Les élections municipales peuvent-elles être reportées à cause du coronavirus ?
La propagation du coronavirus entraîne des annulations d'événements en cascade. A tel point que se pose la question d'un report des élections municipales. Mais le gouvernement assure que ce n'est pas à l'ordre du jour, et les maires y sont opposés.
La question était impensable il y a deux semaines, elle est aujourd'hui plus que jamais d'actualité. Les élections municipales pourront-elles se tenir comme prévu les 15 et 22 mars malgré le coronavirus ? Depuis l'apparition des premiers cas en France – 285 confirmés le 4 mars, les annulations d'événements se multiplient afin d'éviter toute accélération de la propagation de l'épidémie Covid-19.
Le gouvernement se veut toutefois rassurant : «Il n'est absolument pas à l'ordre du jour de repousser les élections municipales», a assuré la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye le 4 mars à l'issue du Conseil des ministres. «Nous ne considérons pas que la situation sanitaire justifierait à ce stade un recul des élections municipales», a-t-elle ajouté. D'autant que cela se heurte à un obstacle juridique. «La date des élections est fixée dans la loi, et le report ne pourra être possible que dans les limites du mois de mars. Pour reporter les élections, il faudrait une loi», a expliqué à l'Assemblée nationale Laurent Nunez, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur.
À ce stade, il n'est pas prévu de reporter les élections municipales.
— Laurent Nunez (@NunezLaurent) March 4, 2020
En lien avec @MinSoliSante et les associations d'élus, le ministère de l'Intérieur étudie les mesures prophylactiques pour garantir le bon déroulement des opérations de vote. pic.twitter.com/O97RoighD6
L'exécutif peut s'appuyer sur les maires, qui ont rejeté d'un revers de la main un éventuel report des élections. «Les élections municipales sont les élections par excellence qui fondent le socle démocratique», a affirmé sur France Info Agnès Le Brun, porte-parole de l'Association des maires de France (AMF) pour qui «reporter ces élections serait très compliqué». Pas question non plus de décaler le scrutin uniquement dans les communes les plus touchées par l'épidémie. «Ce serait une rupture de l'égalité républicaine puisque les résultats d'un département pourraient influer sur ceux d'un autre», a-t-elle ajouté.
Une campagne perturbée
Reste que la campagne électorale est chamboulée dans de nombreuses communes. En cause, l'annulation de nombreuses réunions publiques. C’est le cas dans le Morbihan et dans l'Oise où tous les rassemblements publics ont été interdits, par arrêté de la préfecture.
#coronavirus#covid19#Oise ℹ️ précisions sur le champ d'application de l'arrêté du 29 février 2020 portant interdiction des rassemblements dans le département. pic.twitter.com/2ugeqQJSwu
— Préfet de l'Oise (@Prefet60) March 2, 2020
Difficile aussi pour les candidats d'aller à la rencontre des électeurs, quand les poignées de main sont exclues. «Serrer des mains sur les marchés, claquer des bises, c’est à proscrire», a d'ailleurs déclaré Sibeth Ndiaye sur France Info le 2 mars.
A Crépy-en-Valois, dans l'Oise, l'un des deux foyers de l'épidémie de Covid-19 en France, la campagne est devenue presque impossible. Philippe Pinilo, un des candidats (sans étiquette) de cette ville de 15 000 habitants est d'ailleurs confiné chez lui. «Moi c'est ma première campagne en tant que tête de liste, donc je dirais que c'est une découverte originale», a-t-il ironisé auprès de France Info. Idem pour le maire sortant Bruno Fortier (sans étiquette), lui aussi confiné depuis qu'il a été testé positif. «Je suis porteur de cette "cochonnerie"», a-t-il écrit sur sa page Facebook. «Tous les rassemblements, toutes les réunions publiques qui étaient prévues sont interdites», a-t-il expliqué au micro de France Info. Et certains candidats de cette commune se posent donc la question d'un éventuel report. «J'espère que non, pour l'aspect démocratique», a réagi Arnaud Foubert, ancien maire et candidat sans étiquette.
Comme l'a conseillé Sibeth Ndiaye qui souhaite «que les campagnes se poursuivent en s’adaptant à la nouvelle donne», les candidats ont trouvé des solutions pour continuer de s'adresser aux électeurs. A Villeurbanne, le député LREM Bruno Bonnell et Emmanuelle Haziza (ex-LR) organiseront notamment un meeting virtuel. «Nous préférons le principe de précaution plutôt que la prise de risques. La responsabilité d’une maire est de protéger sa population», écrit l’avocate, tête de liste pour l’hôtel de ville, sur son compte Twitter.
Nous préférons le principe de précaution plutôt que la prise de risque. La responsabilité d’une maire est de protéger sa population. Apportons le changement à Villeurbanne aussi dans les méthodes! #villeurbanne#coronaviruspic.twitter.com/kGVrwL23vk
— Emmanuelle HAZIZA (@Ehaziza69100) March 2, 2020
Une participation en baisse ?
Une chose est sûre, même en cas de maintien des élections – comme cela se profile – nombre d'électeurs vont renoncer à se rendre dans l'isoloir le 15 mars. «L’angoisse, la crainte peuvent pousser des gens à renoncer à aller voter», avait à ce propos déclaré Marine Le Pen le 29 février, lors d’une conférence de presse à Lens.