France

«Continuer à expliquer et concerter» sur les retraites : Macron et Philippe contre-attaquent

La «carte» pédagogique n'avait pas encore été brandie par l'exécutif sur le dossier des retraites, c'est chose faite. Emmanuel Macron a fait savoir que le gouvernement allait «continuer à expliquer», alors que la grève atteint son 41e jour.

Emmanuel Macron a affirmé, ce 14 janvier à Pau (Pyrénées-Atlantiques), que le gouvernement allait «continuer à expliquer et concerter» sur la réforme des retraites, afin de lever une «inquiétude» selon lui «légitime». «Quand on prend la peine d'expliquer et d'écouter, on peut lever beaucoup d'ambiguïtés», a encore ajouté le président français au cours de la visite d'une usine de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. Même si, a-t-il précisé, «on ne lèvera pas le mécontentement de gens qui protègent [des régimes spéciaux] auxquels je me suis engagé à mettre fin.» 

Au 41e jour de la grève, Emmanuel Macron a fait, durant une dizaine de minutes, la pédagogie de cette réforme très contestée, après des semaines durant lesquelles il a laissé le Premier ministre Edouard Philippe en première ligne : «Je suis convaincu que c'est le seul moyen de recréer de la confiance et de défendre ce à quoi nous, Françaises, Français, sommes attachés, qui est ce qu'on appelle le modèle par répartition [...] qui seul permettra de consolider un modèle où les actifs continuent de financer la retraite des retraités. [...] Cela suppose des changements et de projeter progressivement tout le monde vers un système qui est plus simple, juste et universel.»

Selon Emmanuel Macron, le modèle actuel et ses 42 principaux systèmes, «avait créé des injustices qui nourrissaient la défiance. [...] Comment expliquer que quand vous alliez conduire le bus qu'on a vu tout à l'heure à hydrogène de la ville [de Pau], vous alliez partir à 62 ans [alors qu'avec] un bus à peu près comparable, à la Régie autonome des transports parisiens [RATP], vous alliez partir cinq à dix ans plus tôt ?»

L'inquiétude est légitime parce qu'on n'aime jamais le changement

Et le chef d'Etat de souligner : «L'inquiétude est légitime parce qu'on n'aime jamais le changement», avant de reconnaître que le gouvernement devait «bien évidemment continuer d'expliquer, de clarifier et aussi de discuter parce qu'il faut toujours discuter.»

Le Premier ministre a pour sa part déclaré ce 14 janvier lors de la séance des questions au gouvernement qu'il «pens[ait]» que la conférence de financement réunissant les partenaires sociaux proposerait à la fin de ses travaux «une mesure d'âge» afin d'équilibrer le système des retraites : «L'ensemble de mesures [que pourrait soumettre cette conférence] contiendra-t-il une mesure d'âge ? Je le pense.»

Cette déclaration intervient après qu'Edouard Philippe a déclaré, le 11 janvier, «être disposé à retirer» sa propre proposition d'instaurer un «âge pivot». Ce retrait se ferait sous conditions : le Premier ministre a proposé qu'une «conférence de financement» soit réunie avec les partenaires sociaux pour «proposer les mesures permettant d'atteindre l'équilibre financier en 2027». Faute d'accord de cette conférence d'ici «la fin du mois d'avril 2020», le gouvernement prendrait par ordonnance les mesures nécessaires pour atteindre cet équilibre en 2027.

Cette annonce sur l'âge pivot n'a pas convaincu la plupart des formations politiques et organisations syndicales opposées à la réforme des retraites : après plus de cinq semaines de mobilisation, les grèves continuent. Six Français sur dix soutiennent toujours les manifestations et les grévistes opposés à la réforme, selon le baromètre Harris interactive RTL AEF Info réalisé le 13 janvier.

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