Le journal Le Parisien dévoile de nouveaux dessous de l'enquête au sujet de la tuerie de masse à la préfecture de police de Paris par le fonctionnaire islamiste radical Mickaël Harpon du 3 octobre 2019.
Selon les informations de ce journal, les nouvelles révélations démontrent sans ambiguïté le caractère terroriste de cette attaque. Le quotidien d'Ile-de-France fait notamment état des recherches internet auxquelles les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire et de la Brigade criminelle parisienne ont finalement eu accès... Non sans avoir rencontré, selon Le Parisien, les plus grandes difficultés à récupérer les données de cet informaticien de la Direction du renseignement de la préfecture de police. Un véritable «tour de force», selon le journal.
Selon cette même source, l'analyse des moyens informatiques de Mickaël Harpon (téléphones, supports de mémoire et ordinateurs) aurait démontré qu'il a recherché sur internet une heure avant l'attaque les mots-clefs «tuer des mécréants», ainsi que le terme «kouffars» (mécréants en arabe phonétique). Plus étonnant, il aurait également recherché des informations au sujet de l'infidélité dans le couple et de billets d'avion pour se rendre en pèlerinage à la Mecque.
Le journal précise qu'«aucun plan d'action précis n'aurait en revanche été détecté» et rappelle que le matin de la tuerie, Mickaël Harpon avait fait l'acquisition de deux couteaux dans le quartier de la préfecture pour commettre cet attentat. Le Parisien ne précise toutefois pas de quel type de couteaux il s'agissait.
Selon une source policière, contactée par RT France début février, un de ces couteaux serait un couteau à huître et il aurait pu s'agir, toujours selon cette même source, d'une référence pour l'assassin malentendant au sobriquet dont il avait hérité en raison de son handicap au sein de la DRPP : «L'huître». Le Parisien précise cependant que «des sources proches de l'enquête» ont décrit «un profil hybride» de ce converti à l'islam, «évoluant aux confins du terrorisme et de la psychiatrie».
Interrogé à ce sujet en conférence de presse par RT France le 5 février, la commission d'enquête de l’Assemblée nationale a botté en touche, reconnu que Mickaël Harpon avait rencontré des difficultés relationnelles au travail et qu'il ressentait de la «frustration»... Il pourrait cependant être intéressant de s'interroger sur la relation entre ce ressentiment et la longue pente radicale qu'a suivie le tueur islamiste qui travaillait dans un service de renseignement français avant de passer à l'acte.
Des révélations qui tombent le jour de l'audition de Laurent Nunez devant la commission d'enquête
La grande difficulté que les services de renseignements français ont rencontré pour récolter des informations sur les recherches internet de Mickaël Harpon le jour de l'attaque expliquent probablement le temps qu'il aura fallu pour que ces révélations surviennent, quelque quatre mois plus tard, ce 26 février. Il se trouve justement que c'est ce même jour que le secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur, Laurent Nunez sera entendu par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale présidée par le député LR Eric Ciotti.
Il n'est d'ailleurs pas évoqué dans cet article du Parisien la position qu'occupait Laurent Nunez dans l'organigramme de la préfecture de police de Paris, à l'époque des premiers signalements oraux qui ne seraient pas remontés jusqu'à la direction : le bras droit de Christophe Castaner était directeur de cabinet du préfet de police de Paris de 2012 à 2015, c'est-à-dire numéro deux de la PP, à l'époque où Mickaël Harpon aurait tenu des propos ambigus sur l'attaque terroriste islamiste contre le journal Charlie Hebdo.
Répondant à RT France en conférence de presse le 5 février, sur une éventuelle «déconnexion de la hiérarchie» dans cette affaire, le rapporteur LREM de la commission d'enquête de la chambre basse du parlement, Florent Boudié, a mis en exergue un dysfonctionnement dans la transmission de ces information sensibles, exemptant ainsi les plus hauts responsable de la DRPP : «Ce que nous constatons, c’est que la remontée d’informations n’a pas dépassé le stade du chef de section : c’est-à-dire le supérieur hiérarchique immédiat de Mickaël Harpon.»
Lors de la conférence de presse d'étape de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale le 5 février, les députés ont déclaré qu'une des hypothèses envisagées dans leurs futures préconisations après la fin de l'enquête, était de placer la DRPP sous la houlette de la DGSI. Eric Ciotti a notamment fait part de la «sidération» des élus de la commission en découvrant les failles sécuritaires de la DRPP.
Antoine Boitel