020
L'extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même. pic.twitter.com/EupKSXZ207
Dans la foulée, le Premier ministre Jean Castex avait dénoncé une «publication révoltante» et appelé à «une condamnation sans ambiguïté». «Je partage l'indignation de la députée Danièle Obono et l'assure du soutien de l'ensemble du gouvernement. La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages», avait-il ajouté sur son compte Twitter.
Cette publication révoltante appelle une condamnation sans ambiguïté.
— Jean Castex (@JeanCASTEX) August 29, 2020
Je partage l'indignation de la députée Danièle Obono et l'assure du soutien de l'ensemble du Gouvernement.
La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages. https://t.co/ybRKO4DJP3
L'Elysée, cité par l'AFP, avait annoncé que le président de la République avait appelé personnellement Danièle Obono pour lui exprimer son soutien et lui faire part de sa «condamnation claire de toute forme de racisme».
Le magazine s'était excusé dans un communiqué diffusé le 29 août, défendant une volonté de «plonger une personnalité contemporaine dans une période passée, afin de faire resurgir par ce contraste certaines inepties de notre époque».
Notre réponse suite à la polémique autour du roman de l'été consacré à Danièle Obono, cette semaine dans Valeurs actuelles. pic.twitter.com/GHVzHBSdvQ
— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) August 29, 2020
Sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, avait également présenté ses excuses. «On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danielle Obono soit choquée. On s'excuse auprès d'elle à titre personnel», avait-il concédé assurant que son magazine n'était «pas raciste».