Référendum sur la privatisation d'ADP : interrogations sur un site web défaillant
La plateforme ouverte par le gouvernement pour recueillir les signatures contre la privatisation d'ADP a connu une série de bugs, corrigés rapidement selon l'Intérieur. Les premiers signataires s'offusquent de la difficulté à valider une signature.
Premiers couacs pour la plateforme officielle du Référendum d'initiative partagée (RIP) contre la privatisation des Aéroports de Paris (ADP). Le site internet du gouvernement, recueillant les signatures des citoyens soutenant le caractère public d'ADP, a été ouvert dans la nuit du 12 au 13 juin. Dès son ouverture, le site a ainsi connu plusieurs bugs, révélés par les internautes : problèmes de serveurs, signature non validée, «erreur 404», etc. Le député socialiste Boris Vallaud, opposé à la privatisation a raillé le gouvernement en reprenant le vocable macronien : «On ne peut pas dire que la start up nation aide beaucoup à la réussite de cette initiative démocratique», a-t-il déclaré sur Twitter.
On ne peut pas dire que la #StartUpNation aide beaucoup à la réussite de cette initiative démocratique... #ReferendumADPhttps://t.co/ZVJjdA5yyP
— Boris VALLAUD (@BorisVallaud) 13 juin 2019
L'eurodéputé de la France insoumise (LFI) Manuel Bompard a vu dans les difficultés d'apposer sa signature, une volonté gouvernementale pour faire échouer le RIP : «Honte au ministre de l'intérieur Christophe Castaner qui n'est pas capable de proposer un outil fonctionnel pour le référendum d'initiative partagé. Ou est-ce une volonté délibérée de rendre plus complexe la collecte des signatures ?»
Honte au ministre de l'intérieur @CCastaner qui n'est pas capable de proposer un outil fonctionnel pour le référendum d'initiative partagé. Ou est-ce une volonté délibérée de rendre plus complexe la collecte des signatures ? #ADP#ReferendumADP
— Manuel Bompard (@mbompard) 13 juin 2019
Même son de cloche pour le Secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel qui a cru déceler des mauvaises intentions chez Christophe Castaner. La plateforme gouvernemental n'aurait pu vérifier l'identité du député communiste et ajouter de fait sa signature au RIP.
Vous vous moquez vraiment de nous @CCastaner ! Il faut déjà au moins 5 minutes pour trouver la pétition et la signer .... pour ensuite avoir ça comme réponse !! #ReferendumADPpic.twitter.com/dQ9FjwCuV4
— Fabien Roussel (@Fabien_Rssl) 13 juin 2019
Les erreurs sont-elles dues à un site trop rapidement saturé ? Le député gaulliste Les Républicains Julien Aubert a interpellé le ministre de l'Intérieur : «Auriez vous sous-estimé le nombre de Français favorable à une telle pétition ? Il faut corriger ceci rapidement pour ne pas enlever au peuple ce que le droit lui a donné !»
De nombreux internautes me signalent @CCastaner que le site bugge ou inaccessible : auriez vous sous-estimé le nombre de Français favorable à une telle pétition ? Il faut corriger ceci rapidement pour ne pas enlever au peuple ce que le droit lui a donné ! @OserLaFrance#ADPhttps://t.co/9YNjGHsc76
— Julien Aubert (@JulienAubert84) 13 juin 2019
Le conseiller socialiste d'Ile-de-France Maxime Des Gayets a fait la liste de quelques soucis qu'il a lui-même rencontrés : «Bugs en série, captcha aussi long qu’un clavier, mauvais codes postaux.... Bien des obstacles pour arriver à signer référendum ADP sur le site du ministère de l’intérieur. Des explications (et des corrections) méritent d’être demandées.»
Bugs en série, captcha aussi long qu’un clavier, mauvais codes postaux....
— maxime des gayets (@mdesgayets) 13 juin 2019
Bien des obstacles pour arriver à signer #referendumADP sur le site du ministère de l’intérieur. Des explications ( et des corrections )méritent d’être demandées à @place_bauveau ! @EnsembleIDF#ADPpic.twitter.com/8ODi9MMwWc
Le co-fondateur de Mediapart Laurent Mauduit a déploré qu'il lui ait fallu 30 minutes pour voir sa démarche fonctionner : «J'ai bien sûr voté au référendum ADP, mais quelle galère ce site internet : entre panne et bug, il m'a fallu 30 bonnes minutes pour y parvenir. »
J'ai bien sûr voté au #RéférendumADP, mais quelle galère ce site Internet: entre panne et bug, il m'a fallu 30 bonnes minutes pour y parvenir. pic.twitter.com/LMVeTqwcFP
— Laurent Mauduit (@LaurentMauduit) 13 juin 2019
D'aucuns ont déploré de ne pas être référencés sur les listes électorales, selon le site, les empêchant ainsi de signer la pétition. Or, ils affirment pourtant avoir voté pour les élections européennes en 2019...
Le ministère de l'Intérieur, qui est en charge la mise en œuvre de la procédure, a reconnu, par la voix de son secrétaire général adjoint Alain Espinasse, un «problème de paramétrage» sur un des serveurs hébergeant le site , mais qui aurait «été résolu à 9 heures» le 13 janvier.
Sauf que, dans l'après-midi, le député LFI François Ruffin a relayé des bugs persistants : «Depuis ce matin on a reçu 253 messages: "Error 404", "Page Not Found", "Code Insee et non postal", "communes absentes", "Forbidden", "You don't have permission to access", "impossibilité de valider". Sur le site du gouvernement, tout foire...»
Depuis ce matin on a reçu 253 messages: "Error 404", "Page Not Found", "Code Insee et non postal", "communes absentes", "Forbidden", "You don't have permission to access", "impossibilité de valider". Sur le site du gouvernement, tout foire... #ReferendumADPpic.twitter.com/lajEay4nB1
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) 13 juin 2019
La période du recueil des 4,7 millions de signatures nécessaires à l'organisation d'un référendum d'initiative partagée sur l'avenir d'Aéroports de Paris s'est ouverte à minuit le 13 juin, pour une durée de 9 mois. A l'issue du délai, le Conseil constitutionnel vérifiera si la proposition de loi a obtenu le nombre de soutiens nécessaires.