Covid-19 : après Agnès Buzyn, Roselyne Bachelot et Marisol Touraine ont été auditionnées

- Avec AFP

Covid-19 : après Agnès Buzyn, Roselyne Bachelot et Marisol Touraine ont été auditionnées© Stephane Mahe Source: Reuters
Marisol Touraine a dû s'expliquer en commission d'enquête de l'Assemblée nationale (image d'illustration).
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Deux anciennes ministres de la Santé, Roselyne Bachelot et Marisol Touraine, ont été interrogées par les députés sur la gestion des stocks de masques, qui ont fait défaut durant l'épidémie du coronavirus. Elles ont balayé toute responsabilité.

Le 1er juillet, l'Assemblée nationale a auditionné les deux anciennes ministres de la Santé Marisol Touraine et Roselyne Bachelot.

Elles se sont refusées à «donner des leçons» à leurs successeurs sur la gestion de la crise du coronavirus, tout en soulignant leurs divergences d'appréciation sur plusieurs points.

«Je me garderais bien de donner la moindre leçon», a ainsi déclaré d'emblée Marisol Touraine, ministre de 2012 à 2017, devant la commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire, jugeant que c'était «trop facile, de l'extérieur».

Lui succédant devant les députés, Roselyne Bachelot, au même poste entre 2007 et 2010, a ensuite assuré, dans un style très différent mais presque dans les mêmes termes: «Je me garderai bien de donner des leçons à mes successeurs et de juger leurs actions tant je connais la difficulté de leurs tâches».

Cela ne les a pas empêchées de souligner en creux leurs différences sur la question des stocks de masques de protection, au cœur des questions de députés.

Alors qu'en avril 2010, il atteignait un milliard de masques chirurgicaux et 700 millions de masques FFP2, plus protecteurs, début 2020, lorsque l'épidémie de Covid–19 est arrivée en France, ce stock était en effet réduit à 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes, 40 millions de masques pédiatriques, et plus aucune réserve de FFP2.

Agnès Buzyn, sur le gril, a assuré le 30 juin que le sujet de la surveillance des stocks de masques de protection ne remontait pas spécialement à son niveau.

Si ça s'était passé avec moi, je me serais fâchée très, très fort

«Est-il concevable que pendant trois ans, Agnès Buzyn n'ait eu aucune information sur les stocks de masques ?», a interrogé le rapporteur de la commission Eric Ciotti (Les Républicains).

«Chaque ministre a son organisation et son fonctionnement», a répondu Marisol Touraine, avant d'ajouter: «Si ça s'était passé avec moi, je me serais fâchée très, très fort.»

Elle affirme pour sa part avoir «maintenu l'idée qu'il fallait des stocks importants [et n'avoir] jamais accepté» la doctrine consistant à passer à des «stocks tampon» renouvelés au fur et à mesure, évoquée notamment par Jérôme Salomon, directeur général de la Santé depuis janvier 2018.

«Les quantités de stocks remontaient au niveau de la Direction générale de la Santé une fois tous les trois mois, il y avait des commandes de renouvellement qui étaient passées tous les ans», a-t-elle déclaré, ajoutant qu'à son arrivée au ministère il y avait 730 millions de masques chirurgicaux en stock, et 754 millions lorsqu'elle est partie.

«Si on avait eu ce niveau il y a quelques semaines, la situation aurait été différente, au moins psychologiquement», a encore dit Marisol Touraine.

«Je suis une tenante de la politique des masques. Ce n'est pas au moment où la pandémie se déclare qu'il faut constituer des stocks», a renchéri Roselyne Bachelot, qui a eu à gérer le risque de pandémie de grippe A (H1N1) en 2009.

Ironie du sort, l'épidémie de Covid–19 a signé le retour en grâce de l'ancienne ministre, vue comme l'incarnation d'un principe de précaution oublié par ses successeurs, alors qu'à l'époque elle avait été très critiquée pour avoir commandé trop de vaccins (94 millions de doses, dont seulement six millions avaient été utilisées) face à une pandémie finalement moins grave que redoutée.

Considérer que l'opinion publique doit faire la politique sanitaire du pays, ce qui n'est pas ma vision

«Les procès dont j'ai fait l'objet, les moqueries, les mises en cause [ont été] d'une telle violence et d'une telle injustice que je peux comprendre les craintes suscitées chez certains de mes successeurs. On s'est dit qu'il y avait plus de risques à en faire trop qu'à en faire pas assez», a-t-elle analysé.

«C'est considérer que l'opinion publique doit faire la politique sanitaire du pays, ce qui n'est pas ma vision», a ajouté Roselyne Bachelot, appelant de ses vœux «la création d'une société résiliente, où chaque citoyen s'empare de sa protection», à l'opposé d'une certaine «infantilisation» actuelle, où l'on attend tout «du seigneur du château».

«Enfin, des médecins qui n'avaient pas de masques dans leur cabinet, qui n'ont pas de blouse ? [...] On attend que le préfet ou le directeur de l'ARS [l'Agence régionale de santé] viennent avec une petite charrette pour porter des masques ?», a-t-elle lancé non sans dérision.

La question de l'Eprus

Les deux anciennes ministres ont en revanche livré une analyse différente sur la création en 2017 de Santé publique France, qui a absorbé les fonctions de l'Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus).

Marisol Touraine, qui a supervisé la création de cet organisme, a défendu la nécessité d«une agence intégrée» alors que le «paysage sanitaire était éparpillé», avec «parfois des doublons» et une difficulté à coordonner la recherche, les messages de prévention et les actions opérationnelles.

A l'inverse, Roselyne Bachelot a jugé que l'Eprus, «outil tout à fait remarquable, [devait] garder son autonomie».

«Quand on mélange les contingences quotidiennes avec l'anticipation à long terme, les contingences quotidiennes l'emportent toujours», a-t-elle averti.

Le 30 juin, Agnès Buzyn a martelé qu'elle avait estimé avoir fait son travail de préparation du système de santé avant son départ le 16 février. Elle a même affirmé qu'elle avait anticipé l'épidémie avant les alertes internationales.

Xavier Bertrand, qui a occupé le poste de 2005 à 2007 puis de 2010 à 2012, sera à son tour interrogé le 2 juillet.

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