Délinquance à Paris : l'adjointe sécurité d'Hidalgo écrit une lettre à Castaner
Colombe Brossel, adjointe à la mairie de Paris, a écrit une lettre à Christophe Castaner dans laquelle elle s'alarme des récits que lui ont fait les habitants de sa ville au sujet du trafic de stupéfiants, des incivilités et de la prostitution.
Nouvel épisode dans le feuilleton opposant la mairie de Paris au gouvernement : Colombe Brossel, adjointe du maire de Paris, Anne Hidalgo et chargée de la sécurité, a écrit le 19 juin une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.
Lettre à @CCastaner, Ministre de l'Intérieur. pic.twitter.com/CWRS9wpHAz
— Colombe Brossel (@cbrossel) 19 juin 2019
Dans sa lettre, l'adjointe au maire décrit quelques propos qui lui ont été livrés par des habitants de Paris inquiets de la dégradation de la situation sécuritaire dans la capitale :
«Hier soir, une dame de plus de 80 ans droit dans les yeux :"J'habite le XVIIIe depuis que j'ai 25 ans et pour la première fois j'ai peur. J'y ai élevé mes trois filles et ce soir, j'ai peur. Il y a des gars qui viennent planquer des pilules sous nos paillassons, de la drogue quoi, et d'autres qui viennent la récupérer."
Hier soir, une jeune femme avec un tout petit bébé m'a dit droit dans les yeux : "Quand je sors du métro et que je rentre chez moi, il y a 200 mètres à faire et je suis harcelée. Je ne vois pas voir grandir mon enfant dans cet environnement."
Hier soir, une habitante m'a dit droit dans les yeux : "Pourquoi ma fille adolescente est obligée de mettre un gilet même en été pour ne pas se faire insulter par les vendeurs de drogue en bas de chez moi ?"
Hier soir, une habitante m'a dit droit dans les yeux : "Mes voisins et moi sommes à bout. En bas de chez nous, il y a des jeux d'argent, prostitution, rodéos, deal, ça va mal finir."
Tous nous l'ont dit : quand on appelle le commissariat, personne ne vient. "Avant quand il y avait une présence policière, des policiers dans la rue, c'était plus apaisé."
Monsieur le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, je vous le dis solennellement, les habitants de Paris n'ont pas moins de droits que les habitants du reste du pays à être protégés des réseaux de prostitution, de stupéfiants, de traite des êtres humains...»
Et de conclure : «Je citerai encore un exemple : le quartier de la Chapelle. Suite à nos alertes et demandes, votre prédécesseur a inscrit ce quartier dans le dispositif «Police de Sécurité du Quotidien» fin 2017 en promettant une vingtaine d'effectifs supplémentaires. Un an et demi après, que s'est-il passé ? Cette PSQ est devenue QRR «Quartier de Reconquête Républicaine». Pour le reste, les renforts ont été décalés à janvier 2019, puis à septembre 2019...»
Selon un article publié dans le journal Le Monde le 20 juin, la délinquance et les violences sont en forte hausse à Paris. L'épisode récent d'une rixe générale le 16 juin au niveau de la porte de Saint-Ouen au bord du périphérique entre deux bandes rivales a mis le feu aux poudres, mais le problème de la délinquance ordinaire semble effectivement bien installé : selon les statistiques dévoilées par la ville de Paris, les vols à la tire ont bondi de 37% en un an, les vols de deux roues ont grimpé de 34% et les vols avec violence de 7%, tandis que les cambriolages ont augmenté de 11%.
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