Guyane : une statue de Victor Schœlcher renversée pendant la nuit à Cayenne
La statue de l'abolitionniste Victor Schœlcher a été retrouvée renversée à Cayenne pendant le couvre-feu instauré pour lutter contre la propagation du Covid-19. Une enquête a été ouverte pour dégradation de biens d'utilité publique.
Après des dégradations similaires survenues au mois de mai en Martinique, une autre statue de Victor Schœlcher a été renversée dans la nuit du 17 au 18 juillet 2020 à Cayenne (Guyane), malgré les mesures de restriction prises pour lutter contre l'épidémie de coronavirus. Plusieurs images diffusées sur les réseaux sociaux témoignent de cette action.
«La statue de Victor Schœlcher et de l'esclave libéré, déboulonnée de son piédestal, place Schœlcher à Cayenne. Il y a 15 jours déjà, ce monument historique avait été maculé de peinture rouge. Ce matin, les passants sont venus photographier le piédestal», explique la chaîne publique Guyane la 1ère.
La statue de Victor Schoelcher et de l'esclave libéré, déboulonnées de leur piédestal, place Schoelcher à Cayenne. Il y a quinze jours déjà, ce monument historique avait été maculé de peinture rouge. Ce matin, les passants sont venus photographier le piédestal. pic.twitter.com/AIENM1Nlag
— Guyane la 1ère (@guyla1ere) July 18, 2020
«Avis de disparition inquiétante à la place Schœlcher. 123 ans, c’est le nombre d’années que la statue de Victor Schœlcher aura passé sur son piédestal en plein centre-ville de Cayenne. Une longévité qui a pris fin cette nuit après son déboulonnement», a également commenté le compte Twitter «Journaleuse en Katouri», photos à l'appui.
#Guyane 🔺Avis de disparition inquiétante à la Place Schoelcher
— Journaleuse en Katouri (@_jielem_) July 18, 2020
123 ans. C’est le nombre d’années que la statue de Victor Schoelcher aura passé sur son piédestal en plein centre-ville de #Cayenne. Une longévité qui a pris fin cette nuit après son déboulonnement pic.twitter.com/RVSDgl5Kvy
La LDNA félicite «les militants pour cette action»
«La statue n'était pas fixée sur son socle, ce qui fait qu'elle n'a pas été déboulonnée. Elle a été soulevée et renversée au sol. Manifestement, le voisinage n'a pas été réveillé», a expliqué le procureur adjoint de Cayenne, Jean-Claude Belot, repris par l'AFP.
Cela a dû être fait avec un système de sangles tracté par un véhicule pour faire tomber la statue
Les faits «ont été découverts aux alentours de 2h30 samedi (7h30 à Paris) et portés à la connaissance du commissariat qui a aussitôt commencé l'enquête», a annoncé le magistrat, affirmant également : «Aucune caméra de la ville n'était dirigée sur la statue [La statue gisant au sol] a été récupérée pour les besoins de l'enquête, les prélèvements habituels ont été effectués, puis la statue a été mise en sécurité.»
«Cela a dû être fait avec un système de sangles tracté par un véhicule pour faire tomber la statue, donc cela prend peu de temps […] Et il y a peu de riverains à cet endroit», a par ailleurs indiqué une source policière toujours citée par l'agence de presse.
Sur Twitter, la Ligue de défense noire africaine (LDNA) a salué «les militants pour cette action». «Ils ont eu beau l'avoir surveillée comme un coffre-fort durant des semaines et des semaines, de peur que cela se produise comme en Martinique», a-t-elle ajouté, se réjouissant que la statue ait été «déchouquée», terme antillais synonyme de déboulonner, déraciner.
SCHOELCHER A ÉTÉ DÉCHOUKÉ EN GUYANE !!
— Ligue de défense Noire Africaine (@LDNAOFFICIEL) July 18, 2020
Ils ont eu beau l'avoir surveillé comme un coffre fort durant des semaines et des semaines de peur que cela se produise comme en Martinique après que le 22 mai en Martinique.? Nous félicitons les militants pour cette action 👏🏾#LDNApic.twitter.com/qGVmWjdlPE
La statue représentait Victor Schœlcher (connu pour avoir rédigé le décret de la seconde abolition de l’esclavage en France, ratifié le 27 avril 1848) prenant de son bras gauche un esclave par l'épaule. Bras droit levé, paume de la main ouverte, Schœlcher semble évoquer l'horizon de la liberté. Le monument avait été maculé de peinture rouge il y a peu.
Deux mois plus tôt, Emmanuel Macron avait condamné des dégradations similaires en Martinique, évoquant des actes qui «salissent» la mémoire de l'ancien député et de la République.