France

«Ségur de la santé» : Olivier Véran annonce 33 mesures pour sortir de la crise de l'hôpital public

Une semaine après ses annonces sur les salaires, le gouvernement a dévoilé une série de mesures pour «accélérer la transformation du système» de soins en clôture du «Ségur de la santé».

Le gouvernement arrivera-t-il à mettre un terme à la grogne des hospitaliers qui dure depuis plus d'un an ? C'est en tout cas l'ambition des mesures présentées par Olivier Véran à l'issue du «Ségur de la santé» le 21 juillet.

«Nous avons agi vite et fort parce qu'il le fallait [...]. Il s'agit de remettre de l'humain, mais aussi de remettre des moyens et du sens dans notre système de santé», a plaidé le ministre de la Santé Olivier Véran, cité par l'AFP, en concluant cette concertation de six semaines animée par Nicole Notat et lancée à la suite de la crise sanitaire.

Investissement, gouvernance ou encore organisation territoriale ! L'objectif est de «libérer les établissements de santé et personnels d'un certain nombre de contraintes» ainsi que de «redonner du pouvoir d'initiative et de décision à celles et ceux qui soignent», a résumé l'ancienne numéro 1 de la CFDT.

«L'organisation interne et la gouvernance des établissements doivent pouvoir s'adapter à des situations locales spécifiques», a renchéri Olivier Véran.

Parmi les 33 mesures présentées, le ministre a annoncé une enveloppe de 50 millions d'euros pour créer 4 000 lits «à la demande» dans les hôpitaux dès cet hiver. Cela permettra «de prévoir l'ouverture ou la réouverture de lits dans les structures selon les besoins» pour que les établissements puissent «s'adapter à la suractivité saisonnière ou épidémique».

Cette demande constitue une revendication récurrente des soignants, qui rappellent les nombreuses fermetures de lits ces dernières années. Selon les derniers chiffres officiels, près de 4 200 lits d'hospitalisation ont été supprimés en 2018 en France.

2,1 milliards pour les établissement médico-sociaux

Une enveloppe de dotation sera mise à la disposition des établissements pour «accélérer la réduction de la part de T2A», la très décriée tarification à l'activité, dans le financement des hôpitaux. Ce système, qui fixe les ressources des hôpitaux en fonction des actes effectués, est souvent accusé de pousser à la «course au volume».

Pour accélérer le développement des téléconsultations, le dispositif mis en place pendant la crise du Covid sera prolongé et le principe de connaissance préalable du patient avant une téléconsultation sera assoupli. 

La semaine passée, lors de son discours de politique générale, Jean Castex avait promis d'investir 6 milliards d'euros dans le système de santé.

Ainsi, 2,1 milliards seront consacrés «sur cinq ans» à la transformation, la rénovation et l'équipement dans les établissements médico-sociaux, dont les Ehpad qui accueillent les personnes âgées, a détaillé Olivier Véran. «Au moins un quart des places en Ehpad pourront être rénovées, accessibles et conformes à la rénovation énergétique», a-t-il promis.

Des réactions mitigées chez les professionnels de santé

«On semble sortir d'une logique purement comptable, aussi bien dans la gestion des lits que dans la gestion des établissements, la gestion des hommes et des femmes qui font l'hôpital, pour aller vers une approche beaucoup plus pragmatique», s'est réjoui après les annonces le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux.

Néanmoins, d'autres n'ont pas été convaincus par ces annonces. C'est notamment le cas du docteur Jérôme Marty, président du Syndicat UFML. «Des mesures petits bras pour l’hôpital. Des mesures inapplicables pour l'interim sur le principe de la casse du thermomètre. Rien sur la médecine de ville. Des accords nuls, tape à l'œil... Chronique d'un échec annoncé», a-t-il posté sur son compte Twitter. 

«Le Ségur de la santé prévoit l'ouverture de 4 000 lits [...] Mais ces lits supplémentaires ne compensent même pas les 4 200 lits supprimés en 2018 !», s'est également indigné le député Les Républicains du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont.

«Quant on sait que dans beaucoup de services d'urgences, les patients restent sur des brancards faute de lits, 4 000 lits saisonniers [...] c'est quand même extrêmement minimaliste», a également estimé sur RT France, Michèle Leblon, la présidente de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.

La concertation ne s'arrêtera pas à ces accords de Ségur et se poursuivra au niveau des territoires, a de son côté promis Olivier Véran, avec également un comité de suivi rassemblant l'ensemble des acteurs.