Un commissariat normand attaqué aux cris d’«Allah Akbar» et «encul** de Français»
Le poste de police de Val-de-Reuil-Louvier dans l'Eure, a été pris d'assaut par des individus jetant des pierres et des pétards. Selon Le Figaro, certains auraient crié «Allah Akbar». La mairie met en garde contre des «exagérations» et des «rumeurs».
Une scène d’une «violence inouïe». C’est ainsi que le syndicat de police Alliance décrit, dans un communiqué cité par l'AFP, l’attaque, menée dans la nuit du 27 au 28 juin, contre le commissariat de Val-de-Reuil-Louvier (Eure), à mi-chemin entre Evreux et Rouen. Vers 2h du matin, «une trentaine d’individus», selon l'organisation, «cagoulés et masqués», ont mené un assaut contre le bâtiment, en réalisant des «tirs de mortiers et de[s] caillassages».
Dans son communiqué, Alliance s’inquiète de voir «des policiers à bout, au bord de la rupture» et évoque la «souffrance» de ce commissariat de l’Eure qu'il estime en manque de moyens et d’effectifs.
«Sortez on va vous cramer»
Le Figaro a eu accès à des images de vidéosurveillance, sur lesquelles peuvent être vus deux agents de garde tentant de contenir les tirs des agresseurs à l’aide de boucliers. Selon le quotidien, ces policiers, en «chemisette», ne semblaient «pas du tout préparés à un tel assaut». Des pavés ont été jetés en direction des gardiens de la paix ainsi que des fumigènes et autres «éléments pyrotechniques», selon Le Figaro. Les fonctionnaires ont répliqué au moyen de gaz lacrymogènes.
Le quotidien précise que les individus semblaient «déterminés à pénétrer dans le commissariat». Leur attaque, dirigée à la fois contre l’édifice mais aussi contre les fonctionnaires de police, aura duré 30 minutes environ, avant que des policiers de la BAC (brigade anticriminalité) et de la DDSP (Direction départementale de la sécurité publique) n'arrivent en renfort sur les lieux. Le calme est revenu vers 2h30 sans qu’aucun agent n’ait été blessé, selon le quotidien.
Bilan : quelques vitres cassées, selon la préfecture de l'Eure, tandis que le syndicat Alliance parle également de véhicules dégradés.
Une enquête a été ouverte pour «dégradations volontaires de biens d’utilité publique en réunion» ainsi que pour «violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique avec armes par destination». Les premiers éléments cités par Le Figaro indiquent que les auteurs des faits seraient des jeunes âgés de 15 à 20 ans. Durant l’attaque, certains d’entre eux auraient crié «Allah Akbar». «Bande d’enculés de Français», «Venez, sortez on va vous cramer», auraient également lancé les suspects à l'adresse des forces de l'ordre. Des restes de 115 projectiles ont été retrouvés sur place.
La mairie tempère, évoquant des «exagérations» et des «rumeurs»
La mairie de Val-de-Reuil (Eure) a évoqué le 29 juin «un incident limité et, hélas, devenu banal quand la chaleur de l’été amène les jeunes à rester dans la rue» et qui «donne lieu depuis 48 heures aux exagérations et aux interprétations les plus fantaisistes».
«Si une situation semble explosive, c’est bien la situation sociale [du commissariat]», estime la mairie citée par l'AFP, qui parle d'un incident «amplifié et utilisé pour témoigner de la grande misère de la police d’une des quatre grandes villes de l’Eure». «L’information est devenue en 24 heures désinformation», affirme dans un communiqué la ville dirigée par Marc-Antoine Jamet (Parti socialiste).
Selon la mairie, sept jeunes, après avoir vu un match de foot dans un café de la ville «décident de jeter, à une distance d’une vingtaine de mètres, des pétards et des mortiers d’artifice» vers le commissariat. Les cinq policiers présents à l'intérieur se déploient pour protéger le bâtiment puis «le groupe se disperse et revient vers 2h30 du matin plus nombreux [environ une quinzaine] âgés de 12 à 18 ans, encapuchonnés plus que cagoulés [...] pour reprendre jets de pierre et pétards», selon la ville. Selon la même source, deux agents de la brigade anticriminalité (Bac) viennent alors en renfort et dispersent les jeunes sans faire usage de leurs lanceurs de balle de défense.
Le lendemain, lors d'une visite du maire et du sous-préfet sur place, la numéro 2 du commissariat, citée par l'AFP, «croit "avoir entendu quelqu’un lui dire que quelqu’un a entendu quelqu’un dire les mots Allah Akhbar", mais, sous les regards sceptiques de ses subordonnés, n’insiste pas», est-il expliqué.