Fessenheim : la fermeture de la centrale est définitivement programmée, malgré des réticences
- Avec AFP
La centrale de Fessenheim verra un de ses réacteurs se mettre à l'arrêt définitivement cette semaine. Le gouvernement se félicite de cette avancée, mais un député s'inquiète de retombées négatives sur l'emploi et l'approvisionnement énergétique.
Le décret confirmant l'arrêt total et définitif des réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim avant la fin juin 2020 a été signé par le gouvernement qui a salué le 18 février une «première étape dans la stratégie énergétique de la France».
Le décret, paraphé le 17 février par Edouard Philippe et la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne et paru le 18 février au Journal officiel, «entre en vigueur le 22 février 2020 pour le réacteur N.1 et au 30 juin 2020 pour le réacteur N.2». Il «abroge l'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim dont EDF est titulaire». La doyenne des centrales françaises doit donc en partie s'arrêter dès la fin de cette semaine. La fermeture du second réacteur de Fessenheim est prévue en juin.
Matignon s'est ainsi félicité dans un communiqué : «Cet événement, annoncé et repoussé de manière récurrente par les précédents gouvernements [...] constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France, qui vise un rééquilibrage progressif entre l’électricité d'origine nucléaire et l’électricité d’origine renouvelable tout en poursuivant la baisse des émissions de gaz à effet de serre issues de la production d'électricité grâce à la fermeture des centrales à charbon d’ici 2022.»
Le Premier ministre a également vanté «l’esprit de responsabilité d’EDF et de ses organisations syndicales, mobilisés pour apporter le meilleur accompagnement social possible pour l’ensemble des salariés concernés».
Le député Les Républicains du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger, président d'une mission d'information sur le suivi de la fermeture du site, a cependant estimé le 18 février que l'Etat n'était «pas au rendez-vous» et a alerté sur «les conséquences pour le territoire». Avec l'arrêt de la centrale, Raphaël Schellenberger a aussi pointé la suppression de «plus de 2 000 emplois» directs ou indirects, l'impact sur les commerces ou l'immobilier. «Le gouvernement s’est engagé dès 2018 avec les élus locaux dans la préparation d’un projet de territoire pour l’avenir de Fessenheim, finalisé en février 2019», a pour sa part rappelé Matignon, en renouvelant «le soutien du gouvernement à la pleine réalisation des actions de ce projet.»
Raphaël Schellenberger plaide encore contre «un probable abandon» de l'installation d'un «technocentre» consacré aux déchets métalliques à Fessenheim. Le ministre de la Transition écologique avait émis le mois dernier des doutes sur ce projet d'EDF. Le député LR a aussi déploré des retombées négatives «à l'échelle européenne» concernant des risques pour l'approvisionnement énergétique de la région, au vu de fermetures de centrales électriques prévues également en Allemagne et en Suisse.