Laïcité: la polémique fait rage autour d'une affiche électorale de la FCPE montrant une femme voilée
Plusieurs polémiques sont nées sur les réseaux sociaux de la révélation d'une affiche de la fédération de parent d'élève FCPE revendiquant que des femmes portassent le voile pendant les sorties scolaires, en rupture avec la loi de 2004.
La révélation sur les réseaux sociaux d'une affiche partagée en interne au sein de la fédération de parents d'élèves FCPE en vue des prochaines élections a provoqué une nouvelle polémique sur la question de la laïcité à l'école.
Un naufrage de plus, celui de la #FCPEpic.twitter.com/pCaeb5Q5HA
— Nassim Seddiki (@NSeddiki) September 22, 2019
Sur le visuel, on voit en effet une femme voilée avec une petite fille accompagnée de l'accroche : «La laïcité c'est d'accueillir tous les parents sans exception.» Le message a été perçu comme une remise en question du principe de laïcité à l'école publique, et chacun y est allé de sa déclaration pour s'insurger ou pour défendre au contraire la FCPE.
«Il s'agit d'une rupture avec les valeurs de la [République] telles que l'[égalité] ou la [fraternité] et d'une atteinte aux droits et à l'émancipation des [femmes]», a notamment twitté la députée Les Républicains Valérie Boyer.
La publicité de la #FCPE promeut sans détournement le port du voile des mamans accompagnatrices. Il s'agit d'une rupture avec les valeurs de la #République telles que l'#égalité ou la #fraternité et d'une atteinte aux droits et à l'émancipation des #femmes.https://t.co/PEn1rXzt0q
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) September 24, 2019
L'eurodéputé Rassemblement national, Jordan Bardella, a estimé de son côté qu'«il n'y a pas de capitulation face à l'islamisme : elles sont toutes graves, dangereuses et inexcusable».
La loi du 17 mars 2004 interdit en effet les signes religieux ostensibles (foulard, kippa etc.) à l'école publique. Le débat s'est ensuite déplacé sur le sujet des mères accompagnatrices des sorties scolaires, une circulaire du ministre de l'Education Luc Chatel en 2012 leur demandant de ne pas porter de signe religieux ostentatoire.
Condamnation du ministre de l'Education nationale
«Il faut avoir le sens de l'histoire, cette fédération de parents d'élèves a été fondée sur la laïcité donc c'est extrêmement paradoxal, je pense que c'est une erreur de leur part, j'espère qu'ils vont la corriger», a déclaré sur RMC-BFM TV, le 24 septembre le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, au sujet de l'affiche.
Plus loin, le ministre a estimé que «flatter le communautarisme pour avoir des voix n'est pas une bonne chose».
Une position qui manifestement n'est pas du goût du co-président de la fédération qui a suscité la controverse, Rodrigo Arenas, qui a déclaré auprès de l'AFP que cette réaction était «scandaleuse». Il a rappelé au passage que le choix de l'utilisation de cette affiche était librement laissé aux sections locales «en fonction des réalités de terrain».
Le syndicat a aussi reçu de nombreux soutiens : «Gros soutien à la FCPE et aux musulman.e.s. On est beaucoup à vous soutenir», a réagi l'ancien syndicaliste étudiant et militant de La France insoumise Louis Boyard. Idem pour la députée insoumise Clémentine Autain qui a défendu la FCPE en tant que «féministe» et au nom de la lutte contre la «stigmatisation».
Je suis pour que les femmes voilées puissent accompagner les sorties scolaires. Je suis féministe, je ne crois pas qu'on impose une liberté. Appliquons les principes de la #laïcité de 1905. Et stratégiquement, réfléchissons à l'effet inverse produit par la stigmatisation #LCI
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) September 24, 2019
«Venez on fait monter #BouvetDemission en [top tendance]», a de son côté tenté de lancer l'élu local de Saint-Denis, Madjid Messaoudene, contre l'universitaire et membre du Conseil des sages de la laïcité de l'Education nationale Laurent Bouvet.
Venez on fait monter #BouvetDemission en TT pic.twitter.com/cNHs2qjqe5
— Madjid Messaoudene (@MadjidFalastine) September 23, 2019
Le professeur, par ailleurs co-fondateur du Printemps républicain avait en effet raillé l'affiche en publiant une série de photomontages parodiques de l'affiche polémique.
«Venez comme vous êtes», a-t-il ironisé, partageant l'affiche avec des photos de Sean Connery en slip rouge, de Michael Jackson (qui fut accusé de pédophilie) mais surtout de deux djihadistes.
Venez comme vous êtes. #LaïcitéMcDopic.twitter.com/y1KICp2bsS
— Laurent Bouvet (@laurentbouvet) September 21, 2019
La série d'images, largement relayée sur les réseaux sociaux, a provoqué nombre de réaction indignées de l'association entre port du voile et terrorisme.
Depuis des années on vous répète que ces militants ne sont pas des laïques, mais des islamophobes décomplexés.
— Feïza Ben Mohamed (@FeizaBM) September 23, 2019
Ces gens n’aiment pas la laïcité, ils la poignardent. Je rappelle que @laurentbouvet est membre du conseil des sages de la laïcité de @EducationFrance#BouvetDemission
«Depuis des années on vous répète que ces militants ne sont pas des laïques, mais des islamophobes décomplexés», a par exemple fait savoir la «militante de défense des droits des musulmans» Feïza Ben Mohamed, qui déjà dans le passé, (à l'instar de Madjid Messaoudene), avait appelé à la démission de Laurent Bouvet.
L'intéressé, qui dit ne pas être l'auteur du détournement, a cependant reçu nombre de soutiens, dont celui de la journaliste et militante, Zineb El Rhazoui, évoquant une «cinglante caricature des bigots qui réclament le "respect" de leurs croyances d’un autre âge».
Ce que @laurentbouvet a posté, je l’ai posté aussi. Ce n’est rien d’autre qu’une cinglante caricature des bigots qui réclament le « respect » de leurs croyances d’un autre âge. Décidément, islam et humour font 2#BouvetDemission : non, ce sont vous les missionnaires de l’islam. pic.twitter.com/aSRQq73Uhn
— Zineb El Rhazoui (@ZinebElRhazoui) September 23, 2019
Quoi qu'il en soit, la FCPE a annoncé porter plainte contre le professeur pour «incitation à la haine» contre les parents musulmans.