L'entraîneur de l'Impact de Montréal Thierry Henry a posé un genou à terre durant huit minutes et 46 secondes en début de rencontre entre son équipe et New England Revolution, à l'occasion de son retour à la compétition en Major League Soccer (MLS) le 9 juillet. Un geste en hommage à George Floyd et de soutien au mouvement Black Lives Matter.
Revêtant un tee-shirt portant l'inscription «Black Lives Matter», le poing levé, la star du football a tenu sur son genou cette durée symbolique correspondant au temps durant lequel George Floyd est resté maintenu à terre par le genou d’un policier avant de succomber.
L’ensemble de l'équipe d'encadrement de l'Impact de Montréal portait les mêmes tee-shirts que l'entraîneur, comme en témoignent les clichés partagés sur Twitter par la ligue nord-américaine de football. Interrogé sur son geste à l’issue du match, Thierry Henry a expliqué avoir «simplement rendu hommage et montré son soutien à la cause».
La star du football avait annoncé sur Instagram qu’il préparait une action pour ce match. «Cela dure depuis trop longtemps et c’est allé trop loin pour que cela soit encore toléré dans la société moderne […] Nous avons urgemment besoin de changement, nous exigeons le changement et surtout nous méritons le changement», avait-il écrit.
Ce genre d'hommage appuyé a déjà été effectué par d'autres personnalités dont Marcus Thuram, le fils du footballeur Lilian Thuram. L'acteur Omar Sy avait participé à Los Angeles à une manifestation où il avait brandi une pancarte avec l'inscription «I can't breathe», la dernière phrase prononcée par George Floyd avant de mourir et qui signifie «je ne peux pas respirer». Même l'ancien ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait assuré être prêt à mettre un genou à terre «si ce symbole-là était utile à combattre le racisme».
Thomas Snégaroff, spécialiste des Etats-Unis, expliquait récemment dans Le Monde que ce geste était intimement lié à l'histoire «des droits civiques aux Etats-Unis et de la prise à témoin des Blancs de la réalité des Noirs». Martin Luther King avait par exemple réalisé ce geste, en mars 1965 à Selma (Alabama), lors d’une des marches pour le droit de vote des Afro-Américains. «Il prie alors avec quelques-uns de ses camarades, genou au sol [...] Ce geste de prière a été rapidement interprété comme le symbole de la non-violence. Il s’agissait pour le pasteur Martin Luther King de prendre à témoin les Blancs de sa soumission en tant que Noir», décrypte l'historien pour Le Monde. Le genou à terre a été également utilisé au milieu des années 2010 par des sportifs souhaitant exprimer leur inquiétude face aux violences policières contre les Noirs.