Grève du 5 décembre : les syndicats de police haussent le ton face au gouvernement
Après les menaces, les actes ? Deux des principaux syndicats policiers appellent leurs troupes à se mobiliser à partir du 5 décembre. Ils protestent, eux aussi, contre la suppression de leur régime spécifique de retraite.
Les syndicats de police vont-ils mettre leurs menaces à exécution ? Après les syndicats de la RATP, de la SNCF ou encore d'Air France et des enseignants, Alliance et Unsa Police, deux des principaux syndicats de police, appellent à des «actions reconductibles» à partir du 5 décembre, comme ils l'avaient déjà envisagé le 19 novembre, si le gouvernement ne recule pas sur la réforme des retraites.
— UNSA POLICE (@UNSAPOLICE) December 2, 2019
Dans un tract, l'UNSA dénonce le manque de «considération du gouvernement». Un ras-le-bol général qui devrait, selon le syndicat, se traduire par des actions : fermeture symbolique de commissariats, grève des PV, interventions uniquement sur appels d'urgence, et contrôles renforcés dans les aéroports et aux péages.
DERNIÈRE SOMMATION AVANT BLACK-OUT !
— ALLIANCE PN (@alliancepolice) November 19, 2019
Malgré 27 000 Policiers dans la rue le 02 octobre dernier, l’administration nous ignore !
FAISONS NOUS ENTENDRE LE 05 DÉCEMBRE !@alliancepolice@Place_Beauvau@PoliceNationale@CCastanerpic.twitter.com/wGvAFuixQT
De son côté, l'UNPI, une association de policiers qui se présente comme apolitique et asyndicale, demande aux policiers de «saisir le code 561 sur la main courante informatisée», c'est-à-dire se mettre en mode pause.
Les syndicats sont vent debout contre la réforme des retraites. Actuellement, les policiers bénéficient d'une bonification spéciale dite «quinquennale», qui leur offre une annuité (quatre trimestres) de cotisation tous les cinq ans. Elle est plafonnée à cinq annuités et, pour y être éligible, le fonctionnaire doit avoir exercé 27 ans.
Des policiers déposent leur casque
Depuis le début du mois, les policiers montrent leur exaspération et multiplient les menaces de traduire leur mécontentement par des actes. Le 2 décembre, à leur initiative, une centaine de CRS avait symboliquement déposé casques et matraques devant la caserne de Chevilly-Larue, près de Rungis, (Val-de-Marne) pour réclamer le maintien de leur système de retraite.
En outre, l'autre grand syndicat policier, Unité SGP Police, a appelé tous les agents travaillant de nuit «à ne sortir que sur appel au 17», afin de protester contre leurs conditions de travail et de rémunération.
Dans un communiqué intitulé «les nuiteux dans l'action», Unité SGP Police dénonce «les cycles horaires inadaptés, des retards de paiement, des effectifs insuffisants, le mépris», et appelle tous les agents de nuit à rejoindre le mouvement qui a été initié par les policiers du Maine-et-Loire.
Ces fonctionnaires sont invités à ne faire aucune ronde, et à n'aller sur le terrain que sur appel.
Le syndicat réclame «le versement immédiat des heures de nuit non réglées, une revalorisation du montant de l'heure de nuit, la mise en place d'une indemnité forfaitaire mensuelle, la prise en compte du statut du travailleur de nuit pour le calcul des retraites et des cycles de travail en adéquation avec les attentes des collègues».
La direction rappelle ses troupes à l'ordre
Dans un télégramme adressé le 2 décembre à tous les services, le directeur général de la police nationale (DGPN), Eric Morvan a tenu à rappeler «les règles déontologiques qui s'imposent aux policiers dans l'exercice du droit de manifester en prévision de la journée du 5 décembre».
«Ce droit ne peut s'exercer sur le temps de service, en tenue d'uniforme, en portant le brassard ou encore en utilisant des moyens de service», a notamment précisé le DGPN. Cela suffira-t-il à calmer la colère des policiers ?