France

Poste de «manager de rue», «100 000 euros» pour acheter un logement: Griveaux détaille son programme

En vue des municipales, Benjamin Griveaux a détaillé les mesures de son programme pour redresser «sérieusement» la capitale. Les propositions choc du macroniste ont suscité l'ire de l'opposition... et une certaine ironie.

Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris préféré par le parti à Cédric Villani, a présenté les principales mesures de son programme pour les élections municipales de mars 2020 dans un entretien avec le journal Le Parisien, le 1er février. Apport de la Ville de Paris de «100 000 euros pour un achat en résidence principale», privatisation totale de la collecte des déchets, création d'«un nouveau métier : celui de manager de rue», ou encore le désormais célèbre «Central park» parisien, figurent dans le projet de Benjamin Griveaux pour la capitale française.

«300 millions d'économies par an»

Jugeant que qu’Anne Hidalgo, maire PS actuelle, et ses prédécesseurs n’ont pas «sérieusement» administré la ville de Paris, laissant dans leur sillage 4 à 6 milliards d’euros de dettes, le candidat LREM souhaiterait, après «un audit financier complet sur la Ville et tous ses opérateurs», «réaliser 300 millions d'économies par an» pour redresser le navire parisien mal en point : Fluctuat nec mergitur

Pour ce faire, Benjamin Griveaux table sur la suppression des 500 véhicules de fonction, les «35 heures pour les agents de la Ville», «environ 400 à 500 postes supprimés au sommet de la pyramide» et au total, ce seront «5 000 départs à la retraite non remplacés sur la durée du mandat, bien entendu modulés selon les services».

«Manager de rue»

Afin de réduire les investissements publics, Benjamin Griveaux voudrait «privatiser la collecte des déchets pour permettre aux agents de la ville qui s'en occupaient jusqu'alors de se consacrer au nettoyage des rues à 100 %». La propreté des rues parisiennes semble par ailleurs tenir réellement à cœur le candidat LREM, puisque celui-ci songe sérieusement à «créer un nouveau métier : celui de manager de rue». «Ils seront 1 000, par redéploiement interne. Chacun aura en charge un pâté de maison de cinq ou six rues et aidera à régler les problèmes de l'espace public : un trottoir endommagé, un trou dans la chaussée, un lampadaire cassé…» Ces «managers de rue» auront également pour objectif de faire remonter les informations sur l’état de la voirie parisienne aux maires d’arrondissements. Lesquels verront leurs attributions réévaluées, comprenant désormais «la propreté, la voirie et les espaces verts».

«Investissement de 2 milliards d'euros» dans le logement

«On compte aujourd'hui environ 100 000 logements vacants», remarque le candidat macroniste. Et pour cause, la capitale, du fait de la spéculation immobilière, de sa taille très limitée, et d’acquéreurs étrangers présents uniquement à une période précise de l’année, compte de nombreux appartements vides en mal de locataires ou d’acheteurs. Pour répondre à cet enjeu de taille, l’ancien porte-parole du gouvernement propose d’une part de mettre en place «un organisme qui apportera jusqu'à 100 000 euros pour un achat en résidence principale». «Ce n'est pas un prêt, mais un apport. Et au moment de la revente, la ville prendra une part de la plus-value qui sera plafonnée autour de 20 % du prix du bien», explique-t-il ensuite. Et de continuer : «Ce dispositif pourra se faire pour environ 20 000 logements pendant le mandat. Ce qui correspondra à un investissement de 2 milliards d'euros.»

Et d’autre part, de louer, au titre de la Ville de Paris, une partie plus ou moins importante des logements vacants, qu'«elle s'occupera de sous-louer à ceux qui en ont besoin». Benjamin Griveaux n’a toutefois pas expliqué comment il inciterait les propriétaires, notamment étrangers, ne désirant pas louer leur résidence secondaire une partie de l’année.

Entre tacles et ironie, les propositions de Griveaux ne font pas l'unanimité

Le candidat PCF à la mairie de Paris, Ian Brossat, a taclé son adversaire politique, en soulignant une contradiction entre son action en tant que membre du gouvernement et ses promesses de candidat aux municipales : «Va comprendre la logique : aider les locataires à coup d'APL, c'est mal car "inflationniste". Filer 100 000 euros à de futurs propriétaires, en revanche, ça ne pose pas souci. Le monde selon Griveaux.»

A droite, Pierre Maurin (LR), soutien de Rachida Dati, a en revanche déploré au sujet de cette même proposition : «Une nouvelle mesure de Benjamin Griveaux qui va alimenter la spéculation immobilière ! La surenchère continue !»

«Pour "régler les problèmes de l'espace public", Griveaux veut créer un nouveau métier à Paris : "manager de rue" (sic). C’est pathétique, les macroniens n’ont qu’un modèle : le monde des affaires, et ils ne connaissent qu’un lien social : l’entreprise», a pour sa part commenté Gérard Miller, sympathisant de La France insoumise.

Les politiques ne sont pas les seuls à avoir raillé le projet de Benjamin Griveaux. Le média satirique Le Gorafi s'est ainsi fendu d'un tweet légèrement taquin : «Benjamin Griveaux promet jusqu'à 100 000 euros à tous ceux qui pourront prouver qu'ils ont voté pour lui, au moins 350 jours d'ensoleillement à Paris par an, un RER jusqu'à la mer, la semaine des quatre jeudis, 100 balles, et un mars [...] Benjamin Griveaux s'engage à ce que le PSG remporte les 5 prochaines Ligues des Champions.»

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