«Clause du grand-père» : cette mesure de la réforme des retraites qui divise l’exécutif
Après une sortie remarquée sur la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye a été recadré par plusieurs membres du gouvernement. Edouard Philippe est apparu «mécontent» alors qu'un mouvement social de contestation est prévu pour le mois prochain.
Nouveaux remous en macronie. A quelques semaines de sa présentation en conseil des ministres, la réforme des retraites continue de provoquer des dissensions au sein de l’exécutif. Le 6 novembre, dans un entretien au Parisien, Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, a mis le feu au poudre en critiquant fermement la «clause du grand-père», cette piste imaginée par Emmanuel Macron en cas de conflit social majeur, qui permettrait de n’appliquer la réforme à venir qu’aux futurs entrants sur le marché du travail plutôt qu’à tous les salariés.
«J’ai toujours dit que si on appliquait de façon généralisée la "clause du grand-père", cela reviendrait à créer un quarante-troisième régime. C’est impossible ! Si on fait la "clause du grand-père" pour une profession, il faut la faire pour tout le monde, question d’équité, ça veut dire que l’on renonce à la réforme», a-t-il assuré dans les colonnes du quotidien régional. Petit problème, dans la soirée du 6 novembre, intervenant sur l’antenne de BFMTV, le Premier ministre Edouard Philippe a lui confirmé que le gouvernement avait «ouvert toutes les pistes s’agissant de la transition» vers le nouveau système y compris celle de la «clause du grand-père».
Recadrage en conseil des ministres
Interrogée à la sortie du conseil des ministres le 7 novembre, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a tenu à rappeler que «c’est le premier ministre qui est le chef du gouvernement et qui à ce titre met en œuvre la politique qui lui est demandée par le président de la République». Pour ce qui est de la «méthode», Sibeth Ndiaye a précisé qu’il «s’agit à la fois d’articuler des discussions, des concertations, de la négociation, avec les organisations syndicales et patronales» et ce «sur l’ensemble des sujets».
Alors que le haut-commissaire était absent du conseil des ministres, la porte-parole a souligné que «Jean-Paul Delevoye a indiqué une préférence qui était la sienne pour que l’on puisse avoir une transition qui ne soit pas trop longue». Même son de cloche chez Stanislas Guerini, délégué général de La République en marche (LREM), présent sur le plateau de LCI le 7 novembre : «Jean-Paul Delevoye dit qu’il n'est pas pour que la réforme ne s'applique qu'aux nouveaux entrants pour l'intégralité des professions. Il est le haut-commissaire qui mène cette réforme, il est légitime, il a le droit de donner cette opinion.»
Si d’apparence le gouvernement ne semblait pas déstabilisé par l’annonce de Jean-Paul Delevoye, en coulisses l’ambiance était tout autre. Selon des informations de Franceinfo, citant «un proche du Premier ministre», Edouard Philippe est apparu «très mécontent», ne comprenant pas qu’un membre du gouvernement puisse «acter ainsi publiquement son désaccord sur un sujet aussi explosif». «J’ai dit ce que j’avais à dire, le message est passé», a expliqué un proche d’Edouard Philippe, toujours auprès site d’informations.
Un rappel à l'ordre qui semble avoir porté ses fruits puisque l'entourage du haut-commissaire, réagissant auprès de l'AFP, a confirmé ce 8 novembre que Jean-Paul Delevoye était «là pour faire avancer le dossier, la concertation, et se ranger derrière la décision qui sera celle du gouvernement». «L'objectif d'un système universel à points est l'objectif qui réunit l'ensemble du gouvernement», a insisté la même source, toujours auprès de l'agence de presse.
Ayant récemment laissé entendre qu’il pourrait privilégier la piste de la «clause du grand-père», Emmanuel Macron s’est également montré agacé alors que le projet de loi devrait être présenté et déposé au Parlement après les élections municipales de mars prochain et qu’un mouvement social de grande ampleur débutera le 5 décembre.