La France à l'heure de l'état d'urgence sanitaire
- Avec AFP
La France entre officiellement dans une période d'état d'urgence sanitaire de deux mois pour contrer l'épidémie de Covid-19 qui fait rage depuis plusieurs semaines sur le territoire. Retour sur les mesures phares entrant en vigueur.
C'est officiel. Ce 24 mars, la France est entrée en état d'urgence sanitaire pour deux mois, éloignant ainsi la perspective de sortir fin mars du confinement imposé par la pandémie de coronavirus, qui a déjà tué 860 malades (dont 186 pour la seule journée du 23 mars).
Le Parlement a adopté le 22 mars le texte «d'urgence pour faire face à l'épidémie de Covid-19», à l'issue de quatre jours de travaux intensifs en comité restreint. Publié ce 24 mars au Journal officiel, il prévoit un nouveau régime d'«état d'urgence sanitaire», sur le modèle de l'état d'urgence prévu par une loi de 1955, et activé après les attentats de novembre 2015.
La loi sur l'état d'urgence sanitaire permet au gouvernement de restreindre ou d'interdire la circulation, d'adopter des mesures de confinement ou de quarantaine, de limiter les rassemblements, d'ordonner la fermeture provisoire d'établissements et d'entreprises, de contrôler les prix de certains produits et de réquisitionner les personnes, biens et services nécessaires pour lutter contre la pandémie.
Le Covid-19 a fait 860 morts en France depuis le début de l'épidémie, dont cinq médecins, et 2 082 patients étaient en réanimation au soir du 23 mars, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. 20 résidents d'un Ehpad de Cornimont (Vosges) sont notamment morts «en lien possible avec le Covid-19», selon les autorités régionales.
Face à cette aggravation de la situation, le Premier ministre Edouard Philippe a averti le 23 mars que «le temps du confinement peut durer encore quelques semaines».
Les sanctions ont été durcies pour ceux ne respectant pas ces consignes. Les 135 euros d'amende forfaitaire doivent passer à 1 500 euros en cas de récidive «dans les 15 jours», et «quatre violations dans les trente jours» pourront valoir jusqu'à «3 700 euros d'amende et six mois de prison».
Déplacements limités
En vertu d'un décret publié également ce 24 mars au Journal officiel, tout déplacement de personne hors de son domicile est interdit. Certaines exceptions sont toutefois prévues (déplacements professionnels, achats de première nécessité, exercice physique etc.), à condition de se munir d'une attestation.
Transports et livraisons encadrés
Dans les autobus comportant plusieurs portes, les voyageurs ne peuvent monter par la porte avant. La vente de billets à bord est suspendue. Des règles d'hygiène et de «distanciation sociale» strictes sont fixées pour les transports de marchandises.
Les livraisons sont également encadrées : pas de contact entre les personnes, pas de signature d'accusé de réception, les colis doivent être laissés devant la porte du destinataire, etc.
Suspension des marchés
«La tenue des marchés, couverts ou non et quel qu'en soit l'objet, est interdite», précise le décret.
Les préfets peuvent toutefois autoriser certains marchés alimentaires répondant «à un besoin d'approvisionnement de la population» s'ils accueillent moins de 100 personnes simultanément.
Lieux de cultes ouverts mais rassemblements interdits
Les lieux de culte peuvent rester ouverts mais tout rassemblement en leur sein est interdit, à l'exception des cérémonies funéraires dans la limite de 20 personnes.
Le décret rejoint ce qu'avait déclaré Emmanuel Macron le 23 mars, lors d'une audioconférence avec les représentants des cultes . Le chef de l'Etat avait alors fait savoir que les fêtes religieuses d'avril (Pâques juive et chrétienne, et le début du ramadan) devraient se faire «sans rassemblement».
Masques réquisitionnés, prix des gels limités
Le décret limite les prix des gels hydro-alcooliques et réquisitionne les masques de protection respiratoire détenus par «toute personne morale», pour en garantir l'accès prioritaire aux professionnels de santé.
Un arrêté précise que des masques issus du stock national peuvent être distribués gratuitement aux professionnels de santé et aux personnes intervenant auprès de personnes âgées ou handicapées.
Un nouvel avis scientifique attendu
Selon l'AFP, le confinement total serait réclamé par le corps médical mais le président de la République, Emmanuel Macron, s'y opposerait, préférant un contrôle plus strict des mesures actuelles. Un nouvel avis du Conseil scientifique est attendu ce 24 mars, selon cette même source.
Certains maires ont néanmoins pris les devants avec des mesures plus radicales : dans la Drôme, Valence est passée au couvre-feu depuis le 21 mars, de 21h à 6h, jusqu'au 31 mars. Au total, plus d'une trentaine de villes sont soumises au couvre-feu.