Nouveau coup dur pour le gouvernement au sujet de son très contesté projet de réforme des retraites. Selon un document de trois pages que s'est procuré le Parisien, daté du 15 janvier et remis au ministère des Armées, les militaires y sont – comme beaucoup de professions – défavorables.
Après étude du projet, les membres du Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM), une instance de consultation et de concertation du personnel militaire français, estiment que certaines dispositions fragilisent le «modèle d'armée [de la France] et la condition militaire». Et ce, malgré les promesses de l'exécutif qui affirmait que les militaires auraient la possibilité de prendre leur retraite après une carrière de 17 à 27 années selon les rangs. «On ne veut pas se retrouver avec un régiment de combattants de 63 ans», déclarait Edouard Philippe dans les colonnes du Parisien, le 13 décembre 2019.
Selon le CSFM, les militaires seraient également soumis à un bonus ou à un malus sur leur pension, en fonction de l’âge de départ. Le texte pointe ainsi du doigt «le calcul des décotes qui peut se traduire par des abattements de l'ordre de 20% […], des décotes dissuasives pouvant aller au-delà de 60%». Le Conseil évoque encore «une discordance entre l'objectif poursuivi par le projet législatif et l'impératif de jeunesse imposé par la loi à nos armées».
«Une baisse des pensions» pour «certains militaires»
Autre point de discorde pour les militaires à propos de la réforme des retraites : la règle qui prévoit de calculer le montant de la pension sur l’ensemble de la carrière, quand il n'est calculé aujourd'hui que sur les six derniers mois. «Cela engendrera inexorablement une baisse des pensions [pour] certains militaires n'étant pas ou peu primés», déplore le Conseil.
Les premiers impactés par ce nouveau calcul seraient des militaires du rang, dont «la rémunération n'évolue qu'en fin de carrière», mais aussi les «jeunes sous-officiers et officiers mariniers».
Alors que les manifestations se multiplient pour protester contre cette réforme, impossible de voir les militaires défiler aux côtés des autres corps de métier. En effet, d'après l'article L4121-4 du Code de la défense, «l'exercice du droit de grève est incompatible avec l'état militaire».
Les soldats et les gendarmes sont même privés de représentation syndicale. En 2014, la Cour européenne des droits de l'homme avait d'ailleurs condamné la France pour son interdiction absolue des syndicats au sein de l’armée.
Lire aussi : Contre la réforme des retraites, un nouveau concert sur le parvis de l'Opéra de Paris